Le neuro-atypique/hypersensible au boulot

Vous êtes hyper-sensible, hyper-cogitateur, hyper-émotif, hyper-réactif, hyper-vigilant, hyper-empathique, philo-cognitif, haut-potentiel, multi-potentiels, surdoué, précoce, zèbre, surefficient, bref, neuro-atypique ? Vous avez besoin de sens, d’engagement, d’authenticité ? Le bruit vous épuise ? Vous êtes perfectionniste ? L’injustice vous met en colère ? Il est essentiel d’accepter vos (belles) différences au travail et de les transformer en atouts. 

 Si le profil atypique * a des capacités intellectuelles hors-normes, il a aussi une façon de raisonner différente des autres qui entraîne parfois des difficultés pour s’intégrer au sein d’une équipe et pour « affronter » la hiérarchie. « Je pensais être border-line, je me rendais compte que mes collègues me trouvaient bizarre. Du coup, j’essayais désespérément de rentrer dans le moule. Maintenant, je réalise que c’est parce que je suis entière, je n’accepte pas le compromis. Trop honnête ! Finalement, c’est aussi à l’entreprise d’accepter mon profil et de miser sur mes atouts » analyse Sophie. Lucien, lui, constate « Je ne peux pas produire si je n’ai pas d’autonomie, si je dois rendre des comptes sans cesse, c’est infantilisant. J’ai l’impression d’être évalué en permanence. En même temps, la structure, le cadre, les relations sociales me rassurent ». Rien de paradoxal ! La Logique Emotionnelle nous apprend que le désir de sécurité repose sur l’équilibre entre la sûreté et la liberté.

L’Atypique ressent une impression de décalage entre ce qu’il est capable de faire et ce qu’on lui demande de faire. Je constate que beaucoup de jeunes patients, après des brillantes études, sont ainsi déçus par la « pauvreté » de leur premier job.

Qu’est-ce que je peux faire…

Lorsqu’il ne trouve pas de sens au travail, l’Atypique s’ennuie. Il décroche quand ses missions ne sont pas suffisamment complexes, lorsque les process sont trop lents. Il n’arrive pas à se concentrer sur les tâches sans intérêt et procrastine. « J’étais capable de pondre la stratégie de mon entreprise mais incapable de faire un tableau xcell. Du coup, mon boss croyait que je le faisais exprès » confie Laura.

Altruiste, généreux

L’Atypique est empathique (grâce aux fameuses neurones miroirs) « Ce monde est violent. Lorsque ma collègue s’est fait humilier par notre responsable devant les clients, j’étais sidérée! « exprime Joëlle. Elle déplore également le manque de communication. « Il n’y pas de véritables liens. Tout tourne autour de la compétitivité, du profit ». L’Atypique, altruiste, généreux, rêve d’harmonie, de solidarité, loin de l’individualisme ambiant. Un rêve pieu !

Sur-stimulé

Perméable aux sentiments de l’entourage donc, toujours en train de cogiter, d’anticiper, particulièrement réceptif aux bruits, à la lumière, à l’inconfort d’une étiquette « qui gratte », aux odeurs, l’Atypique, est tellement sur-stimulé qu’il a parfois du mal à fixer son attention. Surtout dans l’open-space. « La proximité m’agresse, c’est plus fort que moi : une collègue qui croque une pomme, une autre qui raconte sa vie privée …Je me coupe de mes ressentis pour survivre au risque de me perdre » évoque David, pourtant d’un naturel tolérant.

Un engagement sans failles

Mais quand il est motivé, valorisé, il témoigne d’une force de travail incroyable et d’un engagement sans failles. Perfectionniste, il peut s’épuiser à la tâche, a tendance à en faire trop. Ainsi, il est candidat au burn-out .« Je me suis mis mes collaborateurs à dos car, en tant que manager, je n’arrivais pas à déléguer, je faisais à leur place par crainte qu’ils ne fassent pas assez bien » constate Antoine. Parce qu’il ne se sent pas toujours à la hauteur, animé par un sentiment d’ imposture, il stresse facilement. « J’en fais beaucoup, je m’épuise pour me rassurer et cela ne fait qu’augmenter le stress, ma peur de l’échec et du licenciement ».  

Une remarque et il s’écroule

Soit l’atypique reste dans le faux-self, il se sur-adapte, soit, parfois, impulsif, il « dit tout », sans filtres. Il peut alors critiquer spontanément et se fait des ennemis. Et c’est un cercle vicieux : il va être critiqué à son tour, se vexer, se sentir blessé, ruminer. Car il suffit d’une remarque pour qu’il s’écroule. « C’est dur de réprimer ses émotions dans un monde lisse. Du coup, je refoule, je refoule puis j’explose, je me révolte. Mes collègues me regardent de travers et me trouvent caractériel et je me sens marginalisé » déplore Alexandre. Sophie, elle, préfère feindre l’indifférence. « Je ne donne rien à voir. Je suis en pilotage automatique, « autiste », focalisée sur ma tâche ».

Ses valeurs

Le manque de reconnaissance est cruel aussi pour l’Atypique. « Ma performance n’est jamais récompensée : ni par une augmentation, ni par un remerciement. C’est très décourageant ! « .

Un besoin impérieux de nouveauté, d’autonomie, de justice, de loyauté et d’authenticité l’anime et les valeurs de l’entreprise n’y répondent que très rarement. « Dans ma boite, on prône la bienveillance et pire, la diversité, mais c’est du marketing, de la Marque Employeur. Nous n’avons pas droit à l’erreur, ils craignent les différences. » s’insurge Damien qui aspire au « bien vivre ensemble ». « Le travail devrait se faire dans le respect et l’égalité ».

Une longueur d’avance

Il est à la fois très intuitif, clairvoyant, lucide et à la fois, naïf. En effet, il cerne très vite ses collègues, décèle les tendances, ce qu’il faudrait améliorer ou stopper. Il sait creuser pour trouver une info, la digérer, la distiller.  En revanche, il ne sait pas toujours bien argumenter. Il a à cœur l’intérêt collectif avant l’intérêt perso, assez rare en entreprise, mais il lui arrive de mal évaluer les jeux de pouvoir ce qui le fragilise dans des périodes délicates, de réorganisation, par exemple.

La route à suivre est évidente pour lui « C’est pénible d’attendre les autres, de végéter dans les réunions inutiles et de supporter le small talk. Sans me vanter, j’ai parfois une longueur d’avance. Quand je prends la parole, on ne m’écoute pas et il s’avère ensuite que j’avais raison. Très frustrant. Et les autres qui me trouvent impatient et suffisant ! » témoigne Julien.

Sortir des sentiers battus

Sa pensée n’est pas linéaire mais en arborescence. Il fonctionne par fulgurances et saute « du coq à l’âne » (du corps à l’âme…). Ce foisonnement peut être considéré comme un manque de structure. Or, au contraire, il permet d’anticiper des situations, de challenger, d‘innover. L’envie de bousculer les idées reçues, en fait un leader charismatique quand il est en confiance. Il a le sens de l’observation et le goût du détail. Ses idées fusent, son imagination est sans limites. Curieux, Il pousse les équipes à sortir des sentiers battus.

Comment s’en sortir ?

Tout d’abord, reconnaître, accepter vos différences et les transformer en atouts. Toutes vos qualités vous permettent de bien identifier les autres, d’innover avec beaucoup d’énergie, de vivacité et de finesse. Vous pouvez apporter une originalité salutaire dans le milieu très formaté de l’entreprise.

N’essayez pas de vous adapter à tout prix. C’est l’entreprise qui n’est pas adaptée à votre différence ! Notez les signes de reconnaissance positifs que votre entourage vous témoigne (il y en a) au boulot et à l’extérieur.

Trouvez la bonne distance pour ne pas vous identifier à des sentiments qui ne vous appartiennent peut-être pas. Abandonnez le rôle de sauveur ! Si vous vous préoccupez de vos collègues en difficulté, respectez aussi vos propres besoins.

Repérez vos croyances limitantes comme « Je n’ai pas le droit de réussir », « je ne suis pas capable de prendre des responsabilités » etc…Demandez-vous à quoi sert cette croyance (loyauté envers vos parents qui n’ont pas fait d’études, besoin de ne pas prendre de risques…). Petit à petit, vous « ajouterez » des croyances positives afin d’estomper celles qui sont limitantes.

Ressentez vos émotions. Demandez-vous quels besoins/désirs (de sécurité, d’identité, de sens…) se dissimulent derrière vos émotions. Cette émotion, comme le train, en cache- t-elle une autre ? Nous savons que nous nous autorisons certaines émotions et pas d’autres. Vous avez honte de pleurer ? Vous ne savez pas montrer votre colère ? Cela vous renvoie sans doute à votre enfance et aux « ordres » de vos parents… Vous partez au quart de tour lorsque vous vous avez un différend avec votre collègue, et ensuite, vous vous culpabilisez ? Mieux vaut quitter l’open – space avant de déclencher la tempête et attendre que votre humeur s’apaise. Et toujours, ralentir, traverser l’émotion en se connectant à la sensation. Encore et en corps !

Boostez votre confiance en vous ! Vous vous sentez en total décalage dans votre entreprise ?  Il y a peut-être d’autres missions qui vous correspondraient plus ? Agissez-vous en fonction de vos valeurs ou de vos peurs ? Plus vous vous sentirez à votre place, plus vous aurez confiance en vous. Vous avez peur de l’échec ? Nous apprenons de nos erreurs. Work in progress !

Nourrissez votre désir d’identité en vous affirmant, en motivant vos refus, en faisant respecter vos limites.

Rendez visible votre travail et argumentez-le car qui est facile, évident, intuitif pour vous ne l’est pas forcément pour les autres.

Choisissez un management assertif si vous êtes chef ( et n’hésitez pas à le devenir, vous en avez l’étoffe !) pour exprimer et défendre vos droits et vos idées sans empiéter sur ceux des autres.

Reposez-vous ! Vous subissez des variations d’énergie au cours de la journée, de l’excitation à l’effondrement ? Vous êtes sujet à la fatigue, à l’épuisement ? Ecoutez les signaux de votre corps. Isolez-vous pour mieux vous concentrer ou écoutez de la musique avec un casque (pour adoucir les mœurs), accordez-vous une courte sieste. Pratiquez régulièrement la méditation ou la cohérence cardiaque. Osez fuir les repas à la cantine et expliquez que vous avez un besoin vital de vous ressourcer.

Changez de statut. Vous avez pensé, sans doute, à vous mettre à votre compte, à créer votre propre métier et organiser votre vie autour de votre mode de fonctionnement atypique ?L’intraprenariat permet trait d’être en harmonie avec  vos valeurs (autonomie, authenticité…) et votre créativité. Mais attention à ne pas vous laisser déborder par trop de contraintes administratives ou à partir dans tous les sens à cause de votre perfectionnisme et votre enthousiasme. Il faudra composer avec une éventuelle précarité et supporter la solitude.

 Pour simplifier, j’ai choisi le terme d’Atypique, englobant tous les « sous-profil »s (HP, hyper-sensibles etc…)