Silence
C’est un peu comme le vocabulaire du cœur, le mantra de l’esprit.
Ralentir. Retenir.
S’émerveiller. Invoquer l’enfant.
Les herbes folles s‘affolent, les oiseaux déflorent la saison. Gaiement.
Voir le lys crouler sous le poids de ses teintes.
Se rouler dans le vent monotone ?
Savourer.
Croquer la paume d’une main, la tendre. La rivière du lien coule d’un doigt à l’autre.
Rassurer le vide. Avec délicatesse. Convoquer ses larmes.
Pleine présence, présence juste.
Offrir son bassin à la chorégraphie du monde, souffler ses maux.
Goûter un instant, ensemble, l’envol des bras et des jambes, sous un ciel clairvoyant.
Recevoir et donner.
Fragile et forte.
Soudain, les cuisses se referment sur des mémoires archaïques.
Repousser l’ancestral mental, les pensées minérales.
Les souvenirs qui se bousculent, transgressifs et immobiles.
Abandonner le manque, la futile nostalgie, les frustrations. S’abandonner.
Oublier presque les mots devant l’offrande d’un matin bleu.
Prendre le soleil et ne plus le rendre.
Croiser un regard solitaire, docile, éphémère, étoilé.
S’approcher, toucher un sourire et être touché.
Imaginer la vie des autres, loin des blessures morbides. Réparer les vivants.
Inspirer et s’inspirer du temps suspendu, de l’âme de nos fulgurances. Comme des cauchemars fugaces, indélébiles.
Ecouter ses propres douleurs, ses bruits intimes.
Trébucher sans cesse sur ses imperfections pour mieux les danser demain.
En corps et encore.
Renaître peut-être à la lune ventrue ?
S’intruser dans ce vide nourricier, avec délicatesse, discrétion, oser s’y figer.
Enfin, rompre le silence et faire jaillir la parole.
La grâce.