Etes-vous perfectionniste ?

Créa-thérapieLe perfectionnisme, à mes yeux, est un mécanisme de défense, une façon de cacher sa part d’ombre. Etre perfectionniste entretient l’illusion qu’en agissant parfaitement, en restant dans la « persona », on occulte la souffrance du reproche, du jugement et la honte de l’échec. En effet, être perfectionniste, c’est rechercher absolument l’approbation de l’autre. Or, le perfectionnisme freine l’accomplissement. Il  est corrélé à la procrastination, l’anxiété, la dépendance affective, les actes manqués, la culpabilité. Il est autodestructeur tout simplement parce que la perfection n’existe pas. Le perfectionniste exige une vie sans hauts et bas, sans épreuves. Une image de vie, débarrassée d’émotions ? Cet idéal favorise la pression, le ressentiment, les troubles somatiques. Cette sur-exigence du moi vis-àvis de soi-même/soi m’aime, est une sorte de auto-harcèlement. 

D’ailleurs, ce sont souvent les perfectionnistes qui font un burn – out : motivés par une soif de reconnaissance, ils confondent recherche de l’excellence et perfectionnisme, s’épuisent à essayer d’atteindre des objectifs irréalisables, font passer les besoins des autres avant les leurs : ils disent « oui » à leur hiérarchie et « non » à eux-mêmes ! Ils se mettent une pression monstrueuse et vivent dans un inconfort permanent. Vouloir plaire à tous et absolument pour séduire ou réussir nous conforte dans le faux self, nous éloigne de notre personnalité.

Combattre la culpabilité

Culpabiliser, c’est ruminer une action ou une émotion passées, réelles ou imaginaires. Nous nous positionnons à la fois en bourreau «  ce que j’ai fait est mal » et en victime «  je ne mérite pas d’être aimé ». Le perfectionnisme nous incite à ressentir nos échecs comme des fautes morales, à croire que l’autre nous en veut.

Le perfectionniste contrôle et organise tout, ne laisse rien au hasard. Un exemple : Marie se repose deux minutes entre deux contraintes ménagères et, au lieu de savourer le moment présent, elle pense à tout ce qu’elle « doit » faire et angoisse. La détente est un interdit qu’elle est en train de transgresser. La culpabilité s’installe alors.

C’est votre cas ? Déjà, vous pouvez analyser cet interdit. Comment s’est-il installé ? Peut-être vos parents vous reprochaient-ils votre « paresse » quand vous étiez petit ? Peut-être ont-ils montré « l’exemple à suivre » en s’activant toute la journée ? Ensuite, vous pouvez remplacer ces interdits par des choix de vie. Que désirez-vous vraiment pour vous ? Une idée : faire la liste des comportements que vous critiquez chez les autres car souvent, nous critiquons les comportements que nous nous interdisons justement à nous-même !

Autre cas : Jean, hyper empathique et hyper-sensible, ressent de la culpabilité vis-à-vis de son meilleur ami parce qu’il ne porte pas tout le temps ses problèmes. Son sentiment de culpabilité provient d’un transfert de responsabilité. Là, l’idée est de discriminer ce qui lui appartient de ce qui ne lui appartient pas, faire la différence entre autonomie et égoïsme. Il s’apercevra peut-être qu’il  n’a pas à prendre en charge les besoins et les émotions d’autrui.

et la  procrastination …

Le perfectionniste procrastine. Alix, hyper-cogitatrice,  a deux propositions d’embauche, pèse le pour et le contre, n’arrive pas à se décider car choisir une voie, c’est toujours renoncer à une autre. Ses pensées moulinent comme un hamster dans sa cage. La solution : lâcher-prise, accepter de ne pas tout gérer. En déconnectant son mental, en se focalisant sur ses sensations dans son corps, elle accueillera ses émotions et ce sera plus apte à décider. Elle peut d’ailleurs aussi s’autoriser à se tromper. L’erreur est humaine et ne remet pas en questions ses compétences et ses valeurs !

Le perfectionniste/procrastinateur choisit rarement le chemin le plus facile. Clémence doit rendre sa thèse. Non seulement elle a pris un sujet « casse-gueule » mais elle fignole les détails, fait un pas en arrière, tergiverse et finalement, n’est pas complètement satisfaite du résultat. Pourquoi justement ne pas valoriser ce chemin ? Prendre du plaisir en chemin sans s’y perdre est la meilleure façon d’avancer dans la bonne direction !

Des pistes ?

  • Quand vous vous sentez stressé ou angoissé, demandez-vous de quoi vous avez vraiment besoin et  écoutez-vous
  • Acceptez l’idée que, si quelqu’un vous critique, il n’est pas en train de vous dire qu’il ne vous aime pas, il ne critique pas ce que vous ÊTES, mais bien ce que vous venez de FAIRE. Même si vous étiez parfait, il y aurait toujours quelqu’un pour vous critiquer, pour projeter sur vous sa propre ombre.
  • Acceptez l’erreur et utilisez-la pour rebondir
  • Lâchez-prise, ne vous focalisez pas sur des objectifs trop ambitieux mais sur le chemin pour y parvenir et prenez du plaisir à avancer.
  • Vivez l’instant présent au lieu de vous concentrer sur vos peurs projectives. L’avenir est incertain par définition.