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Le goût des autres

cirque-consolation-14303_w1000Traverser la France en train, l’été. Aller de nouvelles rencontres en retrouvailles, à l’Origine des autres.

Là, je reviens d’un stage extraordinaire, dans une nature arborée et magique. Se reconnecter à l’essentiel (l’essence du ciel), par la voix, le yoga et la méditation. J’ai fait baisser mon taux de cortisol, stimulé mon ocytocine et mes endorphines et augmenté mes vibrations. Non, non, je ne deviens pas perchée…

Portée par l’énergie groupale. Jeunes femmes sensibles, débordantes de féminité, retraités  splendides, cinquantenaires nostalgiques ou énergiques,  à l’orée de la vieillesse.

Partager avec beaucoup de courage et d’humilité des expériences authentiques, dans le corps, dans l’intention et l’engagement. Asanas et mantras.  Cesser de s’ accrocher à nos croyances, de nous comparer, de nous juger, de nous culpabiliser, de projeter sur l’autre nos envies refoulées ou nos parts d’ombre. Arrêtons  les « il faut que » et la quête permanente de développement, le diktat de la perfection et du bonheur surfait !

Lâcher-prise, sortir un son comme une émotion, respirer et inspirer, libérer nos  blocages psychologiques par la posture. Se rassembler, s’unifier au-delà des normes, des injonctions et se connecter  à sa propre lumière, à la sagesse et à la joie enfantine. Nous apprécier enfin avec nos creux et nos bosses. Se faire confiance. En conscience. Dans la fluidité et la bienveillance.

Du premier au dernier souffle, se nourrir de la saveur des autres et oser rencontrer et offrir la nôtre. A l’issue de ce stage,  nous avions tous le même âge, le même sourire et le même cœur.

Pour en savoir plus : www.lecorpsenchantant.com et https://www.stephaneayrault.com/

 

 

 

 

Switch ou pas switch ?

Vous êtes encore en  vacances, les pieds dans l’eau, et déjà, le vague à l’âme en songeant à la rentrée. Ral bol des bullshit jobs ? Vous vous demandez même si vous n’allez pas négocier une rupture conventionnelle et lancer votre start-up à l’autre bout de la France ? Vous pesez le pour et le contre ?  

Il est difficile de lâcher la proie pour l’ombre mais la proie, avouez-le, ne vous fait plus vibrer, et l’ombre ressemble plutôt à une lumière, un phare qui pourrait guider votre quotidien.

En premier lieu, demandez-vous laquelle des options envisagées (partir ou rester) vous rapproche le plus de la personne que vous êtes vraiment. Qu’est-ce qui vous donne envie de vous dépasser, de vous lever le matin ? Quelle trace voudriez-vous laisser sur cette terre ?

Les croyances limitantes freinent vos désirs 

C’est trop risqué” vous souffle une petite  voix ?  Essayez de discriminer les risques réels, concrets, matériels, des risques dictés par votre peur. En d’autres termes, avez-vous peur de ne pas pouvoir vivre de votre activité, c’est légitime,  ou avez-vous peur du regard des autres si vous vous plantez ? Demandez-vous quelles seraient les conséquences d’un échec, à part malmener votre ego ? « Ce n’est pas le bon timing » insiste également la petite voix. Vous remettez à plus tard, sous prétexte de ne pas avoir toutes les infos ou  les bons partenaires ? Certes, vous ne pourrez pas tout contrôler et le risque O n’existe pas. On ne vous demande pas de foncer à l’aveugle mais, une fois votre business plan effectué, lancez-vous. C’est en forgeant qu’on  devient forgeron.

Il s’agit de prendre ses responsabilités, d’adopter une posture existentialiste. Pour vous aider à prendre les bonnes décisions, votre raison et/ou votre intuition, complémentaires,  sont de précieuses alliées. Cerveau gauche et cerveau droit à donf !

J’utilise personnellement avec mes clients  la thérapie de l’ACT. L’art-thérapie est un bel outil aussi : collages, écriture spontané peuvent révéler des désirs enfouis et clarifier les choix. Vous pouvez également user de la visualisation : entrez dans un état méditatif et élaborez le scénario de la réussite. Ou bien, renouez avec votre côté enfant,  inventif, intrépide qui ne craint pas l’avenir et vit dans l’ici et maintenant. Connectez-vous à vos sensations. Elles vous apporteront peut-être la bonne réponse. Le corps sait (quand il n’est pas comprimé dans un corset).

Par prudence,  fixez-vous des points avec vous-mêmes ou avec un coach afin de réévaluer vos choix. Lâche ton trapèze et attrape le suivant, dirait Olivier Clerc !

Besoin de sécurité avant tout ?

Il existe aussi des alternatives. Si vous êtes en poste, vous pouvez tenter une mobilité interne ou un temps partiel, histoire de monter votre propre entreprise, en parallèle. Je rencontre de plus en plus de personnes qui cumulent deux boulots : l’un, salarié, parfois alimentaire (principe de réalité), l’autre, en indépendant, souvent passionnel, (principe de plaisir) et qui jonglent parfaitement avec cette situation, y trouvent leur équilibre.

Ce compromis correspond souvent à un besoin de sécurité, de structure. En logique émotionnelle®, ce besoin – qui a pour émotion corolaire la peur – repose à la fois sur la sûreté (avoir un salaire fixe, des horaires, minimiser les prises de risques) et la liberté ( pouvoir créer à sa guise, décider sans s’en référer à la hiérarchie).

En vous engageant avec votre cœur, en mobilisant votre énergie et votre Soi, au-delà de la persona (du masque social), en vous appuyant sur vos valeurs, vos talents, bref, en étant bien aligné, vous mettrez toutes les chances de votre côté. Vous allez rencontrer de grands kifs et de grands moments de solitude mais n’est-ce pas cela la vie ?

A l’instant, je découvre cet article.

motivation et burn out

Maintenir la motivation et prévenir le burn-out : les 5 bonnes résolutions de la rentrée

image 4Voici les 5 bonnes résolutions pour prévenir le burn-out et soutenir la motivation. Bon, je vais enfoncer des portes ouvertes avec mes petits conseils déjà lus et vus partout. Pourtant, parfois, se les remémorer permet d’affronter avec plus d’envie et de motivation la rentrée.

Résolution 1 : ritualiser  sa journée  et s’imposer une discipline salvatrice

Pour recharger vos batteries dans la journée, avant une échéance stressante, évacuez les tensions, videz-vous la tête des ruminations incessantes, détendez votre corps, visualisez votre réussite et respirez ! Je conseille à mes patients stressés de pratiquer au bureau la cohérence cardiaque. Accordez-vous aussi une micro-sieste. Vous pouvez par exemple vous isoler un  quart d’heure. Puis, redressez-vous, relevez la tête et les épaules, trouvez une posture digne qui vous donne confiance.

C’est bête comme chou mais le bordel n’aide pas forcément à la concentration et à la motivation. Alors, n’hésitez pas à supprimer les mails inutiles (ceux qui ne servent absolument à rien à part à justifier le job des uns et des autres, à se faire mousser) et à vous désabonner des newsletters insipides. Vous pouvez aussi cleaner votre bureau d’ordi comme votre bureau matériel. Tous ces dossiers inutiles qui s’accumulent ! Ces photocopies qui endommagent notre planète ! Optez pour le O papier et utilisez le management visuel : des post-its  de couleurs et de formes différentes feront l’affaire.

Pourquoi ne pas tenir votre  journal de flow ? L’idée est de comprendre et analyser les moments de la journée qui vous procurent de l’énergie, du plaisir ou de l’ennui pour mieux vous connaître et ajuster vos actions.

Adoptez aussi une alimentation équilibrée. En cas de stress, essayer de ne pas engloutir de la « »nourriture doudou » sucrée qui favorise  les coups de pompe. Il faut savoir stabiliser sa glycémie et préférer des aliments complets. Avant un rendez-vous important, prenez un fruit et quelques amandes qui peuvent même remplacer le repas de midi. Pensez à vous hydrater toute la journée. Méditez aussi avant le repas !

Résolution N°2 : échanger les savoirs  et travailler en équipe

Il est souvent très difficile d’imposer son savoir dans l’entreprise, surtout si un chefaillon n’y est pas favorable. Pourtant, proposer à un collègue de l’aider dans une tâche et oser lui demander à notre tour de l’aide peut booster l’estime de soi, faire gagner du temps. Si vous managez une équipe, veillez à ce que vos collaborateurs progressent, montent en compétences, sans jugement à l’emporte-pièce. Même le plus démotivé a certainement une expérience à partager. (dans transmission, il y a mission). Il peut s’appuyer sur ses passions et ses valeurs par exemple pour se révéler. Plus vous aurez confiance en lui, plus vous le laisserez prendre des initiatives, plus il se sentira intégré, apprécié et deviendra « performant ». Si ce n’est pas le cas, c’est qu’il n’est pas à sa juste place et souffre peut-être d’un manque de reconnaissance. Si vos Ressources Humaines sont humaines, proposez-lui de les rencontrer, de faire le point.  Il y a certainement une formation pour lui.  Parfois, un changement de job et ça repart ! Des collaborateurs heureux délivrent à tous les sens du terme. Et ce sont les meilleurs ambassadeurs de votre boite !

Même si votre  entreprise n’a pas encore  basculé d’une organisation hiérarchique du travail à un fonctionnement collaboratif, initiez au sein de votre service des groupes d’intelligence collective. Travailler en équipe stimule la créativité et l’innovation. Les échanges entre collègues incitent à la remise en question. L’union fait la force.

Résolution N°3 : oser vivre ses émotions

Evidemment, faire une crise de nerfs dans l’open space n’est pas envisageable. Mais pour autant, ne mettez pas un couvercle sur la cocotte-minute de vos émotions car, soit vous allez les refouler et exploser devant la « mauvaise » personne, soit, vous allez les transformer en bobos ou maladies psychosomatiques. Ronger son frein ne réussit à personne ! Vous pouvez :

  • Conscientiser le contexte qui a déclenché cette émotion (la situation) comme une réflexion déplacée d’un collègue.
  • Identifier précisément l’émotion et sa couleur. De la tristesse ? Oui, mais plutôt de l’accablement, de la déprime ou de la mélancolie ?
  • ressentir la sensation : comment se manifeste-t-elle ? Nœud dans l’estomac, migraine, mal de ventre…et focalisez-vous sur ce resenti plutôt que de vous apitoyer mentalement sur votre sort
  • observer votre réaction : fuite dans le mutisme, sidération, agressivité…
  • comprendre votre besoin : quel besoin se cache derrière ? Reconnaissance, sécurité. Comment pourriez-vous faire pour satisfaire ce besoin ? Prendre la parole  et le nommer, vous réfugiez dans une image positive.
  • Vous demander : est-ce la bonne émotion ? Une émotion peut en cacher une autre ! On s’en autorise certaines mais pas d’autres.
  • Evacuer l’émotion ! Soit vous vous dites ou exprimez à votre interlocuteur « je suis en colère » ou « je suis triste » ou « j’ai peur », soit, mieux, isolez-vous et extériorisez-la physiquement par un cri, des pleurs… même la peur peut être libérée physiquement.
  • Et Travailler sur vos blessures : qu’est-ce que cette émotion vient réactiver ?

 Résolution n°4: pratiquer la communication non violente  (CNV) et revendiquer vos besoins

La communication non-violente est une façon de s’exprimer sans agressivité ni rapport de force. Elle bannit le « tu qui tue » comme dirait Jacques Salomé. Vous prenez la pleine responsabilité de votre communication et de vos actes, sans accuser l’autre. Pour schématiser :

  • Décrire objectivement la situation sans juger ni interpréter
  • Exprimer vos sentiments et votre attitude par rapport à la situation si elle vous  pose problème
  • Clarifier ses besoins car votre interlocuteur ne peut pas les deviner.
  •  Faire des demandes concrètes, réalisables, précises et formulées positivement Ainsi, vous pouvez, par exemple, exprimer à votre responsable vos sentiments par rapport à une situation. Et elle implique la réciproque : écouter l’autre sans jugement et avec une (vraie) bienveillance

Résolution N°5 : accepter l’échec et dire non pour s’affirmer

Certains salariés qui me consultent sont terrorisés par un éventuel échec, en particulier les plus perfectionnistes et les hyper-sensibles. Ils ont l’horrible impression (et ce n’est pas toujours qu’une impression) qu’ils sont attendus au coin du bois par leur chef tout-puissant. Quel dommage ! L’échec fait partie de l’apprentissage, on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs ! Comme les enfants, nous apprenons de nos erreurs. Work in progress.

A quoi cela vous sert d’accepter des deadlines que vous ne pourrez pas tenir ? Une mission que vous ne maîtrisez pas ? Dire non, même à la hiérarchie, c’est faire respecter ses limites. Bien sûr, vous devez motiver votre refus mais vous sentirez la colère s’atténuer et vous serez tellement satisfait de vous affirmer !

trois visages de Jafar Panahi

3 visagesDrame écrit, réalisé et joué par Jafar Panahi. En  sélection officielle au Festival de Cannes, il a reçu le Prix du scénario.

La comédienne iranienne Behnaz Jafari, dans son propre rôle, reçoit via instagram  la vidéo (première mise en abyme) d’une jeune fille de la campagne iranienne  qui se pend en direct dans une grotte, métaphore de l’obscurité/l’obscurantisme. Motif : ses parents ne veulent pas qu’elle devienne actrice. Vraie vidéo ou manipulation ? Un brin borderline, Behnaz demande à son ami Panahi, le réalisateur lui-même,  de l’accompagner sur le lieu de la tragédie.

Un peuple schizo

Ils découvrent qu’il s’agit d’un mensonge, un appel au secours. L’ado ne s’est pas suicidée mais elle est frustrée, empêchée de vivre sa vocation, exactement comme Panahi, interdit de tourner dans son pays.  Dénonciation d’un peuple schizo qui aspire à la liberté tout en imposant au pouvoir des censeurs fondamentalistes ?

Enkystés dans une malédiction

 Un taureau couché en travers de la route (symbole de virilité, thème récurrent) empêche  nos deux célébrités de rentrer chez eux. Coincées dans ce village, comme enkystés dans une malédiction, ils vont l’arpenter et faire d’improbables rencontres.  L’occasion d’évoquer l’Iran, ses traditions, sa méfiance vis-à-vis des urbains, sa dramatique religion, son régime patriarcal mais aussi l’hospitalité  de certains habitants. En arrière-plan,  une vision de la place des artistes dans ce pays. Certaines scènes sont truculentes : les  villageois reconnaissent la comédienne mais s’en détournent quand ils comprennent qu’elle est progressiste ; un vieux père  leur confie le prépuce, conservé dans du sel, de son fils pour le remettre à un acteur.

3 générations

Le récit prend son temps, délicieusement. Et le réalisateur rend hommage ça et là à son mentor, Kiarostami, dont il fut l’assistant (Où est la maison de mon ami ou  Le Goût de la cerise). Il  dépeint en particulier 3 visages, 3 femmes, 3 beaux portraits, 3 générations  : l’héroïne, la jeune fille dont on a coupé les ailes, et une vieille actrice du temps du shah,  bannie et recluse, qui danse encore, pourtant, dans l’intimité de sa modeste cabane et dont on ne verra jamais le visage, d’ailleurs.

Voir la bande-annonce, cliquez ici

Everybody knows

everybody-knowsEverybody knows  d’Asghar Farhadi.  On se croirait dans un Almodovar  trop sage : même casting, même Espagne.

Laura (Penélope Cruz), exilée à Buenos – Aires, se rend avec ses deux enfants sur sa terre natale pour les noces de sa sœur. Les retrouvailles avec sa famille et avec Paco (Javier Bardem) – on comprend vite qu’il s’agit de son ex –  sont  simples et chaleureuses. Une parole, un regard et les liens se renouent naturellement.

L’amorce, muette, préfigure pourtant un drame. La  fête qui suit est radieuse,  ensoleillée. Le spectateur « vit »  la séquence du mariage comme s’il y était. Rires, chants, danse. Une carte postale.

La jeune génération symptôme des fantômes des générations au-dessus

Et le drame, effectivement, arrive. Irène, fille de Laura, est kidnappée. Comme dans toute trame psychogénéalogique, la jeune génération  est le symptôme  des failles, des non-dits, des fantômes des générations au-dessus. Ce motif est récurrent dans la filmographie de Farhadi. On pense à Une séparation, Le passé.

Les secrets de famille éclatent au grand jour : le mari de Laura n’est pas le riche architecte fantasmé par ceux qui sont restés au pays,  il est alcoolique, dépressif et au chômage. D’ailleurs, il  n’est même pas le père de sa fille car le père, c’est Paco.Everybody Knows.

Névrose de classe ?

Paco ? L’anti-héros, le justicier qui va essayer de retrouver les rançonneurs ( pourquoi soupçonner d’abord ses ouvriers agricoles ?). Le dindon de la farce qui se sacrifie. Par loyauté envers sa fille biologique ? Par amour pour son ex, tout simplement ? Au nom d’une névrose de classe ? Il ne se sent pas forcément légitime socialement. D’ailleurs, le père de Laura lui rappelle qu’il est le fils de leur domestique et l’accuse même de spoliation.

Certes les thèmes sont galvaudés (l’argent qui envenime les relations, la filiation… ), les signifiants parfois grossiers (gros plan sur les chaussures pleines de boue de la présumée kidnappeuse),  le scénario plus consensuel que dans les opus précédents  mais, de révélations en  fausses pistes, le cinéaste tricote quand même un thriller psychologique rythmé et habile.

Mon cabinet de curiosités

1069911_10201486958233115_1927086048_n (1)Face à un « patient », j’ai le devoir d’être curieuse et d’orienter sa propre curiosité. Avec passion et enthousiasme.

Oui, mon cabinet est un cabinet de curiosités.

La curiosité, quand elle n’est pas associée à l’intrusion, est une vraie qualité. Un joli défaut. «Je n’ai pas de talents particuliers. Je suis juste passionnément curieux » affirmait Einstein.

Etre disponible, à l’écoute, prêt à nous dépasser

Etre curieux, c’est avoir soif de savoir, d’apprendre, de connaître. Enrichir nos expériences. Comprendre le sens des choses, du monde. Etre disponible, à l’écoute, prêt à nous dépasser.

La curiosité a pour corollaire à la fois le désir et la volonté.

Elle influence notre capacité d’apprentissage et d’analyse et stimulerait même la production de nouveaux neurones.

C’est aussi  la capacité à remettre en question les idées reçues, les habitudes. Sortir de notre zone de confort, affirmer notre singularité. Regarder le monde d’un œil inédit, le redécouvrir. Changer son regard. Elle prend alors la forme du courage. Courage d’être soi.

La racine de l’innovation, de l’imagination

Etre curieux, c’ est s’ouvrir à l’autre, s’intéresser à lui, lui poser les bonnes questions l’aider à faire des liens. S’intéresser au groupe, aussi, observer la manière d’entrer en contact de chacun. La curiosité participe de la faculté d’adaptation, d’évolution, de transformation.

C’est évidemment la racine de l’innovation, de l’imagination. Inventer, se réinventer.  Etonner. Surprendre. Renouer avec notre âme d’enfant.

Associée à la création, la curiosité est même vitale en thérapie.

L’éducation bienveillante, fondamentale dans la construction du cerveau

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Le cerveau se développe surtout avant les 5 premières années et s’achève aux environs de 25 ans même s’il reste plastique. Il  sécrète en permanence des molécules chimiques et provoque des réactions électriques. C’est sans doute le morceau de l’univers le plus complexe avec ses cellules qui s’enchevêtrent et qui ont chacune une fonction bien déterminée. Les recherches actuelles montrent à quel point l’enfance est fondamentale dans  la construction du cerveau  humain. La clé de l’équilibre serait l’éducation bienveillante.

D’accord, nous le savions intuitivement,depuis longtemps, mais aujourd’hui, les neurosciences affectives et sociales* confirment que, d’une part,  le cerveau de l’enfant est beaucoup plus immature que nous l’avions imaginé jusqu’ à présent et, d’autre part, qu’une grande partie de ce cerveau est dédié aux relations sociales. Ainsi, l’environnement relationnel et affectif, dès la vie intra-utérine, va agir sur notre  cerveau cognitif en profondeur (facultés d’apprentissage, de mémorisation, de réflexion) et sur notre cerveau affectif. Catherine Gueguen explique que cet environnement relationnel et affectif influence la sécrétion des molécules cérébrales,  le développement des neurones, la myélinisation (la substance blanche qui entoure l’axe des neurones), les synapses (connections entre les neurones), les circuits neuronaux. Il  modifie les structures cérébrales, l’axe neuro – endocrinien (régulateur de stress) et l’expression de certains gènes. Rien que ça !

Importance de l’empathie dans l’éducation

Chez l’enfant, le cerveau étant vulnérable et malléable, les relations sociales vont avoir énormément  de répercussions sur son  comportement, l’expression de ses  émotions, sa physiologie, sa santé. Un enfant élevé avec empathie a beaucoup de chances de devenir empathique, un enfant élevé dans la violence a beaucoup de chance (ou plutôt de malchance) de devenir violent. La parole est essentielle, la psychanalyse ne nous contredira pas !

Nos trois cerveaux

Nous aurions trois cerveaux : le reptilien, le  limbique et  le néocortex, bien connectés les uns avec les autres.

 Le cerveau archaïque (reptilien) , que nous  avons en commun avec les reptiles, sert à notre survie (le « crocodile » de Catherine Aimelet Périssol). Il est constitué du tronc cérébral et du cervelet. Il est la clef de notre système défensif, attaché à la survie et commande nos réflexes de fuite, de lutte ou de sidération.

Le cerveau émotionnel (le système limbique) que nous  partageons avec tous les mammifères, est composé de l’hippocampe, de l’hypothalamus et de l’amygdale. Il a un rôle régulateur du cerveau archaïque. Il est tempéré par le cerveau supérieur, le néo-cortex, afin que les émotions ne soient pas trop envahissantes. Il a un rôle aussi dans l’apprentissage et la mémoire. IL réagit instantanément à nos pensées et envoie l’information au tronc cérébral, provoquant diverses réactions dans notre corps.

Le cerveau supérieur, le néo-cortex, représente 85 % du volume cérébral. Divisé en plusieurs lobes, il est le siège de l’apprentissage (comme le cerveau émotionnel), des perceptions sensorielles, du langage, de la conscience, des commandes motrices volontaires,  de la présence dans l’espace…Le lobe préfontal permet le raisonnement, la résolution des problèmes, l’empathie, l’imagination, la conscience de soi…

Nos émotions sont des signaux qui nous renseignent sur nos besoins

Les émotions sont biologiques. Elles nous renseignent sur nos besoins, permettent la connaissance de soi, condition essentielle pour nous construire et faire les choix qui nous correspondent vraiment. Il faut simplement accueillir ce que nous ressentons, sans jugement. Quand nous avons des émotions « positives », nous sommes en adéquation avec ce que nous vivons. En revanche, les émotions « négatives » indiquent que notre vie n’est pas conforme à nos désirs.

Déconnection et censure

Il arrive que les adultes soient déconnectés de leurs émotions. D’une part, parce que, face à des maltraitances, des humiliations,  ils ont  construit,  enfant, une cuirasse protectrice, d’autre part,  parce qu’ils n’ont pas eu  le droit d’exprimer des  émotions désagréables « je t’interdis de pleurer, je t’interdis de râler ». Antonio Damasio  a découvert que les patients qui ont le cerveau émotionnel lésé n’étaient plus capable de choisir leur conjoint, leur métier, leur lieu de vie, alors que leur intelligence était normale.

La maltraitance verbale et physique a des répercussions à l’âge adulte

L’ amygdale est le centre de la peur. Elle stocke tous les souvenirs de façon inconsciente pour  toute la vie. D’où, parfois, l’utilité d’exercices de régressions en thérapie, lorsque l’adulte est en souffrance et ne parvient pas à conscientiser ses traumatismes.

L’hyppocampe (référence à l’animal marin, dont il prend la forme) a une place centrale dans l’apprentissage et la mémoire consciente et  à long terme. Il  fabrique des neurones pendant toute notre existence. La maltraitance verbale ou physique diminue le volume de l’hyppocampe alors que l’empathie  va le développer.  Ainsi, la peur du regard de l’autre, les comparaisons induites par les notes, les « fautes » pointées du doigt altèrent l’apprentissage. Quand l’enfant a peur, il apprend mal,  a de mauvais résultats,  se sent en échec et risque de faire une phobie scolaire (le « burn-out des petits »).

 Votre enfant mord ou hurle à la crèche ?

Souvent, ce  sont les cerveaux archaïques et  émotionnels qui s’expriment. L’enfant ne sait pas pourquoi il est en colère, triste ou a peur. Comme le démontre Isabelle Fillozat, il ne s’agit absolument pas  de caprices ni des troubles pathologiques du développement ! Il a besoin d’être sécurisé, materné, consolé. Il faut également l’aider à exprimer ses émotions, à mettre des mots dessus. Car il n’a pas la possibilité physiologique de s’apaiser seul. L’attitude douce et chaleureuse de l’adulte, le ton, le son de sa voix, le regard participent de la bonne évolution de son cerveau. Au contraire, s’il n’est pas entouré dans l’enfance, il pourrait  ensuite avoir des tendances dépressives, anxieuses, agressives, être enclin aux addictions et au suicide, dépourvu de compassion pour autrui et de sens éthique. Les adultes très violents auraient le lobe préfontral atrophié, justement parce qu’ils n’ont pas eu une enfance protégée.

Ainsi, lorsqu’une personne en cabinet ne s’exprime pas bien et présente des troubles dissociatifs, il y a des chances qu’elle ait été maltraitée dans son enfance. Une parole humiliante suffit à retarder le langage. Le rôle du thérapeute est alors de restaurer la sécurité de base par exemple,  par l’haptonomie et la Communication Non Violente (CNV) ou la logique émotionnelle. Le patient s’entraîne à  verbaliser ses ressentis. Le travail d’auto-empathie, le non-jugement peuvent transformer l’adulte et donc ses propres rapports avec les enfants.

Du rire aux larmes

Une autre structure importante dans le développement du cerveau de l’enfant : le corps calleux qui réunit les deux hémisphères cérébraux. Si l’enfant passe sans transition du rire aux larmes, c’est parce que son corps calleux n’est pas complètement achevé. En l’aidant à exprimer ses émotions par des mots, il va activer son cerveau gauche et harmoniser petit à petit ses deux hémisphères. De même, grâce aux  fameuses neurones miroirs, l’enfant va « apprendre » les gestes qu’ils voient, imiter les comportements, vivre  les émotions de l’autre. Là encore, les adultes participent entièrement au développement du cerveau de l’enfant. Enfin, une étude monte que le stress et les traumatismes de la petite enfance peuvent diminuer les télomères, ces morceaux d’ADN, non codant, situé à l’extrémité de chaque chromosome et qui servent à les protéger.

 Et nos hormones ?

Le système neuro-endocrinien agit sur les surrénales qui déclenchent le cortisol qui peut altérer certaines zones cérébrales et détruire ou inhiber la croissance des neurones. Le système sympathique sécrète l’adrénaline et la  noradrénaline. Quand leur taux est normal, nous sommes bien préparés à l’activité physique et intellectuelle. Mais lorsqu’il est élevé, nous avons trop de lipides et nos artères peuvent se boucher (même celles des  enfants !).Le  cerveau archaïque est alors sollicité et nous sommes dans l’attaque, l’inhibition ou la fuite, l’hyper-  activité provoquée par le stress. Le système para – sympathique, au contraire, apaise et régule les émotions. Savez-vous que dès que vous consolez un enfant, vous activez son  système para – sympathique ?

Sécréter des molécules de bien-être

L’ocytocine est  l’hormone du lien, de l’amour, de la bienveillance. L’échange harmonieux, un regard chaleureux, un mot affectueux, un câlin, un baiser, un bain d’eau chaude, la tétée favorisent la sécrétion de l’ocytocine et donc engendrent la coopération à l’école ou l’intelligence collective à l’âge adulte. L’ocytocine agit sur les structures cérébrales  qui permettent de percevoir les émotions. Elle favorise l’empathie car elle aide à  décrypter les expressions du visage et des yeux (le regard est le reflet des émotions)  et à les interpréter. Du coup, elle stimule la confiance, l’altruisme, rend disponible, sans craintes, sans stress.

L’ocytocine déclenche la dopamine, l’hormone du plaisir de vivre, de la créativité, de l’innovation, de la curiosité. Elle active les circuits cérébraux du système motivation/récompense. Elle  nous conforte dans nos élans, nos projets, nos rêves. La dopamine déclenche également  les endorphines, les hormones du bien-être et la sérotonine qui stabilise notre humeur. Le stress bloque ces molécules : si l’éducateur est dans l’autoritarisme, l’enfant ne peut plus apprendre et n’éprouve plus de plaisir alors que le soutien, lui, conforte ses projets.

 Jouer et rire est fondamental chez l’enfant

Le jeu/je et la joie associée fertilisent la croissance des circuits entre le cortex pré-frontal et l’amygdale et participent à l’  intelligence sociale et émotionnelle. Les jeux de contact, particulièrement, ont des effets anti-anxiogènes naturels. L’enfant a besoin d’espace, de s’épanouir, de bouger, de libérer ses fonctions motrices. Rester assis toute la journée en classe est un paradoxe. L’éducation ne devrait pas être qu’intellectuelle. Il ne faut pas oublier l’émotionnel et le corps ! D’où l’importance des thérapies psycho-corporelles, ludiques et la méditation avec les patients trop « dans la tête ».

Ainsi, l’éducation aimante et ludique, l’histoire familiale construisent des personnes responsables. Et lorsque ce n’est pas le cas, l’adulte, heureusement, peut parfois résilier (merveilleux concept !) ou se lancer dans une thérapie pour comprendre et transformer ses schémas initiaux, travailler sur ses blessures. La relation thérapeutique est  salvatrice. Et restructure le cerveau. Il n’est jamais trop tard pour aller mieux !

* Elles ont pour champ d’études les émotions, les sentiments et les capacités relationnelles.

 Bibiographie :

Catherine Aimelet-Périssol : comment apprivoiser son crocodile

Christel Petitcollin : émotions mode d’emploi

Antonio Damasio : L’erreur de Descartes

Isabelle Fillozat : il n’y a pas de parents parfaits

Catherine Gueguen : Pour une enfance heureuse

Daniel J. Siegel et Tina Payne Bryson : le cerveau de votre enfant

(Source de l’image: le site « nos pensées »)

Et si sous chaque relation se cachait une peur archaïque ?

promenade_nVous avez trouvé le boulot de vos rêves, le mari idéal…Et puis, au fil du temps, insidieusement, la belle relation débouche sur des conflits et leur cortège de stress, frustrations, engendrant parfois la rupture. Et si la peur, émotion racine, se cachait sournoisement derrière ces défaites, derrière des émotions parasites (une émotion en cache souvent une autre) ?

Notre première peur a été vécue lors de notre naissance (et souvent avant, in utero). Nous avons quitté un ventre protecteur pour atterrir dans un monde  inconnu, sans doute agressif. C’est une sorte de mort. Un passage/pas sage. Une perte. Et même si l’accouchement de notre mère s’est bien déroulé, même si nous avons été accueillis à bras ouverts (imaginons quand ce n’est pas le cas ! ), il y a défusion. Notre venue au monde est un traumatisme.

Alors, peut-être qu’inconsciemment, nous nous acharnons à déployer, depuis, des stratégies pour ne plus revivre ce moment, cette souffrance archaïque ? Peut-être que  l’intention sous-jacente de beaucoup de nos comportements relationnels est l’évitement ?

Et derrière cet évitement, la peur de perdre. Perdre son masque social (la persona) et montrer son vrai soi qui pourrait ne pas être « aimable ». Peur de l’inconnu, du changement. Peur de perdre le contrôle, de faire péter la structure, et de s’écrouler. Peur de perdre la vie. Peur en tous cas de perdre l’autre. Peur du conflit, de la rupture.

Peur des responsabilités

Avez-vous remarqué que nous ne prenons pas souvent la responsabilité de nos paroles et de nos actes ? On emploie le « On », impersonnel (on pourrait faire ci ou ça) plutôt que de s’affirmer comme un « je » (j’ai envie de faire ci ou ça)…Notre chef nous reproche de ne pas respecter un délai ? Notre conjoint nous reproche de ne pas l’écouter ? Aussitôt, nous nous justifions  ou nions les faits au lieu d’assumer la situation. Nous rejetons la« faute » sur l’autre par peur de ne pas être parfait, peur de perdre l’amour, la reconnaissance.

Nous pouvons même exercer des pressions sur l’autre afin d’obtenir ce que nous voulons. Traduction : culpabilisation, chantage affectif, posture de la victime ou du sauveur. C’est paradoxal : la peur de perdre nous dicte des conduites pas cool. Vous avez dit auto-sabotage ?

Changer l’autre par peur de l’inconnu

Autre stratégie inconsciente : vouloir que l’autre se comporte comme nous voulons exactement qu’il se comporte, vouloir le changer à tous prix. L’idée est de se rassurer : l’autre n’est plus un inconnu, il est à notre image…Cette illusion de toute puissance annihilerait l’angoisse du changement, de la perte,  rendrait comme immortel.

Mais alors comment être dans une relation constructive ?

L’Analyse Transactionnelle (AT), la Communication non Violente (CNV), la Logique émotionnelle ®, la méthode Espere ® peuvent être de précieux outils.

  1. Conscientiser tous ses schémas et ses parts d’ombre. Nous pouvons réaliser notamment que le jeu/je de l’autre a besoin de notre propre jeu/je pour exister et donc désamorcer d’emblée les rapports de forces.
  2. Exprimer et assumer ce que je ressens, c’est-à-dire prendre la responsabilité totale de ma réalité. Il s’agit de reconnaître ce que j’ai fait et dit, faire des demandes claires et courageuses, expliciter ce que je pense sans avoir peur de perdre l’autre.
  3. Ne plus prendre l’autre en charge. Cela ne veut pas dire ne pas aider et écouter. Au contraire, c’est reconnaître l’autre, ses différences, et n’intervenir que s’il nous le demande. Halte à la culpabilisation et au rôle de sauveur !
  4. Avoir des projets ou des attentes explicites par rapport à l’autre. Lorsque nous lui demandons quelque chose, il faut accepter de recevoir un refus. De même, oser demander à l’autre ce qu’il attend précisément de la relation (au boulot, comme en couple). « Qu’attends-tu de moi ? ».
  5. Se faire confiance : écouter ses émotions et ses ressentis corporels

Les émotions représentent notre boussole interne. Elles nous informent sur la façon dont nous nous sentons dans un moment particulier, sur notre relation à l’autre et sur nos besoins. Par exemple, la peur induit un besoin d’être rassuré.

Il est essentiel (essence du ciel) aussi d’écouter ses ressentis, ses malaises, ses somatisations (douleurs, maladies…) car elles « pointent du doigt » nos dysfonctionnements. En médecine chinoise, par exemple, la peur est associée aux reins. Un « vide du rein » peut survenir après une grande peur.

  1. Provoquer des confrontations constructives

Pourquoi ne pas provoquer des confrontations (le contraire des conflits) dès qu’un « souci »  est ressenti, plutôt que de laisser pourrir la situation ? « Quand tu dis cela/quand tu fais cela, je me sens inutile, je perds mes moyens ». C’est la meilleure façon d’apprendre sur soi, sur l’autre et sur la relation et partant, de co-évoluer !

  1. se respecter et respecter l’autre

Se respecter c’est identifier ses besoins, les nommer, poser des actes et établir clairement ses limites « Là, tu ne respectes plus mes besoins ». De même, nous devons écouter l’autre lorsqu’il exprime ses propres besoins et ses propres limites. Savez-vous que la colère sert à mettre des limites et à chasser l’intrus ? Elle permet de se respecter justement.

  1. Tirer des conclusions de ses expériences douloureuses. Vous vivez une rupture ? C’est douloureux mais derrière toute tristesse, un nouveau chemin se dessine car la tristesse est un signe de disponibilité pour la nouveauté. Essayez de réfléchir à ce que la relation vous a appris sur vos fonctionnements afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs.

Plus vite vous dépasserez vos peurs, plus vite vous allez à nouveau vous remettre en route. Alors, même pas peur ?

Plus de jus dans l’open space

plus de jus dans l'open spaceAu boulot, vous avez le sentiment d’être inutile, d’effectuer des tâches dépourvues d’intérêt ? Du coup, vous vous désinvestissez surtout si votre job va à l’encontre de vos valeurs ou de vos idéaux ? Il n’y a plus de jus dans l’open space !Jusqu’où peut-on faire semblant de bosser quand il n’y a pas de sens ?

Le terme brown-out  signifie, mot à mot : baisse de courant. Et par analogie, baisse de jus, d’entrain dans son job. Cette pathologie est cousine germaine du bore-out, l’ennui au travail. À l’inverse du burn-out, elle ne  se manifeste pas de façon violente. 

Déjà en  2013, l’anthropologue américain David Graeber dénonçait l’invasion des bullshit jobs (« boulots de merde ») : des emplois rongés par des activités aussi chronophages qu’inutiles, notamment dans les métiers de services. Marc Estat, auteur de l’ouvrage « Néantreprise »  évoque le  quotidien absurde, les réunions  insipides, le  jargon corporate grotesque. Dans « Boulots de merde! Du cireur au trader, enquête sur l’utilité et la nuisance sociales des métiers », Julien Brygo et Olivier Cyran dénoncent, eux, les méfaits du « lean management »  qui ne laisse plus aucun répit aux salariés.

 Sentiment d’aliénation

« je  travaille en pilotage automatique, sans aucune motivation. Mes  tâches sont répétitives. Je me sens placardisée. Même les stagiaires ont un taf plus exaltant ! » se plaint Carine. Son travail est devenu une corvée. Son manager ne lui donne que des « usines à gaz » à gérer.  En réunion, elle se replie sur elle-même. « Du coup, je me jette sur des sucreries en fin d’après-midi et je pars avant tout le monde ». C’est le cercle vicieux : moins elle est motivée, moins on lui donne de responsabilités.

Même son de cloche du côté de François « je ne comprends pas la finalité de mes  missions d’où un sentiment d’aliénation ». Il a perdu le sens de l’humour. Un rien le fait sortir de ses gongs. « J’ai du mal à dormir et ma vie de famille s’en ressent ». Parfois, il a l’espoir de se voir confier un dossier intéressant… mais cela ne vient pas.

Honte, colère, tristesse

Serge est enseveli par les tâches secondaires qu’il doit accomplir et qui n’ont rien à voir avec sa fonction d’expert. Il ressent de la honte, de la colère et de la tristesse. De l’incompétence aussi « je ne suis pas formé pour cela, je me sens ridicule et empoté ». Je l’encourage à prendre rendez-vous avec sa DRH pour lui démontrer qu’il serait bien plus productif s’il pouvait se recentrer sur des missions à valeur-ajoutée relevant de son expertise et de ses compétences. Même si cela ne mène à rien, il aura au moins la satisfaction d’avoir tenté. Défendre ses valeurs est primordial. Il doit aussi accepter d’évoluer, de se former pour s’adapter à de nouvelles contraintes professionnelles. Et surtout, ne pas perdre confiance. « Votre boulot est incompatible avec votre personnalité, cela ne remet pas en cause vos talents ».

Réactiver ses blessures

Ce mal-être engendre fatigue, irritabilité, dépression, insomnie. En outre, le salarié désengagé perd l’estime de soi, surtout, si les collègues de l’open-space semblent s’éclater. Ne pas « produire » quelque chose d’utile est dévalorisant, voire dégradant. De quoi réactiver les blessures* ! « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Je me sens toujours rejeté, humilié, abandonné. C’est injuste » se plaint Serge.  Je lui demande : « Comment pourriez-vous faire pour ne plus être dans la répétition ? »

Elodie a décidé de lâcher son  travail de cadre sup dans la banque, pourtant très bien rémunéré. Coup de tête ? Instinct de survie ? Principe de plaisir contre principe de réalité ?

Le syndrome de l’agenda vide

Mathilde a longtemps pesé le pour et le contre avant de se « libérer ». C’est la crainte du syndrome de l’agenda vide. « J’ai peur de me retrouver seule chez moi ». Nous avons travaillé sur son repositionnement. « Qu’est-ce qui est vraiment important pour vous ? » Un jour, la pyramide de Maslow* s’est inversée : l’accomplissement de soi est devenu aussi important que ses besoins physiologiques ou ses besoins de sécurité. Un projet s’est dessiné, puis concrétisé : elle a engagé une procédure d’adoption, mettant sa vie professionnelle entre parenthèses.

Beaucoup de personnes se reconvertissent dans le développement personnel, l’artisanat ou dans la création d’une start-up. L’herbe est plus verte ailleurs. Cela s’appelle « le courage d’être soi ».

Quelles solutions pour faire face ?

  • Efforcez-vous de provoquer des instants positifs dans la journée : un déjeuner avec un collègue, une séance de sport, un coup de fil à un ami entre midi et deux.
  • Demandez-vous quels sont les bénéfices secondaires de votre job : le salaire, le besoin de sécurité, les horaires…
  • Développez à l’extérieur votre créativité, votre désir d’innover, de recevoir, de réseauter…
  • Essayez la sophrologie, la méditation, le yoga, apprenez à lâcher prise, à prendre du recul. Un psychothérapeute ou un coach peuvent vous aider.
  • Envisagez une mobilité interne ou externe ou créer sa propre boite.

*Le psychologue Abraham Maslow distingue cinq grandes catégories de besoins. Il considère que la personne  passe à un besoin d’ordre supérieur quand le besoin de niveau immédiatement inférieur est satisfait. En résumé :

  •  Les besoins physiologiques (faim, soif, sexualité,…).
  •  Le besoin de sécurité 
  •  Le besoin d’appartenance 
  • Le besoin d’estime 
  • Le besoin de s’accomplir 

*La thérapeute Lise Bourbeau parle des 5 blessures de l’âme :

  • Le rejet,
  • l’abandon,
  • l’humiliation,
  • la trahison,
  • l’injustice.

 

La posture existentielle est essentielle

La posture existentielle est essentielle

« Regardez par la fenêtre des autres. Essayez de voir le monde comme votre patient le voit » déclare le très inspirant Irvin Yalow. Thérapeute intégrative, je revendique aussi une posture existentielle.

En séance, j’ insiste toujours sur le fait que je ne « sais » pas à la place de mon « patient ». Je ne suis là que pour l’accompagner, lui suggérer des pistes, proposer les outils qui me semblent les plus justes. Je ne me considère pas « toute puissante », j’ai aussi mes failles et je lui signale. Et si cela peut l’aider, j’évoque mon vécu «  Je suis aussi passée par là, je sais comme c’est douloureux mais on s’en sort ! »  De même, j’utilise le contre-transfert (j’ai été formée à la psychanalyse ferenczienne…) je lui livre mes sensations « Lorsque vous me dites cela, je me sens triste ». Je m’implique en toute transparence, en toute égalité.

Se dévoiler

Je l’encourage à se dévoiler. Le dévoilement du thérapeute permet d’ailleurs le dévoilement du patient. Il va trouver  sa « vivance », son positif, son talent, ses valeurs, ce qui fait sens pour lui. Je suis heureuse de contribuer à cela. L’ouvrir à son potentiel. Réaliser et se réaliser. Ensemble. Notre relation est une co-création, une aventure à deux. Un enrichissement mutuel.

Pénétrer l’univers de l’autre

Le « patient » évolue quand le thérapeute, en totale empathie, pénètre son univers. Il  se sent totalement compris. « Quand je réfléchis à votre relation avec votre mari, voici ce que je comprends (…) ai-je raison? » Evidemment, il  est difficile de savoir précisément  ce que ressentent les « patients ». Le danger serait de projeter sur eux nos propres émotions. Se demander toujours :   Qu’ est – ce qui appartient au « patient » et qu’est-ce qui  m’appartient à moi ?Jamais je n’interprète, lui sert des « solutions » stéréotypées et scolaires. C’est lui qui va rechercher en lui-même ses réponses. Le « patient » sent.

C’est une personne responsable

Il est libre d’agir, de se transformer même si son inconscient a beaucoup d’imagination, que son passé lui joue de sales tours, que ses gènes le gênent. Je considère mon « patient » comme une personne responsable.  Malgré tout. Etre responsable, c’est s’engager, être acteur de sa thérapie.

Il ne s’agit pas, bien sûr, de nier la souffrance de l’autre.  Je m’intéresse  à l’origine du « nœud » (les étapes de vie, les traumatismes, les blessures) mais pour mieux les dépasser. A un moment, mon « patient »  été obligé de mettre en place des mécanismes de défense mais sont- ils  encore nécessaires ?  Est-il utile de s’identifier aujourd’hui à sa souffrance ?

Je l’invite à explorer

Même si je pressens le « bon » itinéraire, jamais je ne l’entraîne sur un chemin qu’il n’a pas encore envie d’emprunter. Chaque chose en son temps. Mon « patient » donne le rythme. Je le respecte. A moi de savoir bien déplacer le curseur. Une de mes premières « patientes » m’avait consultée pour une souffrance au travail. Très vite, beaucoup trop vite, je l’ai entraînée sur le terrain « perso ». Elle a pris peur et a mis un terme à sa thérapie.

J’invite le « patient » à  explorer, expérimenter, à travers des dispositifs corporels, créatifs et verbaux.  Il procrastine, ressasse, soliloque ? Je lui suggère d’écrire, de dessiner, de chanter, méditer, respirer. S’incarner. « Cela vous fait quoi d’évoquer cette scène ? », « Votre réaction nourrit quel besoin ? » Emotions, sensations, comportements sont convoqués.

A noter : je propose des approches que j’ai éprouvées moi-même soit en formation, soit en thérapie, soit en supervision.

La thérapie est un microcosme social

Mon cabinet est un (petit…) laboratoire. Les liens interpersonnels du « patient »  avec son entourage se manifestent inévitablement dans l’ici et maintenant de la relation thérapeutique. J’ouvre grand mes  yeux et mes oreilles ! Les éléments de la séance, mêmes nsignifiants, ses actes manqués, sont des indices du comportement du « patient » à l’extérieur. Posture, regards, façon d’entrer et de sortir, de payer, d’arriver en avance ou en retard, d’oublier la séance font sens.

J’ai confiance en lui et je lui dis

Je considère toujours toutes ses dimensions : intellectuelles, physiques, spirituelles, sexuelles et les différentes facettes de sa personnalité, toutes les instances de son « moi ».

J’ai confiance en lui et je lui dis. L’approbation sincère de quelqu’un qui le connait dans son intimité est d’un très grand réconfort.Moi-même avec mon superviseur… J’assure le service après-vente : mes « patients » savent qu’ils peuvent me joindre entre deux séances. Car  je m’implique totalement ave chacun comme si je n’en avais qu’un. Chacun est unique et notre relation aussi. L’existentialisme est un humanisme, dixit Sartre.