Avec l’amant double, François Ozon propose un thriller érotique et digresse sur l’inconscient féminin, à partir d’un scénario librement inspiré d’une nouvelle de Joyce Carol Oates. On repère l’influence (trop) flagrante d’ Hitchcock, De Palma, Cronenberg, Lynch, Verhoeven. Si le film se laisse voir, il a des airs de déjà-vu.
Transfert contre transfert
Incipit : gros plan très intime d’une séance d’obstétrique. La féminité est au cœur du film. Chloé (Marine Vacth) a toujours mal au ventre. Sa gynéco lui conseille de consulter un psy. Paul (Jérémie Renier) l’écoute sans broncher raconter ses traumatismes d’enfance, ses parents abandonniques. Transfert contre transfert. Lorsque la relation thérapeutique se transforme en relation amoureuse, ses symptômes disparaissent. Happy end : ils s’installent ensemble.
Le motif du double
Un jour, par hasard, la jolie névrosée croit reconnaître son amant dans un lieu improbable. Elle va découvrir qu’il s’agit du frère jumeau de ce dernier, Luc, lui aussi psy de son état – le motif du double se retrouve souvent dans la filmographie d’Ozon, de Swimming Pool à Dans la maison -.Est-elle victime d’un complot ?
L’ombre et la lumière
Elle devient la maîtresse de Luc. Mais il est aussi manipulateur que Paul est bienveillant. L’ombre et la lumière d’une même personnalité ? Ce frère jumeau existe-t-il vraiment ou n’est-il que le fruit de son imagination ? Rêve ou réalité ? Et si la vie était une fiction ? La schizophrénie hante le film. Ne sommes-nous pas composés de multiples instances ? Chloé doit-elle se confronter à ses propres démons pour retrouver son « soi » ? Se confronter à ses fantasmes ? (homosexualité, violence psychique…). Les reflets, miroirs et faux décors sont l’allégorie du trouble de Chloé et se confondent avec les œuvres d’art qu’elle surveille en tant que gardienne de musée, au Palais de Tokyo.