Le temps qui reste

le temps qui reste - Affiche du film Juste la fin du monde Juste la fin du monde de Xavier Dolan. Je ne suis pas fan du théâtre filmé. Pourtant, le huis clos est ici bien assumé comme dans « Tom à la ferme », (le film est tiré de la pièce éponyme de Lagarce, écrite en 1990, légèrement datée). Un jeune écrivain, malade (Gaspard Ulliel) rentre dans sa famille après douze ans d’absence, pour annoncer sa fin prochaine. Et n’y arrive pas. Toutes les névroses familiales se rejouent, les frustrations de chacun s’exacerbent, les jalousies fratricides. Une dernière fois. Chacun parle beaucoup pour cacher l’essentiel. On retrouve la honte de soi et le déni, motifs qui infusent tous les films de Dolan.

Silence des non-dits
Lorsque l’hystérie se crie, le silence des non-dits est plus terrible encore. Dolan prend le temps de mettre en valeur ses personnages/acteurs. Toujours seuls ( la caméra va de l’un à l’autre, sans jamais filmer le groupe). Sous le doux regard de Louis, il y a le grand frère beauf (Vincent Cassel) comico – tragique, la mère toute fébrile et même folle tout court (Nathalie Baye, méconnaissable, peinturlurée), la belle – soeur effacée et sensible (Marion Cotillard) qui seule flaire le drame et la petite sœur bienveillante(Léa Seydoux).
Seul bémol : la langue de Lagarce faite de subtilités linguistiques n’est pas exactement restituée. Elle est un peu amoindrie, comme parasitée par le psychodrame. Les ajouts lexicaux vulgaires (surtout dans la bouche de Vincent Cassel) sont parfaitement inutiles. Et quid du monologue final de la pièce ?