L’amant d’un jour

l'amant d'un jourL’amant d’un jour de Philippe Garrel, présenté à La Quinzaine des réalisateurs à Cannes où il a obtenu le prix SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) ex-aequo avec Un beau soleil intérieur de Claire Denis.

Une jeune fille descend les marches d’un escalier crade et retrouve son amant dans les toilettes de la fac, une autre, en pleurs, monte ces mêmes marches pour « rentrer » chez son père. En deux séquences et deux cris (l’un de plaisir, l’autre de douleur), le spectateur découvre Ariane et Jeanne.  Elles vont vivre provisoirement sous le même toît/toi. Ariane (Louise Chevillotte) solaire, charnelle, est dans l’instant présent, la jouissance, Jeanne, (Esther Garrel), l’affective, reste « scotchée » à sa rupture amoureuse. Ariane est la nouvelle maîtresse de Gilles (Eric Caravaca), Jeanne, sa fille. Elles ont le même âge. Elles vont se  soutenir mutuellement, unies par une sororité bienveillante, rohmérienne, face à l’homme. Entre désir et filiation, sous fond d’Oedipe. Elles partagent leurs fringues et leurs secrets : tentative de suicide de Jeanne, photos compromettantes d’Ariane.

Fragilité amoureuse 

Philippe Garrel semble faire  toujours le même film sur la fragilité amoureuse et c’est pourtant chaque fois singulier, magnifique.  Gilles évoque la fidélité avec Jeanne mais aussi avec Ariane. Il comprend qu’elle puisse le tromper avec un homme plus jeune (il a l’âge d’être son père) mais il ne veut pas le savoir. Mais dans la réalité, lorsqu’Ariane passera à l’acte, il en sera autrement. Car les personnages de Garrel sont pris dans leurs contradictions.

Il ancre ce marivaudage en noir et blanc entre conscient et inconscient. Les actes manqués, les non-dits, les regards viennent nourrir un discours minimaliste, au premier abord. L’Amant d’un jour vogue sur des vagues de tristesse. Une apparente douceur dissimule les chagrins. Ou est-ce le contraire ? L’humour, filigrané dans le récit, aide à  atténuer les chagrins.  Le désespoir est éphémère. De la douleur à la douceur.

In fine, le couple qui faisait l’amour dans la première scène a fait place à un autre couple s’embrassant dans le dernier plan. Une histoire redémarre,  une autre finit. Gilles a quitté Ariane, Jeanne a retrouvé son compagnon. Celle qui pleurait retrouve l’espoir, l’autre pleure à son tour.