Berlin en deuil, le RER en rade, Alep, il n’y a jamais eu autant de réfugiés à faire la manche, des grappes d’enfants frigorifiés.
Dans les Monoprix, boudins blancs, marrons glacés, dindes, saumon, foie gras, champagne, robes à paillettes et cotillons.
Le monde est schizo ? Le père Noël, une ordure ?
Nombreux sont ceux qui redoutent cette période enguirlandée. C’est bien légitime. Les fêtes peuvent renvoyer à la culpabilité devant l’abondance, ou, à l’inverse, au manque, à la solitude exacerbée, à la perte d’un ami, d’un mari, d’un chat, à la peur d’affronter la famille, à revivre des souvenirs, des souffrances passées, à perpétuer des non-dits, à rejouer des rôles. « Je me sens jugé. A 30 ans, j’ai l’impression de devoir justifier mes choix, répondre aux injonctions de mes grands-parents et de mes tantes » avoue Romain. Régression du réveillon. Nostalgie de l’enfance, remords, regrets, traumatismes enkystés. Avez-vous remarqué que, souvent, les personnes « tombent » malades juste avant (la force de l’intention), pendant ou après les « fêtes » ? Des troubles digestifs ? Il y a peut-être quelque chose qu’elles ne digèrent pas, au sens propre mais aussi au sens figuré.
Vous êtes triste, anxieux, déprimé, en colère ? Vous avez droit ! Acceptez votre émotion plutôt que de la nier ou de la combattre. Elle a sa raison d’être. Elle vous parle de vous. « je trouve indécent de voir mes neveux crouler sous les jouets » s’insurge Delphine. Et derrière ce sentiment ? « Je n’ai pas d’enfants, je suis la marginale de la famille et, chaque année, en cette période, j’en souffre » avoue-t-elle. Noël, une belle occasion pour « travailler sur soi », se confronter à ses frustrations et les dépasser !
Me sentir utile, c’est me sentir vivant
Et si vous posiez des actes ? S’envoler à l’autre bout du monde, par exemple, au soleil, ou tout simplement migrer dans un autre quartier, loin des traditions. S’éloigner des proches est un bel oxymore. Une solution plus saine que lexo et dodo. Autre fuite salutaire ? Travailler comme à l’ordinaire. Carole, capitaine de police, divorcée, n’a pas ses enfants le 24. « Je vais bosser toute la nuit. Pour faire contre mauvaise fortune bon cœur, j’ai préparé des animations au « second degré » pour mes collègues, des parodies de Noël. L’humour, c’est mon mécanisme de défense à moi ». Rémi, lui, va aider des sans-abris au sein d’une association caritative. « Me sentir utile, c’est me sentir vivant ».
Le principal ? Trouver comment transformer ces instants convenus en instants qui ont du sens. Le présent comme un cadeau.