Fiche pratique n° 8 : l’autolouange pour retrouver l’estime de soi

Cette magnifique pratique, à la fois poétique et thérapeutique, tire son origine, entre autres, d’une tradition africaine : le kasàlà. 

Il s’agit d’écrire sur soi en toute liberté, de se célébrer (pour une fois !), au-delà d’un quelconque narcissisme, de contacter « sa grandeur », sa beauté, son inconscient afin de mieux se connaître et se réaliser. L’idée est de louer toutes nos facettes, d’éclairer autant la noirceur que la lumière, nos pleins et nos vides, notre  masculin et notre féminin (animus/anima), l’esprit et la matière. C’est une écriture de l’intime qui se met en parole, se partage. Une invitation au lâcher-prise, à la voix du cœur, à la découverte de notre élan vital. Il permet de changer notre discours intérieur et notre regard sur nous-mêmes. « L’autolouange invite à donner voix à ce bouillonnement de talents lové en chacun de nous » explique Marie Milis, la « papesse » de l’autolouange.

Nous pouvons écrire aussi un louange sur l’autre, « le  kasàlà de l’autre » pour exprimer notre admiration, notre reconnaissance, notre gratitude. Je le propose dans les groupes comme une façon élégante d’exprimer son ressenti sur les autres participants.

Les consignes sont très simples :

  • Ecrivez un texte en « je ». Parler à la première personne permet de prendre la responsabilité de votre autolouange. Pour vous aider, vous pouvez prendre un « déclencheur », comme une image, sur laquelle vous vous projetterez.
  • Amplifiez votre propos, tout en étant authentique, sincère. Voyez grand ! Soyez attentif à ce qui se passe en vous et exprimez-vous avec panache.
  • Lâchez le contrôle ! Privilégiez l’émotion au lieu d’élaborer un texte littéraire ou philosophique, à la syntaxe parfaite.
  • Déclamez-le ! Incarnez-le, osez offrir cet autolouange aux autres, au monde. Vous pouvez aussi le danser.

 Mes autolouanges écrits à partir de cartes postales, lors d’un  stage animé par Sophie Lemosof, en octobre 2022 https://www.sophielemosof.fr/
https://www.autolouange-sophielemosof.fr/

Parentalité/parent alité

Je suis terreur de l’épouvantable absence, j’interroge la figure magistrale,

Je libère les références parentales sclérosantes, je rassure délicatement des bribes d’enfant.

Je lis l’inquiétude dans les traces des ans.

Je suis vieillesse impudique. Je me ressource dans l’éternelle sagesse, dans la plénitude générationnelle.

Immense, j’enlace la solitude, je réchauffe les blessures béantes.

Unique, multiple, changeante, j’accepte les émouvantes fragilités, j’interroge les certitudes.

Du haut de mes racines, je suis force consolante.

Saison

Je suis ferment.

Je suis silence du verbe.

Furtive, j’épie les clameurs mortifères.

Magicienne, je me retire un instant pour savourer l’humeur du monde.

Je calligraphie mes énigmatiques peines, mes déceptions souterraines.

J’écoute mon absurde douleur.

Je suis humilité passagère.

Je me mélange avec volupté au souffle du vent, j’épouse l’automne flamboyant.

Attendre

Je suis passagère de la mélancolie, âme du blanc silence, grappe de joie féconde, j’espère, j’expire, j’inspire,

Je glorifie mes galopantes défaillances, mes humiliations flagrantes.

Je trace un candide espoir le long de la journée tranquille.

Impétueuse, je suis perpétuelle attente.

Danse

Je suis mère du monde.

Je m’élève, je protège, je sépare les contraires, je les réunie généreusement.

J’arrondis, je détends intensément l’éphémère, je consolide la liberté, j’incorpore la création.

Je suis fulgurance, éclosion.

Je suis temple d’amour.

Grandir

Je suis émouvante loyauté.

Je sublime l’hypothétique souffrance, le vide, l’absence.

Sensible, je revendique mon autonomie, j’imagine l’abondant bonheur, j’échafaude des rêves intimes, incandescents, indécents.

Je convoque en mon sein l’adulte créatif.

Me dissocier de l’une, me rapprocher de l’autre.

Légère, je m’élance à tire – d’elle vers le futur proche, je l’honore, je le loue, je l’embrasse avec fougue.

Je crée des ponts improbables entre les générations.

Je suis élégante transmission, trait d’union fébrile.

Inspirante, vibrante, vivante, je suis tisseuse de liens.

Soleil

Je suis divinité déchaînée.

Joueuse, j’arrache les croyances, je déchire les indélicates pensées, je déterre les racines, je démantèle les projections, je rayonne, j’amplifie les talents, je révèle avec clairvoyance les dons des autres,

 Je m’émerveille, je sautille, je palpite, je crépite, je pétille

je suis femme solaire

Grammaire/gramme mère

Je suis Seigneur du langage.

Je retourne, je triture, je détricote, je déshabille la phrase, j’invente l’insolite verbe, je le machouille, je respire le mot, je le hume, je dénoue la rebelle syntaxe, je poétise les intimes souvenirs.

Je suis Seigneur de l’audace.

Avec souplesse, grâce, élégance, je déplace les discrètes évidences, je métaphorise le quotidien, je chorégraphie les instants, je cristallise mes rocambolesques passions.

Je suis Seigneur de beauté.