Le post post – attentats

attentats stressJ’étais en train d’écrire un article sur le bonheur.
Ma plume électronique est encore sous le choc.
On aurait tous pu être là, et d’abord, nos enfants, à « la belle équipe » ou au« petit Cambodge ». Tellement de lieux communs. Sans jeu de mots. Et les mots sont si importants qu’il faut les poser.

Samedi. Les messages fusent. Il y a ceux qui font comme si de rien n’était (encore choquée, je suis allée chez le coiffeur, besoin de m’occuper de moi, de me confronter au futile), ceux qui sont las (là). Avec Claude, nous avons parlé de la guerre en buvant du vin.

Certains ont perdu le sommeil (ou se réfugient dedans, au contraire), l’appétit ou le goût pour les activités quotidiennes. D’autres grignotent toute la journée, bossent à donf.

Beaucoup d’amis pleurent des amis (mystère de la reliance). Compassion. identification. Résurgence des deuils pas faits.
Dans ces moments, chacun peut recontacter ses failles, réactiver ses névroses : insécurité du nourrisson, fantômes transgénérationnels (victimes tues des guerres passées) qui traînent encore dans nos propres « arbres » ou dans l’inconscient collectif.

Dimanche. Envie de serrer mes proches, contre moi. De me rassurer. De les rassurer.

Lundi. Dans cette entreprise (ne pas la citer) la posture est au déni. On parle des « événements » (quel euphémisme) : « Vous n’avez pas été touché au moins ? » et puis on enchaîne sur les nominations, les promotions, les augmentations. Le menu de la cantoche.
Les promos pour les cadeaux de Noël continuent d’envahir ma boîte mails et, pire, les marques surfent sur la tragédie.En rentrant, je croise une animation « star wars » dans une vitrine des grands magasins. Tout fait sens.

Surtout, ne pas minimiser la peur, la tristesse, la colère. Surtout, ne pas les étouffer, les juger. Leur faire de la place, les écouter pour les reconnaître et les transformer.
Anxieuse pour rien. Le moindre détail fait écho à la barbarie.

Mardi soir, rue Montorgeuil, du monde aux terrasses.Il faut continuer à vivre et pourtant, j’ai ressenti un brin d’indécence. Paris surréaliste.

Pendant qu’Anne me racontait que sa fille instit avait dans sa classe une petite fille de 4 ans dont le papa avait été fusillé au Bataclan, un texto m’apprenait la naissance d’Anaïs. Joie. Paris est encore une fête ? Incipit de roman.

Mercredi. Je me concentre sur l’essentiel, les projets qui me tiennent à cœur. Je lis, je réfléchis, je cherche à me faire une opinion.

Jeudi. Grosse fatigue.
Tout le monde semble épuisé, d’ailleurs. Sentiment d’impuissance, de trahison, d’abandon. Après le soulagement d’être en vie/envie, syndrome du survivant ? Il faut dire que nous avons eu notre dose d’adrénaline et autre cortisol. Les hormones du stress en burn-out.

Vendredi. Je prends ma journée peut-être pour réanchanter Paris. Etre utile aussi.
Créer du lien.
Une belle rencontre.
Une pensée pour tous les gens formidables, enseignants, thérapeutes, médecins, infirmiers, pompiers, qui doivent faire face au traumatisme des autres depuis une semaine. La résilience, on y croit !

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