Reconnaître son hypersensibilité, l’accepter et s’autoriser ensuite à l’exprimer est essentiel. En s’appuyant sur leurs ressources, en se connectant aux souffrances passées pour mieux s’en libérer, les personnes hypersensibles (et autres zèbres, atypiques ) apprennent à se valoriser, se re-narcissiser et à renouer avec la confiance en eux. Et cela passe beaucoup par la créativité et le ressenti corporel, sous le regard véritablement bienveillant et aimant du thérapeute.
Prendre de la distance
Les hypersensibles, soit, refoulent leurs émotions, soit, au contraire, les expriment à fond. Souvent, mes patients me confient à quel point ils sont touchés par les autres : « quand je croise un SDF dans la rue, j’ai les larmes aux yeux et je suis prête à donner ma chemise ». Ainsi, sans vraiment de filtres, leur empathie rend inacceptable l’idée d’injustice.
Accepter son hypersensibilité
La société nous demande de « contrôler » notre hypersensibilité parce qu’elle renverrait sans doute à un état sauvage, à notre surmoi, notre part d’ombre au sens de Jung, un peu comme les hystériques au XIXème siècle. Bref, ce serait une faiblesse, à la rigueur réservée aux femmes et aux artistes. Le premier pas, à mon sens, est de l’accepter.
Dans son magnifique ouvrage « L’éloge de l’hypersensibilité », Evelyne Grossman cite Gilles Deleuze pour qui la tristesse n’est pas un sentiment mais une force qui nous tire vers les précipices. Et inversement, la joie augmente la puissance d’agir, la force d’exister. Nous ne sommes pas loin de Spinoza. L’hypersensibilité serait cette passerelle entre pouvoir et sentir, entre puissance et affect. Elle est alors la faculté de capter des forces, de s’en nourrir et d’accroître notre puissance d’agir.
Leur comportement inadapté
A fleur de peau, les hypersensibles ont un immense besoin de relations et le regard des autres a beaucoup d’importance. Leur comportement peut sembler inadapté ou insolite par leur entourage. Ils craignent aussi souvent de gêner, de faire du mal et redoutent les conflits. Mais attention, ce ne sont pas non plus des agneaux ! Ils sont capables également de rendre la vie dure à leur entourage. Comme ils doutent, ils sur-réagissent, leurs émotions débordent, ils se mettent en colère ou, au contraire, s’isolent quand ils se croient jugés. Et cogitent ! « Pourquoi cette remarque ? » « Pourquoi m’agresse-t-on ? » et se culpabilisent de ne pas « être à la hauteur »…
Connaître son fonctionnement
Car l’hypersensible est susceptible. Il confond souvent son propre ressenti avec l’intention de celui qui l’a (parfois involontairement) blessé et va se sentir humilié ou agressé. C’est pour cela qu’il doit bien connaître son fonctionnement et les déclencheurs de ses émotions exacerbées. Qu’est-ce qui se rejoue dans cette situation ? Nous la « décortiquons » ensemble pour désamorcer les réactions trop excessives ou hâtives.
Il est intéressant de travailler sur la bonne distance : comment ne pas prendre de plein fouet les remarques de son conjoint, de ses amis ou de ses collègues sans pour autant s’exclure ? Comment être en lien tout en trouvant un temps nécessaire pour soi ? Comment s’exprimer, ressentir, sans trop souffrir ? Comment ne pas faire l’amalgame entre empathie et don de soi ?
Diriger son hypersensibilité vers une activité qui a du sens
Je leur apprends à diriger leur hypersensibilité non pas contre eux –« les autres ne me comprennent pas » – mais vers une activité ou un métier en adéquation avec leurs valeurs et leur besoin de sens, d’authenticité, de créativité. A oser. Je les incite à développer leur imagination, leurs talents, leurs ressources. Ils repèrent leurs qualités, les signes de reconnaissance positifs de leur entourage, leurs réussites. Comment s’appuyer dessus pour traverser les vicissitudes du présent ? Comment faire de son empathie et son intuition de formidables atouts ? Pour autant, et c’est la particularité de la psychologie intégrative, nous n’occultons pas les souffrances du passé, les traumatismes enkystés dans le corps : soutenu par le regard bienveillant et aimant de son thérapeute, le patient les accueille et les revit en se reconnectant à ses sensations pour mieux s’en libérer.
Lorsqu’ils se révèlent, trouvent leur juste place, les hypersensibles deviennent des personnes inspirantes, dynamisantes, des leaders charismatiques. Ils montrent le chemin d’un monde plus juste, fait de co-création et de partage, s’engagent dans la défense des minorités ou pour sauver la planète. Et si leur hypersensibilité était une hyper conscience, une hyper clairvoyance, une qualité précieuse, signe d’une grande humanité ?
Pour en savoir plus :
https://cabinet-therapies.paris/specialites/hypersensible-atypique-zebre-surdoue/
https://cabinet-therapies.paris/zebres/
https://therapeutes-parisiens.fr/accompagner-hyper-sensibles-autres-zebres/
https://www.om-therapeutes.com/blog/les-hyper-sensibles-cogitateurs-au-boulot/59