Fiche pratique N°9
Elle a été élaborée par le chercheur Stephen Porges et popularisée par la psychologue Deb Dana. Elle décrit le rôle du nerf vague dans la régulation de nos états physiologiques et émotionnels.
Le besoin de sécurité est notre besoin « racine ». Notre système nerveux autonome est comme un système de surveillance personnel. Toujours sur le qui-vive, il nous protège en détectant pour nous ce qui est sécure et ce qui est risqué dans notre corps, notre environnement et dans nos relations aux autres. Le docteur Porges a inventé le terme de « neuroception » pour décrire ce phénomène biologique.
Le système nerveux autonome
Il se compose de deux branches principales, le sympathique et le parasympathique et répond aux signaux et aux sensations via 3 voies qui nous permettent d’agir au service de la survie.
La branche sympathique se trouve dans la partie médiane de la moelle épinière. Elle réagit aux signaux de danger et déclenche la libération d’adrénaline qui alimente la réponse de combat/fuite.
Dans la branche parasympathique deux voies circulent au sein d’un nerf : le fameux nerf vague, étymologiquement « vagabond ». Il débute dans le tronc cérébral à la base du crâne et se déplace dans deux directions : vers le bas (à travers les poumons, le cœur, le diaphragme et l’estomac) et vers le haut (en lien avec les nerfs du cou, de la gorge, des yeux et des oreilles).
Le nerf vague est divisé en deux parties : la voie vagale ventrale et la voie vagale dorsale.
La voie vagale ventrale répond aux signaux de sécurité et soutient le sentiment d’engagement sécure et socialement connecté.
La voie vagale dorsale répond aux signaux de danger extrême. Elle nous inhibe de la connexion, nous éloigne de la conscience et nous entraîne dans un effondrement. Vous vous sentez engourdi, absent, décalé ? La voie vagale dorsale a pris le contrôle !
Tout d’abord, la voie vagale dorsale de la branche parasympathique et sa réponse d’immobilisation constitue la voie la plus ancienne : elle remonte à nos ancêtres vertébrés.
Ensuite, La branche sympathique et son schéma de mobilisation se sont développés.
Enfin, la voie vagale ventrale de la branche parasympathique, la plus récente, apporte des schémas d’engagement social inhérents à tous les mammifères.
Lorsque les signaux de danger sont plus nombreux ou l’emportent sur les signaux de sécurité, nous basculons dans une réponse de survie. Pour faire pencher la balance vers la sécurité, nous devons réduire ou résoudre les signaux de danger ou nous connecter aux signaux de sécurité
Ainsi :
Lorsque nous sommes ancrés dans le ventral, nous éprouvons une sensation de sécurité, nous nous sentons connectés aux autres, calmes, sociables, paisibles, énergiques, curieux. Notre rythme cardiaque est régulé, notre respiration ample, nous sommes attentifs aux conversations, faisons abstraction des bruits gênants. Organisés, nous menons à bien nos projets, nous prenons soin de nous, nous nous sentons efficaces au travail. Les bénéfices : un cœur en bonne santé, une tension artérielle régulée, un système immunitaire sain, une bonne digestion, un sommeil de qualité…
Une sensation de danger peut nous faire sortir de cet état et nous faire « rétropédaler » sur la ligne temporelle de l’évolution, jusqu’à la branche sympathique : nous sommes mobilisés pour répondre et agir (combat/fuite). Notre rythme cardiaque s’accélère, notre respiration est plus courte. Nous sommes anxieux ou en colère, incapables de nous concentrer et d’avancer. Le monde semble dangereux et hostile. Les conséquences sur la santé : maladies cardiaques, hypertension, hypercholestérolémie, troubles du sommeil et de la mémoire, prise de poids, maux de tête, tensions chroniques au niveau du cou, des épaules et du dos, problèmes digestifs…
Lorsque nous avons l’impression de ne pas pouvoir échapper au danger, d’être pris au piège comme un animal, la voie vagale dorsale nous ramène au début de notre histoire évolutive : nous nous immobilisons et nous nous fermons pour survivre jusqu’à la dissociation, la dépression. Nous sommes désespérés, confus, trop fatigué pour agir. Le monde nous semble vide. Les conséquences sur la santé : fibromyalgie, problèmes digestifs, hypotension, diabète, prise de poids…
Nous naviguons le long de cette hiérarchie du plus ancien au plus récent, et ressentons du bien-être lorsque les trois parties de notre Système Nerveux Autonome fonctionnent ensemble.
En séance, je propose des exercices inspirés des travaux de Deb Dana et Courtney Rolfe.
A savoir :
L’intention autonome est toujours d’assurer notre sécurité
Lorsque nous prêtons attention à notre état et que nous le nommons, nous aiguisons la conscience de notre fonctionnement biologique et nous nous éloignons des représentations, croyances, ruminations, jugements créés par notre cerveau. Nous reconnaissons nos ressources ventrales
Les schémas autonomes se construisent au fil du temps. Le Système nerveux autonome est façonné par l’expérience. Nous pouvons apprendre à sortir des états de survie et à nous réguler.
L’énergie vagale ventrale favorise l’autocompassion. L’espoir renaît et le changement est possible
La flexibilité autonome peut être façonnée au fil du temps. Chaque fois que nous sortons de la régulation et que nous retrouvons le chemin du ventral, nous augmentons cette flexibilité et renforçons notre résilence
Au fur et à mesure que nos énergies ventrales, sympathiques et dorsales vont et viennent, notre perception du monde évolue
Nous sommes câblés pour réagir plus fortement aux expériences négatives que positives (instinct de survie). Nous pouvons cependant rechercher activement les micro moments de sécurité et de connexion
L’absence, l’insuffisance de choix peuvent nous entraîner dans un état de survie
Les rituels peuvent stimuler notre énergie ventrale et calmer nos systèmes de survie
Les images et les sons de la nature donnent vie à l’état ventral. Cet état n’est pas seulement la régulation et le calme.Il apporte aussi la joie, la passion, l’excitation, la célébration, la curiosité, la confiance etc
La neuroception permet d’appréhender ce qui se passe dans notre corps : rythme cardiaque, respiration, douleurs, digestion…
Les sons, les couleurs, les odeurs, la température, les textures, la lumière, l’espace et les formes ont un impact sur notre expérience autonome
Nous sommes câblés pour la corégulation, le message que nous émettons (prosodie, expression de notre visage, regard, mots, langage corporel ) a un impact sur d’autres systèmes nerveux. Ainsi, certaines personnes activent notre état ventral (sécurité) et d’autres une énergie sympathique de survie ou un effondrement dorsal.
Nous avons un besoin inné de connexion avec les autres et nous recherchons des occasions de co-régulation.
La musique classique nourrit notre énergie ventrale, stimule notre système nerveux sympathique et nous entraîne vers le dorsal
La respiration permet de remodeler notre système nerveux pour aller vers la sécurité et la connexion. Vive la cohérence cardiaque !
Apprendre à être à l’écoute de notre système nerveux nous permet de développer notre habilité à entendre ce qu’il veut nous dire. Pour cela il faut ralentir !
La façon dont nous interagissons avec le monde (en nous tournant vers les autres, en nous isolant ou en nous éloignant) est dictée par notre système nerveux autonome
Notre histoire prend naissance dans notre système nerveux autonome qui se transmet du corps vers le cerveau par les voies autonomes et qui est ensuite traduite par le cerveau en croyances
Nos schémas autonomes se transforment progressivement lorsque nous faisons de petits pas de côté. Nous mettons en place progressivement de nouveaux schémas
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