Trop heureux ou trop peureux ?
Vous reprochez à l’autre d’être la cause de votre souffrance et vous vous vivez comme une victime ? Vous n’arrivez pas à sortir d’un schéma de ressentiments et d’accusations réciproques ? Vous avez moins de désir pour votre conjoint ? Vous le soupçonnez de ne plus vous aimer ? Vous voulez vous séparer « intelligemment » ?
Les couples qui ont le courage de prendre rendez-vous pour une thérapie de couple souhaitent sauver ou reconstruire ensemble leur union, lui donner un sens. C’est déjà un gigantesque pas. Car dans un couple, c’est légitime, on passe par des hauts et des bas.
Evidemment, s’il s’agit d’un problème purement sexuel, j’oriente vers un sexologue. Mais vous verrez : déjà, quand le couple va mieux, quand vous regarderez différemment votre partenaire, vous retrouverez une libido plus épanouie.
S’enlacer sans s’en lasser
Je donne à chacun les moyens à d’exprimer ses insatisfactions par rapport à la relation et non par rapport à l’autre. Evidemment, je ne prends pas partie, je ne juge pas. Je ne suis que la médiatrice qui s’attache à faire re-circuler la parole, à pousser l’homme et la femme à installer un nouvel équilibre.
Dès la première séance, nous passons un « contrat verbal », définissons ensemble l’objectif – précis, réaliste et positif – et les moyens d’y parvenir. « Que voulez-vous vraiment changer dans votre couple ? ». Très souvent, les patients s’aperçoivent qu’ils ont « seulement » un problème de communication.
Parfois, je propose à chacun d’écrire, de son côté, ses frustrations, les points positifs de leur couple et les points négatifs, les doutes et les différences et, enfin leur définition de la relation idéale. Ensuite, nous confrontons les réponses et travaillons ensemble pour imaginer l’idéal relationnel.
J’utilise aussi le psychodrame. Le couple rejoue des scènes par exemple, une dispute. Chacun assume son rôle puis le rôle de l’autre. Ah, se mettre à la place de l’autre ! Il nous arrive de « décortiquer » les scènes : les dialogues (choix du vocabulaire, voix, intonation, volume, débit) mais aussi le non verbal (gestes, attitude…) et même (oui !) de les filmer.
En partant de l’histoire de vie, nous pouvons aussi transformer la situation. Telle femme conscientise qu’elle a choisi un conjoint qui ressemble à son père et que la crise que traverse sa relation s’appuie sur une répétition de ses conflits d’enfance. On projette sur l’autre nos propres failles. Certains comportements ne nous appartiennent pas. Chaque membre du couple est porteur de loyautés familiales, d’une culture, de rites, de névroses transgénérationnelles.
Le couple apprend aussi à formuler ses besoins grâce à l’Analyse Transactionnelle (AT). Se parler, s’écouter, c’est fondamental, non ?
Un exemple de séance en thérapie de couple ?
Caroline trouve que Jérôme ne s’intéresse pas assez à elle. « Quand tu rentres, tu ne me parles pas ». Devant moi, Jérôme lui explique « je suis crevé par ma journée, j’ai simplement besoin d’un moment de décompression, me retrouver avec moi-même avant d’être dans la relation. Cela n’a rien à voir avec toi. ». Jérôme ne l’avait jamais dit. Et Caroline de lui répondre « Moi, au contraire, j’ai besoin de ton attention. J’ai bossé seule toute la journée, j’attends ton retour avec impatience ». Jérôme et Caroline n’ont pas les mêmes besoins et interprètent chacun à leur manière les réactions de l’autre. « J’avais l’impression que tu faisais la gueule » répond l’un. « Je ne faisais pas la gueule mais j’étais déçue par ton comportement » répond l’autre.
Ils vont utiliser les trois facettes : l’Enfant, le Parent et l’Adulte à bon escient afin de restaurer leur autonomie et améliorer la communication avec l’autre.
Petit à petit, l’homme et la femme, souvent en même temps, apprennent à penser et agir en fonction de leurs ressentis et non en fonction de la volonté de l’autre. Ils reprennent confiance et osent exprimer leurs émotions. Les jeux de pouvoir s’estompent.