C’est parce que mes patients avaient pratiquement tous un profil d’hypersensible /atypique, parfois surdoué/zèbre, que j’ai décidé de me former dans ce domaine*.
Il ne s’agit pas, bien sûr, de figer les personnes dans des cases (et en l’occurrence, ces patients détestent les cases). Chacun est unique et l’histoire de vie, l’environnement, le milieu socio-culturel, l’éducation sont évidemment toujours à prendre en considération.
Mais il est essentiel de valider l’énorme potentiel des hypersensibles/atypiques, de les motiver à reconnaître, accepter et transformer leurs belles différences, à se protéger de leur tendance à l’auto-sabotage. Qu’ils soient zèbres (« surdoués atypiques » en quelques sortes…) ou pas, les protocoles pour les accompagner sont les mêmes.
Vous êtes peut-être une personne hypersensible, atypique, peut-être surdouée, zèbre si vous vous reconnaissez dans la plupart de ces caractéristiques (et de ces paradoxes) :
- Vous êtes tout le temps en train de réfléchir, de trop penser.
- Vos idées fusent.
- Créatif, curieux, vous êtes avide de découvertes, d’innovations.
- Vous avez un sens aigu de l’observation
- Très sensible, émotif, vous réagissez pour un rien.
- Ou, au contraire, vous avez l’impression de « taire » vos émotions, d’être coupé de vos sensations corporelles, clivé, de porter un masque pour mieux vous intégrer à votre environnement.
- Vous abordez le monde de façon originale, non conformiste ou maladroite et ne savez pas toujours aller à l’essentiel.
- Vous vous dénigrez et un sentiment d’imposture vous traverse l’esprit.
- Vous ressentez les émotions des autres, vous êtes hyper-empathique et intuitif.
- Vous ne supportez pas la hiérarchie, l’autorité.
- Vous êtes altruiste.
- Vous avez soif de justice.
- Vous recherchez les relations authentiques, le lien à l’autre est vital même si vous êtes exigeants.
- Votre force de travail est illimité, vous êtes perfectionniste quand le sujet vous intéresse, sinon, au contraire, vous décrochez vite.
- Vous utilisez l’humour cinglant.
- Trouver du sens à vos missions, votre vie, est nécessaire.
- Facilement anxieux, triste, vous avez aussi la capacité de vous émerveiller facilement.
- Une impression de vide, d’enfermement vous traverse parfois.
- Une grande lucidité vous rend modeste.
- Vos sens sont exacerbés.
- Vous êtes facilement stimulé et stressé.
- Vous êtes parfois dépendant du regard de l’autre.
Sauter du corps à l’âme
Pour certains spécialistes, l’hypersensibilité serait socio-culturelle, dépendrait de l’histoire de vie du patient, pour d’autres, neurologique et héréditaire. Les thèses évoluent en fonction des découvertes en neuro – sciences.
- Tout le monde naîtrait avec un potentiel élevé ? Puis, au fur et à mesure du développement, un processus « d’élagage » freinerait le foisonnement neuronal, sauf pour 10 à 15% des personnes. La plupart d’entre nous n’exprimerions qu’une infime partie de nos capacités.
- L’hypersensible/atypique et le surdoué/zèbre auraient des perceptions intenses, des réactions extrêmes, une pensée systémique, en arborescence : chaque idée donnant naissance à une multitude d’autres, il fonctionnerait par associations d’idées, ce qui le rend très imaginatif, innovant et …difficile à suivre.
- Les connexions neuronales seraient plus élevées et plus rapides que chez les « normaux pensants ». L’hypersensible analyserait et synthétiserait un grand nombre de données en même temps.
- Il aurait également un déficit de l’inhibition : Il intégrerait les infos sans toutes les trier. Ainsi, il est difficile pour lui de faire des choix ou de hiérarchiser des idées et de se concentrer.
- Les neurones miroirs : situées dans le cortex frontal inférieur du cerveau et très proches de la zone du langage, elles sont plus spécifiquement liées à l’empathie et à notre capacité à recevoir, traiter, et interpréter les émotions de nos semblables. Chez l’hypersensible, l’activité serait continue et très présente depuis l’enfance.
- L’insula : avez-vous entendu parler de cette petite structure cérébrale, située dans le cortex insulaire, liée au système limbique ? Siège de la conscience, elle concentre la majeure partie de nos pensées, intuitions, sentiments et autres perceptions. Elle serait plus active chez l’hypersensible.
- Le cerveau droit : Christel Petitcollin évoque un « câblage neurologique différent ». Alors que les « normaux pensants » traiteraient l’information avec leur cerveau gauche, de manière méthodique, logique et analytique, l’hypersensible, en tous cas le Haut Potentiel, utiliserait plutôt son cerveau droit. Il privilégierait l’information sensorielle, l’intuition et même l’instinct.
Comment vous guider dans la savane ?
En libérant la parole, le corps, la créativité, je vous encourage à :
- Assumer vos belles différences et les transformer en atouts.
- Retrouver l’estime de vous-même.
- Relever des défis pour sortir de votre zone de confort.
- Retrouver votre être véritable et vous débarrasser du faux-self.
- Renouer avec vos sensations.
- Apaiser votre mental, lâcher prise.
- Canaliser votre hyper énergie émotionnelle, sensorielle, intellectuelle, physique et en faire une formidable alliée.
- Vous reconnecter à vos valeurs, vos immenses talents, identifier ce que vous aimez vraiment afin de le mettre au cœur de votre vie.
- Cultiver l’empathie, l’intuition.
- Comprendre et interpréter les besoins qui se cachent derrière vos émotions.
- Revisiter votre histoire de vie sous l’angle de ce nouvel éclairage.
- Travailler sur la culpabilité et la honte d’être compliqué, « trop » et « hyper »…
J’utilise des outils issus :
- de l’art-thérapie,
- la méditation pleine conscience,
- la gestalt thérapie,
- le psychodrame,
- les techniques théâtrales,
- la psychologie positive.
Je co-anime des week-end sur le thème de l’hypersensibilité.
Confier ses « différences », ses difficultés et ses réussites, au sein d’un groupe bienveillant, et trouver ses pairs est très salvateur.
Les prochains week-end : L’atelier Pas comme les autres : hyper-sensibles, déployez vos ailes
* J’ai été formée à l’accompagnement des hyper-sensibles/Hauts Potentiels par les créatrices de « Ressourcement zèbres ». J’aide mes patients hypersensibles/atypiques à comprendre leur souffrance et à se révéler.
Des questions zébrées
La douance ne serait-elle pas un mythe, une mode ?
Elle a toujours existé mais aujourd’hui, les personnes à haut potentiel (HP) sont mieux repérées et plus tôt. Le sujet est médiatisé, récupéré peut-être, et du coup, cela fait boule de neige. Beaucoup de livres sortent actuellement. D’un côté, certains spécialistes postulent que le monde évolue vers une plus grande sensibilité, plus de conscience… Nous serions de plus en plus humains ? D’un autre côté, la violence de la société nous fragiliserait et nous rendrait plus à fleur de peau. Il y a un lien à établir, d’ailleurs, entre douance et résilience. L’effet pervers serait de voir dans chaque personne atypique et/ou en souffrance des surdoués. L’amalgame est facile !
Quelles différences entre Haut Potentiel, surdoué, précoce, sur-efficient, zèbre ?
Les définitions changent selon les auteurs mais les nuances sont infimes. Pour faire court : le sur-efficient (terme de Christel Petitcolin) serait un Haut-Potentiel (HP) ou surdoué (en souffrance ou pas). Le zèbre (terme de Jeanne Siaud-Fachin), en quelques sortes, un surdoué atypique (avec une connotation de souffrance). Raymonde Hazan, elle, distingue le Haut Potentiel Intellectuel (HPI) du Haut Potentiel Emotionnel (HPE).
Faut-il se faire tester ?
La démarche est très personnelle. Certains patients se « contentent » de reconnaître leur côté hyper et/ou atypique et de suivre une psychothérapie. Cela suffit à les légitimer. D’autres, au contraire, ont besoin de savoir. Je les oriente dans ce cas vers un psychologue habilité. Parfois, leur première impression est d’être passé à côté de quelque chose, d’où, un sentiment de culpabilité et des frustrations, de la peine ou de la colère. Attention ! Tester simplement le QI est réducteur. La douance ne concerne pas que l’intelligence cognitive, il est nécessaire, à mon avis, de prendre aussi en compte les intelligences relationnelles et émotionnelles. D’où l’importance d’être bien orienté vers le bon praticien.
J’ai l’impression de générer des conflits
Monique de Kermadec, évoquant les surdoués (mais cela peut s’appliquer aux hyper-sensibles), évoque 5 traits de caractère, source de discorde avec l’entourage : divergence des points de vue, excitabilité, sensibilité, clairvoyance et perfectionnisme. Le surdoué peut être considéré comme difficile à vivre, têtu, perturbateur, névrosé, immature. Il semble insatisfait d’une vie pourtant convenable. Il peut être craint pour son entièreté, son esprit de contradiction.
Que faire de mon hyper-empathie ?
Etre conscient de votre fonctionnement est un premier pas. Ensuite, il faut apprendre à mettre la bonne distance entre vous et les autres, discriminer les émotions qui vous appartiennent de celles qui appartiennent à votre entourage, votre famille, vos ancêtres. Ne plus être le sauveur, le thérapeute de vos parents, leur « nourrisson savant » comme disait Ferenczi, par loyauté familiale, pour réparer leurs manques ! Alors, vous pourrez utiliser votre empathie à bon escient.
J’ai peur d’être borderline, bipolaire et même schizophrène !
Chez le Haut-Potentiel, tout est hyper : hyper empathie, hyper sensibilité, hyper-émotivité, hyper-réactivité… Vous avez des (très) hauts et des (très bas), vous pouvez changer d’humeur en deux minutes. C’est le fameux « ascenseur émotionnel ». Mais pas d’amalgame. Si vous êtes reconnu HP, vous n’avez pas de pathologie mais un fonctionnement atypique. Avoir une personnalité véritable et enfouie et une personnalité sociale est pour le HP un mécanisme de défense. C’est sans doute cela qui vous fait penser à la schizophrénie.
Quelle est la différence entre l’introverti et l’hyper-sensible ?
Les hypersensibles ne sont pas obligatoirement introvertis. La plupart des introvertis sont hypersensibles, mais ce n’est pas une règle absolue. Saverio Tomasella explique qu’il « existe des personnes très introverties qui sont coupées de leur sensibilité. Quoiqu’il en soit, du fait des moments fréquents de saturation suite à une période de « sur-stimulation » (puisque la personne très sensible n’a pas de protection), le repos est nécessaire pour se retrouver et se rééquilibrer ».
Je suis dans la sur-adaptation permanente
Pour mettre fin à vos souffrances, au rejet, à la solitude, pour correspondre aux attentes de votre famille et calmer vos angoisses, vous avez mis en place certainement ce mécanisme de défense. Assumer ses différences, c’est ne plus faire semblant, arrêter de se sur-adapter sans cesse. Vous étiez dans la « Persona » comme dit Jung. Maintenant, vous allez enlever votre masque et réaliser que vous pouvez être aimé justement pour vos belles différences, sans être dans le faux-self.
Et si je suis coupé de mes émotions, suis-je autiste ?
Vous vous êtes sans doute coupé de vos émotions pour ne plus souffrir. Cette cuirasse vous a servi à un certain moment à vous protéger. Elle n’est sans doute plus utile aujourd’hui ! Pour sortir de ce fonctionnement autistique (qui n’est pas de l’autisme !) vous pouvez apprendre à renouer avec vos ressentis, écouter votre empathie, vous recentrer. A noter : s’il existe des caractéristiques communes entre l’autisme de haut niveau (type asperger) et la douance, l’autiste n’est pas forcément HP.