« Regardez par la fenêtre des autres. Essayez de voir le monde comme votre patient le voit » déclare le très inspirant Irvin Yalow. Thérapeute intégrative, je revendique aussi une posture existentielle.
En séance, j’ insiste toujours sur le fait que je ne « sais » pas à la place de mon « patient ». Je ne suis là que pour l’accompagner, lui suggérer des pistes, proposer les outils qui me semblent les plus justes. Je ne me considère pas « toute puissante », j’ai aussi mes failles et je lui signale. Et si cela peut l’aider, j’évoque mon vécu « Je suis aussi passée par là, je sais comme c’est douloureux mais on s’en sort ! » De même, j’utilise le contre-transfert (j’ai été formée à la psychanalyse ferenczienne…) je lui livre mes sensations « Lorsque vous me dites cela, je me sens triste ». Je m’implique en toute transparence, en toute égalité.
Se dévoiler
Je l’encourage à se dévoiler. Le dévoilement du thérapeute permet d’ailleurs le dévoilement du patient. Il va trouver sa « vivance », son positif, son talent, ses valeurs, ce qui fait sens pour lui. Je suis heureuse de contribuer à cela. L’ouvrir à son potentiel. Réaliser et se réaliser. Ensemble. Notre relation est une co-création, une aventure à deux. Un enrichissement mutuel.
Pénétrer l’univers de l’autre
Le « patient » évolue quand le thérapeute, en totale empathie, pénètre son univers. Il se sent totalement compris. « Quand je réfléchis à votre relation avec votre mari, voici ce que je comprends (…) ai-je raison? » Evidemment, il est difficile de savoir précisément ce que ressentent les « patients ». Le danger serait de projeter sur eux nos propres émotions. Se demander toujours : Qu’ est – ce qui appartient au « patient » et qu’est-ce qui m’appartient à moi ?Jamais je n’interprète, lui sert des « solutions » stéréotypées et scolaires. C’est lui qui va rechercher en lui-même ses réponses. Le « patient » sent.
C’est une personne responsable
Il est libre d’agir, de se transformer même si son inconscient a beaucoup d’imagination, que son passé lui joue de sales tours, que ses gènes le gênent. Je considère mon « patient » comme une personne responsable. Malgré tout. Etre responsable, c’est s’engager, être acteur de sa thérapie.
Il ne s’agit pas, bien sûr, de nier la souffrance de l’autre. Je m’intéresse à l’origine du « nœud » (les étapes de vie, les traumatismes, les blessures) mais pour mieux les dépasser. A un moment, mon « patient » été obligé de mettre en place des mécanismes de défense mais sont- ils encore nécessaires ? Est-il utile de s’identifier aujourd’hui à sa souffrance ?
Je l’invite à explorer
Même si je pressens le « bon » itinéraire, jamais je ne l’entraîne sur un chemin qu’il n’a pas encore envie d’emprunter. Chaque chose en son temps. Mon « patient » donne le rythme. Je le respecte. A moi de savoir bien déplacer le curseur. Une de mes premières « patientes » m’avait consultée pour une souffrance au travail. Très vite, beaucoup trop vite, je l’ai entraînée sur le terrain « perso ». Elle a pris peur et a mis un terme à sa thérapie.
J’invite le « patient » à explorer, expérimenter, à travers des dispositifs corporels, créatifs et verbaux. Il procrastine, ressasse, soliloque ? Je lui suggère d’écrire, de dessiner, de chanter, méditer, respirer. S’incarner. « Cela vous fait quoi d’évoquer cette scène ? », « Votre réaction nourrit quel besoin ? » Emotions, sensations, comportements sont convoqués.
A noter : je propose des approches que j’ai éprouvées moi-même soit en formation, soit en thérapie, soit en supervision.
La thérapie est un microcosme social
Mon cabinet est un (petit…) laboratoire. Les liens interpersonnels du « patient » avec son entourage se manifestent inévitablement dans l’ici et maintenant de la relation thérapeutique. J’ouvre grand mes yeux et mes oreilles ! Les éléments de la séance, mêmes nsignifiants, ses actes manqués, sont des indices du comportement du « patient » à l’extérieur. Posture, regards, façon d’entrer et de sortir, de payer, d’arriver en avance ou en retard, d’oublier la séance font sens.
J’ai confiance en lui et je lui dis
Je considère toujours toutes ses dimensions : intellectuelles, physiques, spirituelles, sexuelles et les différentes facettes de sa personnalité, toutes les instances de son « moi ».
J’ai confiance en lui et je lui dis. L’approbation sincère de quelqu’un qui le connait dans son intimité est d’un très grand réconfort.Moi-même avec mon superviseur… J’assure le service après-vente : mes « patients » savent qu’ils peuvent me joindre entre deux séances. Car je m’implique totalement ave chacun comme si je n’en avais qu’un. Chacun est unique et notre relation aussi. L’existentialisme est un humanisme, dixit Sartre.