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L’amant double

Avec l’amant double, François Ozon propose un thriller érotique et digresse sur l’inconscient féminin, à partir d’un  scénario librement inspiré d’une nouvelle de Joyce Carol Oates. On repère  l’influence (trop) flagrante d’ Hitchcock, De Palma, Cronenberg, Lynch, Verhoeven. Si le film se laisse voir, il a des airs de déjà-vu.

Transfert contre transfert

Incipit : gros plan très intime d’une séance d’obstétrique. La féminité est au cœur du film. Chloé (Marine Vacth) a toujours mal au ventre. Sa gynéco lui conseille de consulter un psy. Paul (Jérémie Renier) l’écoute sans broncher raconter ses traumatismes d’enfance, ses parents abandonniques. Transfert contre transfert.  Lorsque la relation thérapeutique se transforme en relation amoureuse, ses symptômes disparaissent. Happy end : ils s’installent ensemble.

Le motif du double

Un jour, par hasard, la jolie névrosée croit reconnaître son amant dans un lieu improbable. Elle va découvrir qu’il s’agit du frère jumeau de ce dernier, Luc, lui aussi psy de son état – le motif du double se retrouve souvent dans la filmographie d’Ozon, de Swimming Pool à Dans la maison -.Est-elle victime d’un complot ?

L’ombre et la lumière

Elle devient la maîtresse de Luc. Mais il est aussi manipulateur que Paul est bienveillant. L’ombre et la lumière d’une même personnalité ? Ce  frère jumeau existe-t-il vraiment ou n’est-il que le fruit de  son imagination ? Rêve ou réalité ? Et si la vie était une fiction ? La schizophrénie hante le film. Ne sommes-nous pas composés de multiples instances ? Chloé doit-elle se confronter à ses propres démons pour retrouver son « soi » ? Se confronter à ses fantasmes ? (homosexualité, violence psychique…). Les reflets, miroirs et faux décors sont l’allégorie du trouble de Chloé et se confondent avec les œuvres d’art qu’elle surveille en tant que gardienne de musée, au Palais de Tokyo.

 

Les fantômes d’Ismaël ou les poupées russes

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Les fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin. Ismaël (Mathieu Amalric), réalisateur talentueux, essaie de finir son dernier opus, sorte de biopic sur son frère, Yvan Dédalus (Louis Garrel), curieux diplomate qui enchaîne les missions dans les régions les plus troubles du globe. D’où l’amorce insolite, en mode « film d’espionnage » ( j’ai cru un instant que je m’étais trompée de salle…).

A ses côtés, Sylvia (Charlotte Gainsbourg) qui partage sa vie depuis deux ans. Car Ismäel est considéré comme veuf : sa femme, Carlotta, est partie il y a vingt ans.

Soudain, Carlotta (Marion Cotillard) réapparait, troublante, bien névrosée, décidée à récupérer son mari. Sylvia, elle, plus saine, ancrée dans le réel, dit ses émotions, la tristesse, la colère, la peur et finit par s’en aller.

De Hitchcock à Joyce 

Desplechin bourre son film ou plutôt ses films (tant il y a de films dans le films) de références cinéphiles et littéraires (Vertigo d’Hitchcock, Ulysse de Joyce…)  et d’auto-références (clin d’œil à sa filmographie) à l’instar de son (anti) héros qui se bourre, lui, de médocs. D’ailleurs, les histoires se télescopent comme dans sa tête épousant les méandres de sa psyché (et de celle du cinéaste, rongé par l’angoisse ?). Les frontières entre réalité et fiction, présentes et passées se brouillent. Et se multiplient aussi les personnages secondaires.

C’est brillant, foisonnant. Un bel exercice de style à appréhender comme une allégorie ? La vie est un dédale (Dédalus), nos existences ne sont linéaires, la frontière entre création et folie ténue. Nous jouons plusieurs personnages, autant de facettes de notre personnalité.

Cependant pour le spectateur non averti ( la bande-annonce est trompeuse), le scénario peut sembler bavard, incompréhensible. Le motif que l’on croyait principal (le trio amoureux) semble se noyer dans ce labyrinthe diégétique. Pas de respiration. Trop de mises en abyme tuent la mise en abyme ?

 

 

 

 

L’amant d’un jour

l'amant d'un jourL’amant d’un jour de Philippe Garrel, présenté à La Quinzaine des réalisateurs à Cannes où il a obtenu le prix SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) ex-aequo avec Un beau soleil intérieur de Claire Denis.

Une jeune fille descend les marches d’un escalier crade et retrouve son amant dans les toilettes de la fac, une autre, en pleurs, monte ces mêmes marches pour « rentrer » chez son père. En deux séquences et deux cris (l’un de plaisir, l’autre de douleur), le spectateur découvre Ariane et Jeanne.  Elles vont vivre provisoirement sous le même toît/toi. Ariane (Louise Chevillotte) solaire, charnelle, est dans l’instant présent, la jouissance, Jeanne, (Esther Garrel), l’affective, reste « scotchée » à sa rupture amoureuse. Ariane est la nouvelle maîtresse de Gilles (Eric Caravaca), Jeanne, sa fille. Elles ont le même âge. Elles vont se  soutenir mutuellement, unies par une sororité bienveillante, rohmérienne, face à l’homme. Entre désir et filiation, sous fond d’Oedipe. Elles partagent leurs fringues et leurs secrets : tentative de suicide de Jeanne, photos compromettantes d’Ariane.

Fragilité amoureuse 

Philippe Garrel semble faire  toujours le même film sur la fragilité amoureuse et c’est pourtant chaque fois singulier, magnifique.  Gilles évoque la fidélité avec Jeanne mais aussi avec Ariane. Il comprend qu’elle puisse le tromper avec un homme plus jeune (il a l’âge d’être son père) mais il ne veut pas le savoir. Mais dans la réalité, lorsqu’Ariane passera à l’acte, il en sera autrement. Car les personnages de Garrel sont pris dans leurs contradictions.

Il ancre ce marivaudage en noir et blanc entre conscient et inconscient. Les actes manqués, les non-dits, les regards viennent nourrir un discours minimaliste, au premier abord. L’Amant d’un jour vogue sur des vagues de tristesse. Une apparente douceur dissimule les chagrins. Ou est-ce le contraire ? L’humour, filigrané dans le récit, aide à  atténuer les chagrins.  Le désespoir est éphémère. De la douleur à la douceur.

In fine, le couple qui faisait l’amour dans la première scène a fait place à un autre couple s’embrassant dans le dernier plan. Une histoire redémarre,  une autre finit. Gilles a quitté Ariane, Jeanne a retrouvé son compagnon. Celle qui pleurait retrouve l’espoir, l’autre pleure à son tour.

 

 

 

Tous les visages sont des paysages

tous les visages sont des paysages

TGV Paris, Barcelone. Je lève les yeux de mon livre. Les gens ont l’air de tuer le temps en tapotant sans conviction sur leur smartphone. Ils soupirent souvent. Font la gueule. Les bébés pleurent, les enfants crient, les chiens jappent. Cela sent l’œuf dur et les chips.

Pourtant, j’aime le train : plus là-bas, pas encore ailleurs. Un sas. S’autoriser à somnoler, lire, rêver, observer les humains, s’imaginer leur vie. Prendre le temps. Je souris à une petite fille qui, étonnée, détourne son regard puis, recherche le mien. Elle sourit à son tour. Etre en lien par les yeux, la posture. Tout le long du trajet, nous allons nous envoyer discrètement des signes de reconnaissance.

Je m’aperçois que mon téléphone ne capte plus. Du coup, les conversations insipides autour de moi m’agressent. Les bruits aussi. Mon voisin mastique bruyamment un sandwich. Je m’exaspère, m’agace, me stresse. Et voilà que la petite voix du « saboteur » (nous avons tous une petite voix dictatrice en nous) se réveille : tu n’as pas fait ci, tu n’as pas fait ça… Le stress serre mon estomac.

Stop ! Je reprends contact avec mes sensations : comment réagit mon corps ? Mes épaules sont-elles tendues ? Ma mâchoire crispée ?  Mon cou raide ? Je m’efforce de réduire les tensions.  Je m’enracine dans l’ici et maintenant, j’occupe mon esprit à observer des « plaisirs minuscules ». Je m’écoute respirer. Je me concentre sur mon souffle. Je me sens vivante et tant pis pour les imperfections. Je range mon smartphone dans mon sac. Par la fenêtre, j’observe la nature filer. L’étang de Leucate brille sous le soleil. Des souvenirs d’enfance remontent.

Je me reconnecte au regard de la petite fille. Comme une ancre. Nos visages s’éclairent. Tous les visages sont des paysages. Sourires mutuels. Etre attentif à l’autre, dialoguer (même avec les yeux) donne du sens à l’existence. Car la vie est un voyage. Elle se déroule à la vitesse TGV.  A chacun de choisir le meilleur itinéraire, de faire les bons choix, de la traverser en conscience et en congruence en s’interrogeant sur ce qui importe réellement pour nous et peut influencer (modestement) le monde.

 

 

Fiche pratique N°5 : bosser sur son passé

bosser sur son passé

Mieux identifier les « nœuds » du passé, les traces laissées sur la construction de votre identité, permet de mieux les intégrer.

L’école

C’est le premier lieu où les autres (élèves, enseignants…) posent leur regard bienveillant ou malveillant, sur nous. Les expériences sont forcément marquantes. Elles peuvent même avoir des impacts tout au long de notre vie. Peros, je me souviens avec précision de chacun de mes instits de maternelle et de primaire.

Répondez aux questions suivantes :

(Cette introspection  peut réveiller en vous de la joie, de la colère, de la tristesse, de la honte…vos émotions parlent de vos besoins ! )

  • Comment vous rendiez–vous à l’école ?
  • Qui vous y conduisait ?
  • Dans quelle ambiance ?
  • Qui étaient vos instits ? Vos camarades ?
  • Vous souvenez-vous de certaines remarques ?
  • Etiez-vous admiré, rejeté ?
  • Aviez-vous des problèmes particuliers ? Des différences remarquables ?
  • Des anecdotes dans lesquelles vous êtes le héros ou au contraire, le souffre-douleur ?
  • Quelles notes aviez-vous ? Comment viviez-vous l’arrivée du bulletin scolaire

Votre famille

Votre famille vous a transmis des valeurs, des croyances, des habitudes, des coutumes ethniques, transgénérationnelles, une religion, des codes sociologiques. Vous avez intégré des critères vous permettant de vous croire plus ou moins « valables ».

Comment faire la part de ce qui vous appartient ou pas ?

Répondez aux questions :

  • Qu’est-ce que votre famille (parents, grands-parents, frères et soeurs, cousins…) vous ont transmis de précieux, de positif, de valorisant ? ( citez des souvenirs concrets ) ?
  • De quoi êtes-vous fiers dans votre héritage culturel ?
  • Quand votre famille (ou un membre) a -t-elle été mise à l’honneur ?
  • Qu’avez-vous reçu de négatif, de dévalorisant,  de culpabilisant ? Avez-vous eu une honte particulière vis-à-vis de votre famille ?
  • Avez-vous été victime de mauvais traitements ?
  • Avez-vous assisté à des scènes ou des événements traumatisants ? (deuil, accident, séparation, exil…)
  • Comment avez-vous vécu votre place dans la fratrie ?
  • Le modèle des parents est-il un exemple pour vous ?

Attention : ce n’est pas toujours facile d’être dans l’introspection, vous pouvez vous confronter à des émotions fortes ou à des résistances « je ne me souviens pas du tout ». Tout est matière à « bosser » sur soi : notez vos ressentis, acceptez-les, traversez- les, transformez-les..

 Le choix des amis                         

Nous avons tendance à nous entourer de personnes qui sont notre propre miroir. Chacune nous donne des indices sur nous-même.

Posez-vous des questions. En y répondant, vous allez prendre conscience de la façon dont certaines personnes ont pris votre énergie, vous conscientiserez qu’avec d’autres, vous êtiez en « attente », et, enfin, avec certaines, vous vous sentiez en harmonie.

Pour chaque personne qui a compté :

  • Que lui avez-vous apporté, de votre côté, de bon  et de moins bon ?
  • Qu’avez-vous partagé ensemble ?
  • Quels signes de reconnaissance vous êtes-vous montrés ?
  • S’agissait-il d’une relation qui vous valorisait ?
  • Est-ce qu’aujourd’hui, vous conserveriez cette relation ?
  • Que n’avez-vous pas osé dire ou faire car vous ne vous sentiez pas assez bien ?
  • Y-a-t-il des personnes,  au contraire, que vous avez ignorées ou délaissées car vous vous jugiez trop bien pour elles ?

Si vous avez la sensation que votre passé « plombe » encore votre existence, vous pouvez vous orienter vers une thérapie transgénérationnelle.

Enfant, parent et adulte : l’analyse transactionnelle dans tous ses états

analyse transactionnelleLes dysfonctionnements dans le couple relèvent souvent d’une défaillance en communication. L’un a des besoins mais ne les exprime pas, l’autre projette sur le conjoint des intentions et c’est la spirale infernale. Un outil qui fonctionne dans ce cadre (mais aussi en individuel et en entreprise) : l’Analyse Transactionnelle (AT).

L’AT procède du courant humaniste,
et s’appuie sur une grille de lecture de nos « transactions », nos comportements, les échanges que nous avons avec notre entourage et comment celui-ci, en réaction, agit vis-à-vis de nous.

Les patients apprennent à utiliser les trois facettes l’Enfant, le Parent et l’Adulte à bon escient afin de restaurer leur autonomie et améliorer la communication avec l’autre.

L’Enfant

C’est notre facette spontanée, émotive, intuitive, imaginative, impulsive. Celui qui parle et agit sous le coup de l’émotion est en contact avec l’Enfant. Ses réactions sont souvent passionnées. L’Enfant est énergique, curieux, aimant, non inhibé. Ses désirs, sa créativité, ses sentiments et ses émotions s’expriment avec naturel. Il peut être soumis ou rebelle.
La personne qui est adaptée sous le mode Enfant soumis veut plaire, se plie à des règles, à des valeurs ou à des injonctions parentales. Elle est souvent obéissante, recherche l’approbation de l’autre. C’est parfois la figure de la Victime. Celle adaptée plutôt sous le mode rebelle s’oppose à l’autre, aux figures de l’autorité (parents, patrons…). Elle répondra à la frustration en se fermant ou en protestant.

Le parent

La facette Parent amène la personne à se sentir et à agir de la même manière qu’elle a vu agir les figures d’autorité dans son enfance (parents, professeurs, patrons). Elle est même son propre parent en se donnant des directives conformes à celles de ses parents « fais pas ci, fais pas ça ».
Le Parent, c’est la transmission des valeurs morales, nos jugements, nos préjugés, nos injonctions, notre « surmoi ».

Il y a deux sortes de moi Parent

Le Parent critique, normatif. C’est la partie de nous qui juge, critique, qui émet des normes, qui évalue ce qui est bien ou mal. C’est la figure du Persécuteur quand on pousse à l’extrême.
Le Parent aidant, nourricier. C’est la partie de nous qui console, nourrit, aide, soutient, protège. C’est la figure du sauveur.

L’adulte

La facette Adulte se caractérise par l’esprit d’analyse et de déduction. C’est notre côté rationnel, objectif, réaliste, concret. Quand on est en contact avec l’Adulte, on peut choisir d’utiliser notre côté Parent ou privilégier notre côté Enfant. C’est un peu comme un logiciel qui traite l’information. Pas de jugement et d’émotion.

En couple, la facette Parent, Adulte et Enfant de l’un entre en contact avec les propres facettes Parent, Adulte ou Enfant selon le cas. Les transactions peuvent être observées et analysées (analyse transactionnelle) en termes d’états du moi (ou de rôles). Ce modèle permet de mieux comprendre les rôles joués par l’homme et la femme pour pouvoir les changer lorsqu’ils causent problème.

Le thérapeute doit être dans un état du moi adulte, à l’écoute de son état enfant et conscient de son état parent (protecteur, permissif, normatif…).

Il existe plusieurs sortes de transactions

Transaction simple

Une transaction est simple quand l’un envoie un message et que l’autre y répond simplement. Les deux sont sur « la même longueur d’onde :
– On va au ciné à 19h ?
– Oui, c’est la bonne heure, avec plaisir

Transaction croisée simple

Une transaction est croisée simple quand la communication est interrompue ou détournée de l’objectif initial.
– Où se joue le film ? (demande d’information Adulte qui appelle une réponse du même ordre)
– Tu aurais pu te renseigner avant ! » (réponse de Parent critique ce qui va très souvent chercher une réponse de l’Enfant (soumis ou rebelle selon le mode avec lequel je suis le plus adapté).

Transaction croisée double

Une transaction est dite croisée double quand se répondent en apparence des États du Moi spécifiques (exemple Adulte) et en même temps, à un niveau sous-jacent, d’autres États du Moi (exemple Parent-Enfant). Ici, c’est le niveau caché qui détermine l’issue de la communication.
– Beaucoup de couples partent en week-end (apparence Adulte mais en réalité Enfant)
– Chacun fait comme il veut (le conjoint semble répondre en Adulte, mais en réalité la réponse est Parent).

La transaction piégée !

Une transaction peut aussi être piégée. C’est ce qu’on appelle des doubles messages.
– Je suis bien contente de te voir rentrer
– Merci (réponse Adulte-Adulte), mais peut-être vous vous demandez « Est-elle vraiment contente ou se méfie-t-elle de mon retard ? »
Warning : les manipulateurs sont habiles dans les doubles messages. Sous des couverts de message Adulte à Adulte, ils vont chercher une réponse Enfant rebelle (révolte, agressivité, colère) ou Enfant soumis (peur, crainte).

Alors, lost in translation ?

A lire : l’Abc des émotions de Claude Steiner ou « l’alphabétisation émotionnelle « , une méthode en trois phases : comprendre ses émotions, comprendre celles des autres, les exprimer. Toutes les clefs pour nous libérer de nos peurs et transformer nos émotions négatives en énergie constructive.

Fiche pratique n°4 : se protéger des personnes malveillantes en entreprise

se protéger des personnes malveillantesLes entreprises regorgent de personnalités toxiques ou du moins malveillantes. Vous savez celles qui vous dévorent votre énergie, vous dénigrent ou vous tiennent en état de dépendance, celles qui voient toujours le verre à moitié vide. Le  management par la peur, la pression des résultats sont un terreau fertile pour qu’elles se développent, poussant  les collaborateurs à la démission ou au burn-out. Comment les repérer ? Comment les supporter sans déprimer ? Vous imposer ?

Ecoutez vos émotions, vos ressentis corporels.  Si vous êtes mal à l’aise en présence d’une personne, il y a peut-être anguille  sous roche. Evidemment il ne s’agit pas de devenir parano  mais de faire confiance à ses sensations. Des signes ? La personne suscite des réactions contradictoires, soit on l’adore, soit on la déteste ou bien, elle utilise toujours  un vocabulaire négatif.

La première chose à faire est d’en prendre conscience. Posez-vous des questions avec objectivité : est-ce moi  qui interprète mal les réactions des autres ?  Ces réactions sont-elles inacceptables ? Cette personne se comporte-t-elle mal avec tout le monde ? Ou suis-je  son bouc-émissaire ? Souvent, la confrontation avec une personne malveillante, même si je ne le souhaite à personne, permet de mieux se connaître, de grandir, de se transformer. Demandez-vous toujours : qu’est-ce que cela réveille en moi comme émotions ? Qu’est-ce que je projette sur cette personne pour que cela m’affecte à ce point ?

Votre collègue hyper sympa retourne sa veste ? Si vous  ne pouvez pas changer les autres, vous pouvez changer votre manière de voir les autres. Vous n’êtes pas censés les aimer et eux non plus. Il y a sans doute d’autres personnes plus saines à fréquenter dans l’entreprise.

Vous avez l’impression que votre chef est avare de compliments et  traque vos erreurs ? N’attendez pas de lui qu’il vous encourage et ne cherchez pas sa reconnaissance  s’il ne veut pas vous la donner. Cela ne remet pas en cause vos compétences, son comportement lui appartient. Le danger : chercher dans le travail une reconnaissance que vous n’avez pas ailleurs.

Vous avez l’impression qu’il est très injuste avec vous ? Prenez votre courage à deux mains et provoquez un rendez-vous plutôt que d’attendre  l’heure de l’entretien annuel. Car si vous ne vous affirmez pas devant lui,  vous allez perdre toute estime de vous. Prudence toutefois : ne l’attaquez  pas de front en l’accusant mais exposez ce que vous ressentez d’une manière calme et claire, dites « je ». Pratiquez la communication non violente.

 Vous avez l’impression qu’il vous harcèle ? Son arme : la déstabilisation. Les  pervers et les manipulateurs s’arrangent toujours pour vous faire douter de votre propre intégrité.  Mais ils n’ont de pouvoir que celui qu’on leur prête. Ce sont le plus souvent des personnes en souffrance. Surtout, ne vous positionnez pas comme une victime. Protégez-vous ! Dans un premier temps, il vaut mieux se taire car ce chef est sans doute intelligent et aura tendance à retourner vos arguments contre vous. Avant de vous défendre, élaborez une stratégie. Vous pouvez utiliser l’humour pour couper court à la conversation. Ne parlez pas de lui  quand vous n’êtes pas au travail. Plus vous parlerez de lui,  plus il s’installera dans votre tête. Il n’en vaut pas la peine !

Il ne réagit pas ? La situation s’empire ? Parlez- en à la DRH, au médecin du travail. Demandez votre mobilité, essayez de trouver un job ailleurs. En posant des actes, vous sortirez la tête hors de l’eau. Exemple : Géraldine  a rejoint le syndicat de sa boite et du coup, d’une part, s’est sentie plus forte, plus épaulée, d’autre part, a trouvé un sens à son job. Les idées que son chef ne prenait jamais en considération, elle a pu les mettre au service d’une cause de justice et  d’égalité qui lui tenait à cœur.

Repérez ce qui a du sens pour vous, justement. Travailler sur vos valeurs. Qu’est-ce qui me rend véritablement heureux ? Me donne envie de me lever le matin et de me défoncer ? Quand nous prenons conscience de nos qualités, nous sommes plus à même d’affronter la situation, avec humour, recul.  Bien se connaître permet de se  concentrer sur nos qualités  pour avancer en toute confiance. N’oubliez pas de porter en toutes circonstances un regard positif sur vous et  les autres. Reprogrammer votre créativité : elle aide à transformer les émotions négatives.

Apprenez à défusioner, à vous  désidentifier de votre entreprise.  Votre vie ne se réduit pas à votre job. ’( JE SUIS assistante, JE SUIS responsable des Achats, JE SUIS médecin…). Acceptez de ne pas être considéré ici à votre juste valeur et engagez-vous ailleurs. Si vous n’avez pas de signe de reconnaissance de la part de votre environnement professionnel, ne le mendiez pas. Ne plus subir pour être heureux ! Exemple : Joseph,  très créatif et énergique avait toujours rêvé de faire du théâtre. Il vient de s’inscrire dans une compagnie et quitte son bureau tous les soirs à 18h, sans culpabilité. « Avant, je partais dans les derniers afin de me faire bien voir. Maintenant, ma vie est ailleurs ».

Vous pouvez aussi mettre votre énergie dans une reconversion. Exemple : Isabelle suit une formation en coaching le week-end. « Ce n’est pas fatigant car passionnant et mon premier job est devenu alimentaire. Je n’y mets plus d’affect. Je sais que bientôt, je m’installerai et accueillerai mes premiers clients ».

Fiche pratique N°3 : restaurer la confiance en soi

restaurer la confiance en soiParler de soi en entretien, prendre la parole en public, décrocher son téléphone pour prendre un rendez-vous, se rendre à un dîner… Un déficit de confiance en soi peut transformer certaines obligations de la vie quotidienne en cauchemars. La confiance en soi, c’est l’idée que nous nous faisons de notre capacité à affronter une situation précise. La confiance en soi se construit.

1) Repérez dans votre discours intérieur ce qui est de l’ordre de la dépréciation de vous-même

Vous savez cette petite voix (le « saboteur », le « dictateur ») qui vous juge en permanence « tu es nul », « tu n’y arriveras pas », « tu es illégitime ».

Tiendriez-vous le même discours à  votre meilleur ami ? Savez-vous que le  discours négatif a un impact direct sur l’image que vous avez de de vous-mêmes ? Et sachez que lorsque vous vous dénigrez, les autres vous prennent au pied de la lettre. Vous claironnez que vous êtes maladroit ? Votre entourage va finir par le penser.

Exercice :

Listez chaque situation de dépréciation. Sur une échelle de 0 à 10, attribuez-vous une note de confiance pour chacune. Par exemple, lorsque je passe mon entretien d’évaluation avec mon manager, je me mets la note 3. Repérez les points communs entre chaque situation, l’émotion qui en résulte, votre ressenti corporel.

Conseil :

Et si vous remplaciez toute dépréciation par des pensées plus objectives ?

Les règles d’un discours bienveillant envers soi-même :

  • Se parler comme on voudrait qu’on nous parle
  • Formuler nos phrases positivement et poser un acte réaliste: « je vais tout faire pour réussir mon examen »
  • Etre en congruence avec notre message : ne vous mentez pas à vous-même. Si vous vous dîtes « je vais tout faire pour réussir mon examen », il faut que cela soit vrai.  
  • Formuler un message à l’affirmative et avec vos propres mots, ceux qui ont du sens pour vous. 

2) Revisitez votre passé pour mieux vous en détacher 

Nous avons introjecté les remarques souvent  négatives de notre famille, nos professeurs et plus tard, nos boss. Vous avez remarqué que notre entourage aime pointer du doigt  ce qui ne va pas ? (un instituteur souligne en rouge les fautes dans une copie mais ne souligne pas en rose les réussites). Et nous avons tendance à y croire dur comme fer. Vous avez dit « pensées limitantes  » ?

Identifier pour chaque période de votre vie, les « nœuds », les événements qui ont provoqué chez vous des émotions négatives, des humiliations, des frustrations.  Quels ont été vos ressentis ?

Evaluez les raisons de vos échecs passés, aussi bien professionnels que privés. En évitant de reproduire d’anciennes erreurs, vous ne pouvez que vous améliorer…

3) Repérez vos qualités présentes

  • Que réussissez- vous, sans y penser ? 
  • Qu’est-ce que ça vous dit sur vous-même ?
  • En quoi ces qualités font de vous une personne unique ? 
  • En quoi vous sont-elles utiles ?
  • Quelles sont celles qui sont un vrai plaisir ? 
  • Comment pourriez-vous les renforcer ?

Identifier ses qualités permet de renouer avec :

– L’estime de soi : le sentiment des qualités que nous nous reconnaissons est directement lié à la valeur que nous nous donnons à nous-mêmes

 – La confiance en soi : avoir conscience des qualités renforce la  confiance en soi au et permet d’affronter des situations nouvelles. Cela autorise à exploiter ses propres ressources, à être authentique ; dans son « soi » plutôt que de s’identifier à sa « persona ». 

4) Posez des actes

Si vous agissiez, osiez exprimer vos besoins et vos désirs ?  Un jour, vous vous ferez violence pour aller à un dîner qui pourtant vous intimide, un autre, vous accepterez une  mission qui vous sort de votre zone de confort.

5) Regardez l’autre en face

Votre patron vous regarde avec insistance ? Ne baissez pas les yeux et ne détournez pas la tête. Confrontez-vous à ce regard.

6) Créez le contact 

Tout le monde a le trac d’aborder une tierce personne ou de prendre la parole. L’évitement laisse une sensation d’échec, de frustration. Se dépasser, apporte la joie.

7) Ne choisissez pas des objectifs irréels

L’une  des clés de la confiance en soi est le réalisme. Segmentez  votre objectif en petites étapes intermédiaires. Cela vous encouragera  à atteindre vos buts.

8) Rapprochez-vous de vos valeurs, explorez votre créativité

Plus vous vous rapprocherez de votre « soi », de ce qui vous rend heureux, vous motive pour vous lever le matin, plus vous repérerez vos talents et les déploierez, plus vous restaurerez la confiance en vous. Chiche ?

Tempête de sable

36398-temp_te-de-sable-_-vered-adirSélectionné au Festival de Berlin, Grand Prix au Festival de Sundance, six Ophirs (l’équivalent israélien des Césars), Tempête de sable est le premier film de la cinéaste israélienne Elite Zexer.

L’entame : une jeune fille voilée, Layla (Lamis Ammar) conduit une camionnette sous l’œil complice de son père, Soulimane, (Hitham Omari). On se demande d’ailleurs, s’il ne s’agit pas d’un couple. Ils rentrent chez eux, dans un village de bédouins, au sud d’Israël, à la frontière de la Jordanie. Aujourd’ hui, justement, Soulimane prend une deuxième épouse. Et ce n’est certainement pas innocent si on passe d’une scène père/ fille à une scène père/nouvelle femme, puis père/première femme.

Jalila, la première épouse, elle, ronge son frein. Elle s’affaire pourtant pour préserver la tradition mais aussi, sans doute, son rang social. Découvrant dans le même temps que Layla est amoureuse, elle va muer sa tristesse en colère. L’une est délaissée, l’autre, aimée. Une émotion peut en cacher une autre. Elle interdit à Layla de revoir le jeune homme et même d’aller à la fac. Par jalousie inconsciente ou par convention ? Peut-être, à contrario, pour protéger sa progéniture du courroux paternel.

Layla, elle, se rebelle. Tient à vivre sa vie. C’est le choc des cultures. L’impossible cohabitation. D’un côté cette communauté close sur ses névroses, de l’autre, l’extérieur, la modernité.

Les rapports entre la mère et la fille, violents, dans la rivalité, s’adoucissent, se nuancent au fil du récit. La matriarche autoritaire devient plus protectrice.

Douloureuse zone de confort

A l’inverse, le père révèle sa rigidité. S’il avait l’air assez permissif au début, il impose un époux à Layla, à son insu, sans état d’âme. « Quand te décideras-tu à faire ce que tu veux ? » lui suggère sa première épouse. Il se dit contraint de se conformer à l’ordre social. Il est indécis, fragile, passe de la résignation à la brutalité.

Est-ce par loyauté envers sa cellule familiale, par stratégie pour sauver sa mère, par peur de la liberté nouvelle, que Layla renonce à l’amour et se résigne à rester parmi les siens, dans une douloureuse zone de confort ?

Si le thème de la condition de la femme au Moyen-Orient n’est pas original en soit, il est traité avec beaucoup de subtilité, d’esthétisme, de sensibilité. Aucune interprétation, aucun bavardage, c’est au lecteur de choisir et ressentir les multiples facettes des personnages. Touchants dans leurs contradictions.

 

La chevauchée fantastique

continuerm365735Continuer de Laurent Mauvignier. Le verbe à l’infinitif donne la tonalité du récit. L’auteur nous propose un voyage initiatique, cinématographique, un roman d’aventure et d’amour.

L’incipit ? Une scène d’action en Asie centrale : des voleurs attaquent une mère et son fils. Un couple les sauvent et les hébergent. S’ensuit la traversée d’un marais, dans lequel leurs chevaux s’embourbent, manquent de mourir.

Tout le long du récit, les mots de l’auteur sont haletants, généreux, débordants, d’une intensité cinématographique. Plans-séquences comme dans un western. Le discours indirect, l’emploi du monologue intérieur restituent précisément les sentiments.

Par des allers-retours entre présent et passé, on comprend qu’un instinct de survie a poussé Sybille à sauver son fils, ado perturbé, et à se sauver elle-même. Elle qui traînait sa déprime, alcoolique et sans désir en France, elle a imposé un projet insensé : un trek à cheval dans les montagnes du Kirghizistan. L’expédition de la dernière chance. L’énergie du désespoir. Le dépaysement et le mouvement permettent-il de se réparer ? De se réconcilier ? De rétablir le lien filial ?

Colère et peur de se diluer en l’autre, de devenir l’autre

« Continuer » est un touchant double portrait qui se dessine à travers le regard croisé du fils sur la mère, et inversement. Regard qui s’adoucit, paradoxalement, au contact d’un monde rude, sauvage, révélant sous la dépression de Sibylle une femme idéaliste capable de soulever des montagnes, et derrière le crâne rasé de Samuel, douceur et sensibilité. Jusque-là, la colère et la peur « de se diluer en l’autre, de devenir l’autre », animaient Samuel. Tenté par l’extrémisme, il idéalisait un père absent et jugeait sévèrement sa mère (pour fuir un climat incestuel ?). Victime de la mésentente de ses parents, d’un jeu pervers inconscient, réduit à un enfant-objet (de chantage).

La beauté du monde a un pouvoir de transformation. « Et c’est comme s’ils voyaient le ciel étoilé pour la première fois, tant il semble vaste, large, profond, réellement infini ». S’occuper des chevaux rapproche Samuel de sa mère « il la regarde avec l’envie de lui sourire – et peut-être même que depuis tout à l’heure il lui sourit vraiment, comme un fils peut sourire à sa mère, avec pudeur et amour, avec une forme de tendresse et de complicité qui se passe de mots parce qu’elle les contient tous dans le secret d’un sentiment qui les dépasse ». Il comprendra que Sybille n’est pas seulement une mère, elle est aussi une femme.
Petit à petit, par bribes, l’histoire de vie de Sybille se précise. Ambitions, amours, drames, déceptions, renoncements.

Lors d’une pause au bord d’un lac, Sibylle contemple le corps de son fils endormi. Elle dessine « une caresse qu’elle n’ose pas faire pour ne pas le réveiller ». Et plus tard, Samuel près de sa mère à l’hôpital n’ose pas la toucher « pas encore » et se contente d’écouter son soufflle. De même, Sybille avait « osé » écouter la musique de son fils ? (Heroes de Bowie). Samuel « ose » lire son carnet de voyage.

La dernière partie du roman est une conclusion/résolution : mère et fils ont conjuré leurs angoisses existentielles. « Aller vers les autres c’est pas renoncer à soi ». Telle est la leçon que Samuel aura comprise et, ainsi, il va murmurer à sa mère son envie de continuer le voyage avec elle.