La métaphore de l’Enfant intérieur

L’Enfant intérieur évoque la partie de nous-même qui a gardé intact dans son inconscient  ses souvenirs et ses expériences. Cet Enfant intérieur continue à influencer nos comportements et nos relations à l’âge adulte.

Le concept a été décrit par des psys comme Carl Jung qui parle de « l’archétype de l’enfant », symbole de renouvellement, d’innocence et de potentiel. Il incarne la créativité, l’émerveillement, la curiosité. Se reconnecter à lui, c’est renouer avec ces qualités, si souvent mises de côté à l’âge adulte. Il faut alors lâcher le faux-self et oser retrouver la spontanéité initiale. Parfois, en groupe, je propose, par exemple, des exercices de « clown » pour retrouver l’essence de cet enfant joyeux.

Pour certains auteurs, l’enfant intérieur est strictement synonyme d’enfant blessé, l’image de nos traumatismes. Il se manifeste soit par une immense colère (En Logique Emotionnelle, on parle de besoin d’identité, réaction de lutte), soit par de la tristesse (En Logique Emotionnelle, on parle de besoin de sens, réaction de repli).  Ainsi, lorsque nos réactions sont dérégulées, « le Moi enfant » s’agite, prend toute la place et tente d’effacer le « Moi adulte ».

Dépasser la dissociation d’origine traumatique

Alice Miller ( « Le drame de l’enfant doué », « C’est pour ton bien » « Notre corps de ment jamais ») explique que l’Enfant intérieur est l’enfant réel que nous avons été avec ses besoins, ses émotions, ses blessures, ses vérités vécues, souvent refoulées ou niées pour survivre dans un environnement familial dysfonctionnel. De nombreux troubles psychiques trouvent leur origine dans l’obligation de réprimer ses émotions. Très tôt, en effet, l’enfant apprend à nier sa propre réalité émotionnelle. Miller dénonce la « pédagogie noire », c’est-à-dire l’éducation fondée sur l’humiliation ou l’obéissance aveugle, la punition ou le chantage affectif. Il est essentiel d’écouter la vérité de cet enfant blessé, de reconnaître les blessures subies afin de sortir des répétitions inconscientes. Cela signifie aussi de cesser de protéger, par loyauté, ses propres parents. Elle insiste sur la « colère salvatrice ». Parfois, je propose à mes patients de se libérer en exprimant cette colère enfouie.

Selon le modèle de Janina Fisher (« Dépasser la dissociation d’origine traumatique »), je les invite à identifier leurs parties fragmentées (La partie survivante, la partie enfantine blessée, la partie protectrice réactive, la partie critique intérieure…) et les croyances associées. Nous les mettons parfois en scène lors d’un « somatodrame ». Ces parties ne correspondent pas à un trouble dissociatif de l’identité mais à des états émotionnels figés. Il s’agit de les réintégrer en dialoguant avec elles depuis un soi « adulte » stabilisé, les écouter, les rassurer (« Le danger est passé »).  Comme en Logique Emotionnelle, nous nous réconcilions avec ces parties en les considérant avec curiosité comme des stratégies de survie, des symptômes. Peu à peu, elles deviendront des alliées. Je les encourage à se connecter à leurs sensations corporelles.  En comprenant leur Enfant intérieur, ils comprennent mieux les autres et gèrent avec plus de distance leurs relations.

La Dépression Infantile Précoce (DIP) :

Moussa Nabati (« La dépression, une maladie ou une chance », « le bonheur d’être soi », « Guérir son enfant intérieur ») parle de Dépression Infantile Précoce. Elle s’installe dès les premières semaines (et même in utero), lorsque le nourrisson ne reçoit pas suffisamment d’attention, de chaleur de la part de la figure d’attachement (souvent la mère). Nous rejoignons là la notion de liens d’attachement.La carence matricielle crée un vide affectif profond. Conséquence émotionnelle : la culpabilité (Nabati parle de la culpabilité de la victime innocente).

A certains moments de notre vie – rupture, licenciement, retraite, deuil -, la DPI se réveille.

Il propose plusieurs pistes pour se libérer de la DIP :

  • Prendre conscience du lien entre souffrance présente et blessure ancienne
  • Accueillir et travailler nos blessures pour réparer l’Enfant intérieur
  • Transformer la souffrance en force pour accéder à une vie plus authentique et autonome (on rejoint le concept de résilience cher à Boris Cyrulnick ).

Lire aussi :

La théorie de l’attachement

Les traumas dans Psychologie.net 

Sorry baby vivre avec un trauma

Liens entre la théorie polyvagale et le traumatisme