La théorie de l’attachement

Elle a été développée par John Bowlby dans les années 1950, puis, affinée par Mary Ainsworth, 10 ans après. Elle met en évidence l’importance de relations sécurisantes et stables dans les premières années de la vie (et in utero).  En effet, les expériences relationnelles précoces influencent profondément notre façon d’être en relation avec les autres à l’âge adulte. La bonne nouvelle :  les styles d’attachement ne sont pas figés. Les expériences relationnelles vécues à l’âge adulte et un travail en psychothérapie peuvent également influencer notre manière d’aimer et d’interagir. N’oublions pas que notre cerveau est plastique !

L’attachement est un besoin primaire, aussi important que le fait de manger, de boire et de dormir.

Il a été démontré que l’enfant naît avec une tendance innée à rechercher le lien avec ses « figures d’attachement » (généralement, les parents) pour assurer sa sécurité et sa survie. « Un bébé seul n’existe pas » écrivait Winnicott. Il ne peut survivre sans un adulte.

L’enfant a besoin de se sentir protégé, vu, compris, rassuré, touché (importance du contact physique), accompagné dans la découverte du monde, sentir l’amour dans le regard de ses « figures d’attachement ». Bref, les premières relations avec les figures d’attachement préfigurent notre façon d’interagir avec les autres tout au long de la vie.

Boris Cyrulnik qui a beaucoup étudié le sujet de l‘attachement affirme :« Il est désormais prouvé, imagerie médicale à l’appui, que les privations affectives provoquent des altérations cérébrales ».

Aider le patient à identifier son style d’attachement (en miroir avec celui du psy ) participe de l’alliance thérapeutique et nous permet de l’accompagner plus finement.

Les 4 types d’attachement :

 1°L’attachement sécure

 Le style d’attachement sécure se construit lorsque l’enfant évolue dans un environnement où ses besoins émotionnels sont régulièrement pris en compte.

Un enfant sécure est en capacité d’exprimer ses besoins de soutien et de contact. Il sait qu’en cas de difficulté ou de stress, il pourra revenir vers ses « figures d’attachement » qui l’accueilleront et répondront à ses besoins de réassurance. Il a acquis grâce à eux, une capacité à analyser à interpréter avec justesse des situations et à faire des associations mentales.

Ainsi :

-Le parent est une base de sécurité physique forte

-Il accompagne son enfant en offrant une vision du monde adaptée, réaliste et sereine.

-Il représente un refuge vers lequel l’enfant peut se tourner

-Il encourage l’autonomie de l’enfant et sa capacité à explorer le monde

Les adultes ayant un attachement sécure ont une bonne estime d’eux – même, savent exprimer leurs besoins, demander de l’aide, gérer les conflits, entretenir des relations stables et sereines.

L’attachement insécure

Cependant, lorsqu’un enfant ne reçoit pas assez de signes d’attachement (manque de disponibilité émotionnelle, séparations, rejet, traumatismes, maltraitances, ou lorsqu’il en reçoit trop (par exemple lorsqu’il a des parents hypervigilants, surprotecteurs), il considère souvent que le monde est insécure.

2°L’attachement insécure évitant

 Le style d’attachement évitant émerge lorsque les figures d’attachement sont émotionnellement indisponibles ou rejetantes. L’enfant apprend à ne pas compter sur les autres et à privilégier l’autonomie.

 L’enfant évitant à tendance à se dissocier pour se protéger. Lorsqu’il recherche instinctivement la proximité, il ne reçoit pas le réconfort nécessaire. Ainsi, il pense que ses émotions ne sont pas légitimes et qu’il vaut mieux se débrouiller seul. Il désactive son système d’attachement, reproduisant souvent le schéma évitant de ses parents qui ont vraisemblablement eux aussi vécu la même chose.

 Les adultes ayant un attachement évitant ont appris à ne compter que sur eux-mêmes et à éviter l’intimité. Ils peuvent ne pas exprimer leurs émotions, sembler distants et difficiles à cerner. Ils manquent d’assurance et d’amour de soi.

3°L’attachement insécure ambivalent (anxieux)

 Le style d’attachement anxieux se développe chez un enfant dont les figures d’attachement sont inconsistantes, parfois disponibles, parfois distantes. L’enfant apprend à être en alerte constante, craignant l’abandon.

L’enfant anxieux ne sent pas que ses parents sont là pour lui, le protègent de façon constante et prennent en compte ses besoins. Face à ces parents peu stables et cohérents, vite dépassés par leur propre anxiété, parfois trop protecteurs, l’enfant a opté pour une stratégie d’hyperactivation de son schéma d’attachement afin d’attirer l’attention sur lui. Il en résulte de l’anxiété, de l’ambivalence (ne pas pouvoir faire sans le parent mais en voulant toujours plus), de la dépendance affective (jalousie…).

Les adultes ayant un attachement anxieux ont souvent peur d’être abandonnés ou rejetés et un grand besoin de réassurance, de validation. Ils sont dépendants affectivement, doutent de leurs compétences et stressent facilement. Ils ont besoin de proximité pour être rassurés et demandent « trop » à l’autre qui devient la cible de reproches infondés. On remarque une hypersensibilité aux interactions sociales.

4° L’attachement désorganisé

Le style d’attachement désorganisé est la conséquence de comportements imprévisibles des parents, mêlant protection et menace. L’enfant développe une perception confuse des relations, oscillant entre besoin de proximité et crainte de l’autre.  

L’enfant passe du besoin de liens au rejet, son image de soi est instable et surtout négative. Parfois, il s’occupe de ses parents ou de sa fratrie (« parentification »). Il passe de crises de colère (hyperactivation anxieuse) au mutisme et à l’isolement ( désactivation évitante). C’est un mélange de comportements anxieux et de comportements évitants.

Lorsque le stress est trop élevé, il se dissocie. Il s’agite, ou, au contraire, se fige.

Les adultes ayant un attachement désorganisé conçoivent la proximité relationnelle à la fois comme indispensable et intolérable. Ils ont des difficultés à réguler leurs émotions et à construire des relations stables. Leurs comportements semblent contradictoires ou imprévisibles.

Des moments de désorganisation peuvent survenir chez n’importe quel adulte, y compris chez une personne sécure. Cependant, pour ceux qui ont un attachement désorganisé, la fenêtre de tolérance est réduite, plus encore que chez les anxieux et les évitants, leur capacité de flexibilité et d’adaptabilité étant plus faible.

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