Archives de catégorie : Blog

Embarquement immédiat: le programme pour faire éclore ses talents ( reporté )

  Je co-anime ce groupe de 10 personnes maximum avec Henri-Pierre Bru, spécialiste en bilan de carrière ou de compétences, et en thérapies brèves. Nous mettons en commun nos expériences complémentaires du monde de l’entreprise.

Prochain départ :  septembre 2021

Vous envisagez de vous orienter ou vous réorienter ? De vous vous ressourcer et de vous rapprocher de vos valeurs ? De découvrir vos talents ? De concrétiser un rêve ?  De créer du lien ?

Dans ce monde en mouvement, nous avons de plus en plus besoin de sens, de congruence, de changer plus souvent de job. L’incertitude nous amène à nous réinventer et se réinventer devient même une nécessité : certains emplois, bientôt, n’existeront plus et les emplois de demain sont encore à imaginer. Déjà, de nouveaux modes de travail émergent : free-lance, start-up, digital nomades…

Les méthodes de management actuelles sont souvent vécues comme obsolètes, infantilisantes pour les partisans de l’autonomie et de l’intelligence collective.

Et si vous osiez franchir le pas vers votre accomplissement professionnel ? Explorer, choisir et rebondir ? Il est temps de faire éclore vos talents ? Il n’y a plus qu’à embarquer…

Votre carnet de bord 

Du bilan de compétences au pitch final, en passant par l’accueil des émotions ou l’apprentissage de la Communication Non Violente, nous vous proposons un parcours fondé sur vos valeurs, votre besoin de sens, vos engagements, vos talents. A travers des exercices, en binôme et en groupe, alliant créativité et conscience corporelle, laissez-vous embarquer ! Vive l’intelligence collective !

A qui s’adresse le programme ?

Etudiant, vous cherchez votre voie ou souhaitez changer d’orientation, trouver le job qui vous ressemble? Jeune cadre, vous ne vous sentez pas à votre place dans l’entreprise, pressé comme un citron? Quinqua en quête de sens, vous désirez vous engager pour la dernière partie de votre carrière dans un métier en accord avec vos passions ? Demandeur d’emploi et rêvez de monter votre start-up ?

Notre programme collaboratif s’adresse à tous ceux qui désirent redessiner leur parcours professionnel, faire le point. Il n’y a pas d’âge pour nous rejoindre ! La diversité est notre force : nous aimons mélanger les générations et les origines sociales, les uns apprenant des autres.

Il y a quoi dans ce programme ?

Un parcours en plusieurs séquences, de la connaissance de soi à l’affirmation de son projet :

 Appréhender votre fonctionnement/Affirmer vos valeurs/identifier vos peurs, vos croyances, vos blocages/Vous engager dans la durée/ Privilégier le sens/Repérer les signes de reconnaissances, les atouts, les talents, les ressources/Ancrer votre confiance en vous et votre estime de vous/Traverser vos émotions et comprendre vos besoins/Prévenir et gérer le stress/Oser créer, bouger, lâcher-prise/Improviser et prendre la parole/Préparer son pitch

Les formules: 

 Booster. 4 sessions de 4 heures. 16h d’accompagnement en groupe, 10 h de « bonus » pour vous exercer chez vous, un groupe Facebook privé pour vous entraider et retrouver les documents.  Le mardi de 9h à 13h

Starter. 8 sessions de 2 heures 30, 16h d’accompagnement en groupe, 10 h de « bonus » pour vous exercer chez vous, un groupe Facebook privé pour vous entraider et retrouver les documents.  Le lundi de 18H à 20H30

Prochains départs : premier trimestre 2021

 Tarif: 2100 euros HT et TTC

Bonne nouvelle : notre programme est éligible à un financement CPF, Pôle Emploi ou Entreprises. Contactez-nous  pour  des renseignements supplémentaires ou pour un devis gratuit sur mesure.

 

 

 

 

La culpabilité au placard !

Se sentir coupable, c’est porter un jugement négatif et moralisateur sur nous-même et sur nos actions alors que, bien souvent, personne n’a remarqué notre « faute » ou que tout simplement, nous n’avons pas commis de « faute ». C’est un écho subjectif dans notre conscience qui varie en fonction de notre religion, de notre culture, de notre éducation, de notre caractère. Mea culpa.

En règle générale, la culpabilité est très présente chez l’hypersensible. Elle s’origine sans doute dans la conscience de la différence. Qui n’a pas eu des réflexions blessantes de ses proches sur son atypisme « Tu ne fais rien comme tout le monde », « Tu ne sais pas faire simple », « Tu es trop sensible ». S’ensuivent ce sentiment de décalage et cette peur d’être rejeté. « Qu’est-ce que les autres vont penser ? » murmure la petite voix du saboteur interne. Et voici la culpabilité cognant à la porte du cerveau ! Il se culpabilise aussi de ne pas être complètement dans l’instant présent.  « Je me regarde vivre comme si j’étais dans un film, je me coupe de mes amis, je me réfugie dans ma bulle, mes pensées multiples, mes projets, alors que je suis heureuse pourtant d’être avec eux  » avoue Coralie.  Et c’est l’inévitable frustration.

Nous sommes vraiment coupables de quelque chose ?

Déjà, assumons la responsabilité de nos actes et leurs impacts, sans chercher à nous justifier, avant que le remords nous ronge. Agissons ensuite pour réparer nos éventuelles erreurs. Enfin, tirons les enseignements de ces erreurs pour qu’elles ne se reproduisent plus. Bref, utilisons la culpabilité comme une invitation au changement. Car si nous ne pouvons pas changer le passé ni annuler un acte que nous regrettons, nous pouvons nous réconcilier avec nous même en adaptant nos comportements.

Déni et évitement

La honte n’est pas loin. Nous nous voyons comme une « mauvaise personne », nous nous sentons inférieur. Or, la honte n’est pas constructive. Au lieu de nous encourager à présenter nos excuses ou à réparer les pots cassés, elle nous paralyse et peut nous pousser au déni ou à l’évitement.

D’un autre côté, l’absence totale de culpabilité est problématique. Les magistrats pour mineurs attestent que si de jeunes personnes n’ont aucun sentiment de culpabilité quand ils commettent un délit grave, elles ont moins de chance de de faire un chemin positif de reconstruction d’identité. La culpabilité sert alors à freiner nos pulsions destructrices ou meurtrières, prendre conscience de la souffrance de l’autre ?

Nous nous sentons coupables d’actes qui ne dépendent pas de nous ?

La culpabilité s’étend alors à tout ce « qu’il y aurait à faire » et que nous ne faisons pas. « Je me sens coupable de mon confort alors que des gens meurent de faim et que j’aimerais sauver la planète » confie Astrid, hypersensible, qui endosse en permanence le rôle de la sauveuse. Déjà, posons-nous systématiquement la question « Est-ce que je suis responsable de la situation ? ». Faire la différence entre culpabilité et responsabilité !

Transgression des interdits

Lorsque nous sommes accablés par une lourde culpabilité, nous sommes incapables de profiter de la vie, nous nous punissons nous-même. La notion de « péché » n’est pas loin !

Par exemple, Rebecca s’accorde une demi-heure pour souffler mais se sent prise d’angoisse. Elle sabote ce temps libre en pensant à ce qu’elle « devrait faire » : étendre le linge, appeler sa mère, faire ses comptes… « Le repos est interdit et là, je transgresse cet interdit et je culpabilise ». Il est intéressant de savoir d’où vient cette croyance. Rebecca se souvient que ses parents s’activaient énormément et lui reprochait sa « paresse » lorsqu’enfant, elle « bullait »

Se faire bien voir

La culpabilité peut nous aider à préserver nos relations au risque parfois de ne pas savoir dire « non ». C’est l’histoire d’Eric, salarié hypersensible et perfectionniste qui s’auto-flagelle dès qu’il pense ne pas avoir complètement bien fait son job (syndrome de l’imposteur) et reste au boulot jusqu’à l’épuisement « pour se faire bien voir ».

Très souvent donc, la culpabilité est complètement déplacée. On parle, par exemple, de la culpabilité de l’infirmière : lorsque, comme Rebecca, nous ne pouvons pas aider ceux qui en ont besoin. On parle aussi de la culpabilité de séparation : nous avons l’impression de nous focaliser sur nos besoins aux dépens de ceux de notre entourage, tel ce couple qui part en week-end sans ses enfants. On parle encore de  la culpabilité de déloyauté lorsque nous faisons des choix contraires aux attentes de nos parents et de la société. Ainsi, beaucoup de patients sont tiraillés entre l’envie de plaire à leur famille et leurs envies personnelles. Cela peut engendrer énormément d’anxiété et l’émotion est vite oppressante et lourde au sens physiologique du terme.

 Culpabilité du survivant

On parle enfin de la culpabilité du survivant : nous nous sentons coupable d’avoir survécu à une guerre, une maladie, un accident, un licenciement, alors que les autres non pas eu cette chance. Sur la question de la responsabilité collective, abordée notamment par Karl Jaspers dans « La culpabilité allemande » après la guerre, ouvrage dans lequel il parle de tous ceux qui ont survécu en assistant impuissants à des actes injustes et criminels, certains philosophes proposent de ne pas faire prendre en charge la responsabilité collective par l’individu. Celui-ci est seul responsable de ce qu’il aurait pu faire et n’a pas fait.

Responsabilité et société

D’ailleurs, c’est souvent la société qui engendre la culpabilité. Elle induit des interdits nécessaires (le surmoi, la morale) et affirment le caractère répressif des institutions. C’est le principe de plaisir contre le principe de réalité. Cette dualité  peut entraîner de l’agressivité. Nous introjectons l’agressivité en angoisse. Evidemment, elle est aussi engendrée par la religion. « C’est ma faute, c’est ma très grande faute ». Enfants d’Adam, d’Eve, et même de Caïn dont les parjures nous condamneraient encore. De là, une culpabilité liée au fait même d’exister, d’être un homme, si faible et limité face à Dieu…

La culpabilité « écran »

Très tôt, un enfant peut se sentir coupable en particulier lorsqu’il est le spectateur de drames familiaux. « Quand mes parents se disputaient, je pensais toujours que c’était à cause de moi. Je me sentais nulle, incapable d’aider » confesse Ludivine, véritable éponge à émotions. Certains psychanalystes comme Moussa Nabati expliquent que l’enfant est confronté à un “impossible interne”, c’est-à-dire qu’il il se trouve impuissant à écarter, à neutraliser un mal le touchant lui ou ses proches.

Parfois, notre culpabilité est une culpabilité « écran » : ce dont nous nous sentons réellement coupable s’est joué dans notre passé ou dans celui de nos ancêtres (culpabilité transgénérationnelle). La culpabilité de l’enfant peut être même le symptôme de secrets de famille. Ce sont les fameux fantômes chers à Bruno Clavier. Nous avons refoulé les  faits et il n’en reste que des culpabilités dont l’objet s’est déplacé. Pour Philippe Grimbert, la culpabilité inconsciente se traduit fréquemment par la crainte d’une catastrophe imminente. Nous n’avons pas le droit d’éteindre heureux.

Retrouver la scène traumatique

Ce sentiment s’enracine fréquemment dans les  phases de notre développement – le sevrage, l’apprentissage de la propreté – (pouvant entraîner des troubles alimentaires ou des constipations psychogènes) ou de la phase oedipienne (je suis coupable d’avoir désiré mon parent du sexe opposé). En retrouvant la scène traumatique, nous pouvons comprendre de quoi nous nous punissons vraiment.

Rendre ses responsabilités à l’autre

Le sentiment de culpabilité peut provenir d’un transfert de responsabilités. Lorsque nous ressentons de la culpabilité vis-à-vis de quelqu’un, c’est parce que nous portons souvent un « sac à dos » qui ne nous appartient pas. C’est particulièrement vrai pour les hypersensibles qui font passer les besoins et les problèmes des autres avant les leurs. Or, il faut savoir s’occuper de ses propres fardeaux en priorité. Nous n’avons pas à porter systématiquement ceux des autres ! Ai-je vraiment le pouvoir et le devoir d’agir sur ce problème ? Si ce n’est pas le cas, rendez ses responsabilités à l’autre !

Volonté de contrôle

Avez-vous remarqué que certains préfèrent se sentir coupables qu’impuissants ? La culpabilité cacherait alors une volonté de contrôle, de « toute puissance ». Penser que l’on est responsable d’autrui vient d’une inflation de notre sentiment de responsabilité.

Et savez-vous que nous critiquons chez les autres les comportements que nous nous interdisons ? Si vous réfléchissez aux critiques que vous formulez à l’endroit de votre entourage, vous découvrirez vos propres interdits. Un exemple ? Jade critique le côté extraverti de sa meilleure amie. Il est fort à parier qu’elle s’interdit l’extraversion et une part d’elle, plus ou moins inconsciente, a envie, justement, d’extraversion. Elle a d’ailleurs le courage de se demander « Quelles sont les injonctions familiales à propos de l’extraversion ? En quoi est-ce mal d’être comme cela ? En quoi est-ce bien ? ». Elle conscientise alors qu’elle peut « lever l’interdit » et choisir d’être extravertie.  Il est temps pour elle de devenir adulte et de se détacher du désir parental !

 Chantage affectif

Enfin, certains se servent de la culpabilité pour échapper à leurs responsabilités, sous forme de chantage affectif. « Tu ne vas pas à en rajouter, je me culpabilise assez ! », « avec tout ce que je fais pour toi, tu n’as pas le droit d’être malheureux », « cela me rend malade quand tu ne réussis pas à l’école ».

Pour Paul Ricoeur, en revanche, la culpabilité est une prise de responsabilité, dans le sens de « répondre à » et « répondre de ».  Cela rejoint le concept d’imputation morale prôné par Kant. « Prendre la mesure du tort infligé à un autre, et mettre ce tort en relation avec moi comme auteur, fait de la culpabilité un sentiment sain et positif. » Autrui serait la clé pour ne pas céder au repli sur la seule culpabilité.

Culpabilité et maladie

Freud avait souligné que le sentiment de culpabilité peut être corrélé à la maladie. La personne se punit par la souffrance. Elle ne sent pas coupable mais malade. « La satisfaction du sentiment de culpabilité inconscient est peut-être le poste le plus considérable du bénéfice de la maladie ». Plus généralement, il a postulé que la culpabilité se traduit par des symptômes comme la névrose obsessionnelle, l’autodépréciation mélancolique, la résistance à l’approche de la guérison et même le recours à une conduite criminelle par désir de se voir infliger un châtiment appelé « masochiste moral ». Il est essentiel que nos patients malades fassent le lien entre culpabilité et maladie. « Au fait, de quoi vous vous punissez ? »

L’objet du désir

Ajoutons que la culpabilité est en lien avec le désir. Pour Lacan, en particulier, il n’y a pas de désir sans interdit ni d’interdit sans désir et la culpabilité tient à la structure même du désir..

Et si nous conservions alors un peu de culpabilité pour rester un « animal social » et entretenir notre désir ? Cela ne nous empêchera pas de nous occuper avant tout de nos problèmes personnels, ceux sur lesquels nous avons le pouvoir d’agir ? Apprenons à discriminer la culpabilité moteur de progression de la culpabilité mortifère. En prenant l’entière responsabilité de nos actes, sans se croire responsable de l’autre, nous nous débarrasserons d’un trop plein de culpabilité. Et toujours se demander « A quoi me sert cette culpabilité ? Que se cache-t-il derrière ? »

 

 

De l’intériorisation à l’exposition : le post-confinement

 

A la veille du 11 mai, les interrogations refont surface parmi mes patients, pratiquement tous hypersensibles. La perspective de sortir de leur bulle les inquiète. Le confinement était imposé, les règles étaient strictes, il s’agissait de se replier, en attendant que le virus meurt. Le déconfinement est beaucoup moins cadré : nous allons devoir nous exposer davantage et le virus, semble-t-il, est toujours là !

Paradoxalement, après la phase de sidération, certaines personnes hypersensibles ont vécu le confinement comme rassurant, confortable. Ceux qui se sentaient décalés, marginaux parce que sans emploi ou en dépression, ont retrouvé une certaine légitimité. « Je suis comme toute le monde » ou « le monde vit ma réalité ». Sarha était plus sereine, loin du regard des autres, de leurs sentiments, de leur énergie. Elle semblait se  ressourcer plus facilement, moins épuisée par le « faux self ». Voir mon article

Puiser dans ses propres ressources

Et si les extravertis, au début, souffraient du manque de contacts extérieurs, de rencontres, se sentaient «enfermés », privés du toucher (prendre ses amis dans les bras), certains ont appris à puiser dans leurs propres ressources, à se recentrer. « Jamais j’aurais pensé être capable de rester seule chez moi pendant plusieurs semaines. J’ai  affronté ma blessure d’abandon et n’ai pas eu besoin de quémander l’amour de l’autre pour me divertir. Quelle leçon de résilience ! » confie Eléonore. Et Eric explique « j’ai enfin lâché prise par rapport à certaines contraintes, à mon idéal de perfection. Du coup, je me concentre sur l’essentiel, sans culpabilité ». Aline, hyperactive, craignait de s‘ennuyer. Finalement, elle a profité du « temps suspendu » pour réfléchir, organiser l’avenir, s’engager dans une association qui défend des causes qui lui tiennent à cœur. Jessica a osé se lancer dans l’écriture et Ludivine a découvert le yoga et la méditation. Se connecter à ses valeurs, ses talents, son corps, ses émotions ? La meilleure façon de vivre son hypersensibilité, de la sublimer, de renouer avec la confiance en soi.  

 Des réactions ambivalentes

Pour calmer les pensées incessantes, les ressentis intenses, certains, cependant, ont adopté des conduites addictives. Grégoire avoue « je me suis mis à boire tous les soirs, j’ai repris la cigarette, maintenant, il va falloir réagir ». La privation de libertés fondamentales (voir sa famille, inviter ses amis, partir en week-end) a quand même engendré des frustrations. Le déconfinement risque de favoriser les comportements régressifs, excessifs, pulsionnels, chez l’hypersensible qui ne connaît pas la demi-mesure : sur-consommation, besoin de faire la fête à outrance – une  façon de compenser le manque – ou, au contraire, repli total sur lui-même.

Syndrome de glissement, syndrome de l’imposteur

Pour certains célibataires, en plus, le confinement a été « thanatophore », il a réveillé des angoisses de mort, de séparation. Isolé, le solo peut se négliger, ne plus investir l’espace/temps, c’est le syndrome de glissement. Stéphanie s’est inscrite sur un site de rencontres. Elle a discuté avec des hommes, mais, de déception en déception, ne pouvant pas les rencontrer « en vrai », elle a perdu pied. « Je mangeais peu, dormais peu, n’avais pas l’énergie de prendre ma douche ou de me changer « .

Pour ceux qui n’avaient pas  la possibilité de télétravailler, le manque d’activité professionnelle a  pu générer beaucoup de tristesse. En outre, si l’oisiveté, chez certains, a boosté l’introspection ou la créativité – le vide créateur – elle a pu, chez d’autres, accélérer les ruminations et le syndrome de l’imposteur. « J’ai été payé à ne rien faire, je ne me sens pas légitime » déclare Alix.

La quête de sens

L’absence de projets, à l’heure du déconfinement, va peser très fort. Nous n’avons toujours pas de visibilité sur les conséquences sanitaires et économiques de la crise, nous ne savons pas si nous pourrons partir en vacances cet été, trouver un job ou en changer avant la rentrée. Et le risque du reconfinement n’est pas exclu ! Sans projets, pas de sens. L’hypersensible est en quête de sens !

Se reconfronter aux bruits, aux odeurs, aux émotions des autres

L’hypersensible est hyper-empathique. Se déconfiner, c’est se reconfronter aux bruits, aux odeurs, dans les transports, l’open-space, aux émotions des autres, si envahissantes, au besoin d’être sans cesse « à la hauteur ». Le port du masque, la fameuse « distanciation sociale » sont très anxiogènes. « Nous allons sourire avec les yeux » se rassure Audrey. Le « retour à la vie » va représenter, à nouveau, une rupture dans le quotidien.

La cocotte-minute explose

Nous risquons de repasser par les étapes du deuil évoquées lors du confinement. Nos repères, nos habitudes ont été malmenés, nous nous sommes sur-adaptés pour y faire face, avons refoulé nos émotions, vécu au jour le jour, et, là, à la veille de la sortie, la cocotte-minute explose. Nous sommes épuisés mentalement. « Je pleure beaucoup depuis quelques jours. Je craque. J’ai aimé ce confinement et en même temps, je me sens vulnérable, fragile aujourd’hui » exprime Thibaut.

Car s’ils ont donc, globalement, bien vécu le confinement, les hypersensibles, ne serait-ce qu’inconsciemment, ont ressenti l’angoisse ambiante. Souvent, pour supporter la réalité, surmonter une épreuve, nous nous mettons en pilote automatique, en clivage. Et c’est plus tard, comme une bombe à retardement, à la faveur d’un nouvel événement, que les cicatrices se rouvrent. C’est le stress post-traumatique.  

Les peurs

Comme tout le monde, les hypersensibles ont peur de contacter la maladie (nosophobie) et de l’effet « rebond ». Ceux qui n’étaient pas hypocondriaques peuvent le devenir. Après la peur de l’enfermement, lors du confinement, certains virent « agoraphobes », craignent de sortir de chez eux, d’utiliser l’ascenseur ou de  de croiser du monde. Il va falloir adopter de nouvelles façons de fonctionner dans les espaces publics, les magasins, les écoles, suivre des règles sanitaires strictes. Ces peurs peuvent se raisonner en s’exposant de façon très graduelle, en faisant chaque jour un petit pas. Le stress peut redescendre. Aussi, il est essentiel de  s’écouter, de choisir quand nous serons prêt à affronter la rue, les transports, et, une fois dehors, pour se rassurer, oser demander à ses amis, voisins, collègues de respecter les « gestes barrière ».

L’infantilisation 

Nous pouvons ressentir les injonctions, paradoxales d’ailleurs, des Autorités comme infantilisantes. Et ceux qui se sont confinés chez leurs parents ressentent, là encore, cette infantilisation (réfugiés dans le cocon familial, ils ont rejoué parfois leur enfance ou leur adolescence, et hop, là, ils doivent recouper le cordon !).

L’autre, support de notre angoisse

Lorsque nous nous vivons comme impuissants, abusés, nous pouvons devenir méfiants, agressifs, violents. Ainsi, il est aisé de trouver un bouc-émissaire à notre colère : le voisin qui n’a pas mis son masque, celui qui l’a mis et nous rappelle la présence de la « maladie », le Gouvernement, le patron qui me fait revenir au travail. Nous devons comprendre que l’autre est le support de notre propre angoisse et non le responsable.

Réinventer le futur

Même si nous n’avons pas de prise sur la réalité, même si nous ne nous sentons pas en sécurité, essayons peut-être de réfléchir aux changements que le confinement nous a permis d’apercevoir. Qu’avons-nous découvert de précieux ? Qu’est-ce qui nous a fondamentalement manqué ? De quelle vie avons-nous envie maintenant ? Comment allons-nous réinventer notre propre futur ?

Note: les prénoms utilisés sont fictifs. Je ne révèle jamais l’identité de mes patients 

Confinement : la crainte de l’effondrement

Depuis le 16 mars, nous sommes « confinés ». Au début, comme vous, peut-être, j’étais abasourdie. Je n’arrivais plus à penser. J’entendais les sirènes des ambulances et ne discernais pas le chant des oiseaux. J’osais à peine faire deux pas dans ma rue momifiée. Sans odeur. Carnavalesque : J’ai croisé des voisins masqués. Défigurés. J’ai changé de trottoir, comme eux. L’enfer, c’est les autres, soudain. Etranges mes mains parcheminées. Puis, j’ai repéré le printemps, anachronique, saugrenu, paradoxal, les premières fleurs sur mon balcon. J’ai  instauré de nouvelles habitudes. Apprendre à vivre au jour le jour, essayant de conjuguer Eros et Thanatos. M’adapter à ce temps suspendu. Me parfumer tous les matins. S’en sortir sans sortir.

Pour nous tous, bizarrement sous cloche, le quotidien se réinvente et vient questionner notre rapport au célibat, à la famille, au couple. La catastrophe fait vaciller nos certitudes. Si elle est, disent certains, nécessaire à un nouvel équilibre (le mot grec « krisis »signifie décision), elle  représente une véritable épreuve individuelle et collective. Nos valeurs d’autonomie, de liberté, nos fantasmes de toute puissance, l’illusion de l’immortalité sont égratignés. La société de consommation a du plomb dans l’aile.

Les émotions exacerbées

Parce que nous n’avons plus le contrôle sur nos vies, les émotions nous envahissent. Sartre disait « Jamais nous n’avons été aussi libre que sous l’occupation ». Une provocation existentialiste pour démontrer que plus nous sommes dans la contrainte, plus nous pouvons être acteur de notre présent. Effectivement, nous avons le choix entre passer notre journée sous la couette et accepter la réalité. « je suis dans l’impossibilité de changer les choses, autant profiter des petits plaisirs de la vie » exprime Nadia. Ecouter battre son cœur, contempler le ciel, papoter au téléphone, prendre soin de ses proches….adopter une attitude gestaltiste.

Le droit de ne pas éprouver de désir

D’autres, au contraire, se résignent et s’érigent en victimes. Lionel est dans la plainte « je ne veux pas être confiné » mais cette posture est sa posture habituelle, un schéma qu’il  reproduit sans cesse. Il en tire certainement un bénéfice secondaire. Son inconscient lui joue des tours. Et nous ne lui lançons pas la pierre ! L’injonction à la zénitude est très culpabilisante. Oui, nous avons le droit d’être en rage, de ne pas éprouver de désir, de ne pas avoir l’énergie de ranger nos placards, de se cultiver via des MOOC, de faire du yoga grâce à  youtube ou des apéros virtuels.

Les phases du deuil

Nous passons par toutes les phases du deuil, selon notre propre histoire et mettons en place des mécanismes de défense. Ne jugeons pas l’autre, à chacun son rythme.

En caricaturant : en phase de révélation/annonce, Frédéric abasourdi se replie instantanément sur son passé, revoit sa vie défiler et rejette sa nouvelle compagne. L’amalgame est intéressant : elle représente l’avenir devenu chaotique, elle incarne soudain le danger. En phase de déni, il met à distance la crise. « Ce n’est pas plus dangereux que la grippe », « Les medias amplifient ». En phase de résistance, il pousse son coup de gueule contre la mondialisation et la gestion du Gouvernement « Tous nos masques sont fabriqués en Chine », « Ce n’est pas juste », « On nous cache quelque chose ». En phase de décompensation/décompression, la déprime, la fatigue, l’envie de dormir,  de manger, la perte de sens, les troubles de la concentration  le submergent. En phase d’acceptation puis de décision, il crée des rites afin d’avoir l’impression de maîtriser la situation. Enfin, en phase d’intégration/intériorisation, la crise peut favoriser l’introspection.

Nos peurs

Nous ne savons pas jusqu’à quand le cauchemar va durer et qui va être « touché ». Face à ces incertitudes, il est normal d’avoir peur.Et si je n’ai pas de peur c’est qu’une partie de moi est encore dans le déni-. La maladie, le décès s’immiscent dans notre réalité. Dans notre civilisation, le silence, la lenteur, le « rien faire » connotent la mort, alors que le lien social, le mouvement, le bruit sont du côté de la vie.

Se punir

Des personnes perdent un parent à l’hôpital et ne peuvent assister à leur enterrement, lui offrir une cérémonie décente. Boris Cyrulnik explique « Il y aura des culpabilités, pas toujours conscientes, avec des comportements d’auto – punition : rater un examen, rater un rendez-vous important… On n’a pas le droit d’être heureux quand on a laissé nos parents mourir tout seuls, on s’abîme nous-mêmes, on se punit. »

Nos blessures enfouies

Exactement comme lors des attentats, le confinement peut réveiller d’autres peurs, d’autres tramas ou blessures enfouis. Il est important de se demander « De quoi j’ai vraiment peur ? » et de mettre des mots dessus. Il y aura beaucoup de stress post-traumatique à la « sortie ».

La première semaine, Clarisse née prématurément me disait se sentir « comme dans une couveuse ». Clara a revécu en boucle son hospitalisation pour asthme quand elle était enfant. Thibaut a retrouvé le même état de sidération que lorsque son médecin lui a annoncé qu’il avait la maladie de Parkinson. Thomas, enfin, a eu des troubles digestifs invalidants comme avant de rentrer à l’école maternelle. Notre corps se souvient ! Erica, enceinte de 8 mois, se demande «  Comment mettre au monde dans ce monde ? » Et Léa, infirmière, craint de contaminer ses propres enfants.

A ses peurs sanitaires s’ajoutent les peurs de l’enfermement. Les parcs, les écoles, les théâtres, les cinés, les plages, les bureaux sont fermés et l’humain confiné. Les phobies, les boulimies, les anorexies, les insomnies sont au paroxysme. Panique chez les claustrophobes « je ne supporte pas les petits espaces » et les hypocondriaques « je vais être touché ». Peur du manque de liens aussi qui peut avoir des effets néfastes sur la santé : baisse du système immunitaire, hypertension…

La tristesse

Peur de manquer d’argent, de perdre notre emploi, d’être inutile. L’absence d’activité lucrative peut générer beaucoup de tristesse En outre, l’oisiveté accélère les ruminations. Vivre cette période en télé travail, en contact avec ses collègues, avec des journées structurées et donc structurantes, aide à « passer » le temps, à continuer « comme si de rien n’était ». En clivage.

Je constate cependant que certains patients qui se sentaient décalés, marginaux parce que sans emploi ou en dépression, retrouve une certaine légitimité. « je suis comme toute le monde » ou « le monde vit ma réalité ».Sarah, hypersensible, se sent plus sereine, loin du regard des autres, de leurs sentiments, de leur énergie. Elle se ressource plus facilement, moins épuisée par le « faux self ».  

La colère

Un sentiment d’injustice (particulièrement chez les hypersensibles) peut engendrer la colère. Ce sale virus s’attaque aux plus faibles, aux plus vieux. Colère aussi car il exacerbe les inégalités sociales. Nous ne sommes pas égaux devant le confinement. Il est plus facile d’être dans une grande maison auprès de parents cultivés et stimulants que dans une chambre d’étudiants ou un HLM. Certains sortent travailler (en général, les moins payés, femmes de ménage, livreurs, infirmières…), alors que d’autres bossent chez eux, à l’abri du danger, et recevront leur confortable salaire à la fin du mois. Sans compter les drames domestiques qui, dans cette promiscuité subie, se multiplient, et la crainte des émeutes qui couvent en banlieue. Colère contre le double langage des discours officiels (le masque n’est pas nécessaire mais il est indispensable, il faut se confiner pour ne pas choper le virus mais se déconfiner pour le choper et être immunisé…),  l’impuissance de l’Etat (du père ?), les querelles de clochers entre scientifiques. Cela participe du doute et alimente les croyances. « A qui profite le crime ? » s’interrogent les plus « complotistes ». L’insécurité est à son comble.

L’espoir

« Et pour dire simplement ce qu’on apprendra au milieu des fléaux, qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser » écrivait Camus.  Pour combler l’injustice, pour créer du lien, les propositions de bénévolat voient le jour, une nouvelle solidarité (éphémère ?) semble se dessiner. L’espérance en un  monde meilleur ? « Après chaque catastrophe, il y a un changement de culture », promet Boris Cyrulnik,  la vie reprend, mais pas comme avant. Et on voit une hiérarchie des valeurs sociales complètement métamorphosée. Les politiciens vont nous dire : on peut repartir comme avant. Mais si on repart comme avant, on va remettre en place les mêmes conditions que celles qui ont mené à la catastrophe ». Irons-nous vers la décroissance, le respect de la planète, un nouvel humanisme ? Ou, au contraire, vers la régression sociale, le totalitarisme,  comme le laisse entendre certains discours ambiants ?

 Que ma joie demeure

Il y a une différence entre l’isolement, violence d’être séparé, coupé, et la solitude  qui permet parfois de cheminer en soi-même, de renouer avec l’authenticité, de discriminer ce qui est important ou pas pour nous, de « gérer » nos priorités, de nous interroger sur nos vraies valeurs.

Si  cette période pouvait nous permettre d’accueillir notre vulnérabilité qui n’est nullement de la faiblesse ! Saluons nos fragilités qui signifient que nous sommes humains. Acceptons notre part de tendresse et d’empathie, félicitons-nous pour notre faculté d’adaptation, notre résilience.

Si dans ce désarroi,  nous apprenions à goûter cette expérience méditative à la frontière entre le monde intérieur et le monde extérieur ? Peut-être est-ce l’occasion de se confronter au manque, au vide ?  De se rapprocher du Soi ?  De retrouver une posture d’humilité ? De mettre en exergue nos ressources et de nous confronter à notre Ombre ?  De renouer avec la joie, émotion qui peut surgir même dans l’adversité. Et qui n’a rien à voir avec le bonheur, concept souvent galvaudé par les gourous du Marketing et du développement personnel.

Note: les prénoms utilisés sont fictifs. Je ne révèle jamais l’identité de mes patients 

Dépasser la frustration ?

La frustration est souvent liée à une impression d’injustice, de manque de contrôle, d’impuissance et  engendre la rage, l’impatience, la révolte, la jalousie, la tristesse… C’est le sentiment que nous éprouvons quand l’un de nos désirs n’est pas satisfait. C’est donc bien un besoin non satisfait qui nous indique vers quoi l’on désire aller.

David explique « Je n’aime pas ma  vie. Je n’ai jamais ce que je veux et mes attentes sont souvent déçus ». Il  fait porter la responsabilité de son bonheur aux autres.  En s’apitoyant sur son sort, en ne s’interrogeant pas sur ses besoins, il s’empêche de voir clairement la  situation, fait naître le doute qui empêche d’avancer, se victimise « Pourquoi les choses vont toujours mal ? ». Delphine consulte parce que sa famille en a marre de ses coups de gueule  « Je suis fatiguée de .ressentir autant de colère ! »

Frustré par le choix

Le perfectionniste, par exemple, est toujours frustré parce qu’il n’atteint jamais complètement son idéal. Ainsi, la frustration peut déboucher dans ce cas sur une mauvaise estime de soi. « Je ne suis pas à la hauteur ». Chez les hypersensibles/zèbres/surdoués/perfectionnistes, en outre, la pensée en arborescence induit beaucoup de choix possibles. S’engager dans une direction, c’est renoncer à une autre et cela peut être également source de frustration. Parfois, une partie de la personne croit qu’elle ne sera aimée et aimable que quand elle obtient ce qu’elle veut : « je suis ce que j’obtiens », « Je suis ce que je pense », » je suis ce que je veux », « je suis ce que je possède ». Cela peut même conduire à des attitudes addictives. Sur le perfectionnisme. ‘ Il faut réaliser que l’ hypersensible/surdoué/zèbre est particulièrement intolérant à la frustration. Il  s’ennuie vite y compris dans les relations sociales et amoureuses. Impatient, il est vite frustré si on ne le suit pas, ne le comprend pas.

La frustration est un moteur

La frustration est nécessaire pour faire la part des choses entre le principe de plaisir et le principe de réalité. Le bébé naît avec l’illusion de toute puissance. Il imagine que le monde gravite autour de lui. Il  est nombriliste ! Normal : lorsqu’il évolue dans une famille aimante, dès qu’il exprime son mécontentement, sa mère, « suffisamment bonne » (ou un substitut maternel) semble disponible à tout moment. Vers 3/4 ans, il comprend qu’il ne peut pas obtenir tout, tout de suite. Toute sa vie, l’ex-enfant garderait la nostalgie du contrôle absolu. A chaque fois qu’il se confronte à ses limites, il retrouve la douleur de ne pas être tout puissant. Une douleur  nécessaire ! 

Une attitude bienveillante mais ferme

C’est en  acceptant la frustration que nous intégrons peu à peu le monde qui  nous entoure. Si l’enfant cherche des limites, c’est pour être sécurisé, structuré, se construire. L’angoisse vient souvent d’un manque de conscience des limites, donc de sa propre identité. Mais attention, jusqu’à 4 ans, l’enfant n’a pas les capacités cérébrales pour affronter la frustration en toute sécurité. Le lobe frontal qui permet de « gérer » la frustration n’est pas mature.  Il est vite submergé par une tempête d’émotions, autant de réactions hormonales, qu’il ne peut pas maitriser et que l’on a longtemps pris pour du caprice. Par une attitude bienveillante mais ferme, les parents peuvent accompagner l’enfant afin qu’il établisse les connexions neuronales lui permettant de faire face à cette fameuse frustration, préconise Isabelle Fillozat.

Reconnaitre les besoins

Ainsi, s’il ne s’agit pas de se précipiter pour assouvir systématiquement les désirs de l’enfant, en revanche, reconnaître ses besoins, être en interaction avec lui,  lui permettra de devenir un adulte responsable, épanoui. L’enfant a le droit d’éprouver de la colère, l’émotion naturelle de la frustration. Aux parents de l’inciter à mettre des mots sur son vécu. 

Il faut faire la différence entre écouter une émotion avec empathie et donner satisfaction sur tout. Une certaine dose de frustration est structurante. Mais un enfant qui se voit refuser ce qu’il demande et qui ne peut par exprimer sa colère pour se réparer de cette frustration développera un sentiment d’impuissance.

Les émotions ont besoin d’être libérées sinon elles oppressent. Mais elles doivent être exprimées de manière respectueuse. On pourra aussi dire à l’enfant, par exemple, qu’il a le droit d’être frustré mais qu’on ne le laissera pas nous manquer de respect.

L’adulte impulsif, compulsif, violent, rageur a souvent été un enfant non cadré, qui n’a pas appris à gérer la frustration et qui n’a pas été aidé dans la compréhension de ses besoins. Il croit toujours que la réalité doit s’adapter à ses rêves. Il est donc dans l’immédiateté, dans les objectifs à courts termes. Impatient, il ne peut pas envisager l’avenir avec sérénité.

La frustration est fortement liée au désir

Elle est une réaction à un désir inassouvi. Et d’ailleurs, un désir assouvi n’est plus un désir. En psychanalyse, il est nécessaire de laisser  subsister  le désir pour qu’il y ait levée du refoulement, prise de conscience, élaboration et possibilité de changement. Pour Freud, la frustration est utile, à l’origine des plaisirs et du  désir. « C’est au travers de la frustration et de l’attente que naît un Objet extérieur d’où vient la gratification. Sans cette frustration et cette attente, il n’y a pas de limites entre le Moi et le non-Moi. » 

De la frustration à l’action

La frustration permet de « pointer du doigt » nos désirs, nos ombres, les barrières que nous nous imposons et donc de mieux nous découvrir. Elle se « travaille » en thérapie et émerge souvent dans le transfert. Les patients projettent leurs doutes et leurs exigences, remettent en cause le cadre, l’efficacité d’un accompagnement…

Elle peut être à l’origine des plus grandes réussites. De la frustration naît parfois l’action. Etre frustré face à une injustice peut vous motiver à  vous engager dans une action humanitaire. Etre frustré de ne pas connaître un sujet lors d’un dîner peut vous encourager à vous documenter. Etre frustré d’être fauché en tant qu’étudiant va vous pousser à trouver un job lucratif…  

Comment diminuer la frustration ?

  • Identifiez la croyance liée à votre frustration : je dois être parfait(e) dans tous les domaines ; je n’ai pas droit à l’erreur ; la vie doit être juste ; les événements doivent se passer comme je le souhaite ; les autres doivent toujours faire et dire ce à quoi je m’attends…
  • Changez votre vocabulaire. Remplacez « c’est inacceptable », « c’est l’enfer », c’est difficile » par « cela fait partie de ma vie ». Acceptez donc ! 
  • Focalisez-vous sur le processus d’une action, sur l’attente, le rêve, la créativité et le plaisir qu’ils engendrent, plus que sur la réalisation « parfaite ».
  • Identifiez le niveau de gravité réelle de l’évènement afin de le relativiser : quelles sont les conséquences sur votre vie immédiate? Quelles conséquences dans 20 ans ?  
  • Pouvez-vous agir concrètement sur la situation ?  Si oui, agissez, si non, il n’y a plus qu’à choisir de lâcher prise.

Etes-vous perfectionniste ?

Créa-thérapieLe perfectionnisme, à mes yeux, est un mécanisme de défense, une façon de cacher sa part d’ombre. Etre perfectionniste entretient l’illusion qu’en agissant parfaitement, en restant dans la « persona », on occulte la souffrance du reproche, du jugement et la honte de l’échec. En effet, être perfectionniste, c’est rechercher absolument l’approbation de l’autre. Or, le perfectionnisme freine l’accomplissement. Il  est corrélé à la procrastination, l’anxiété, la dépendance affective, les actes manqués, la culpabilité. Il est autodestructeur tout simplement parce que la perfection n’existe pas. Le perfectionniste exige une vie sans hauts et bas, sans épreuves. Une image de vie, débarrassée d’émotions ? Cet idéal favorise la pression, le ressentiment, les troubles somatiques. Cette sur-exigence du moi vis-àvis de soi-même/soi m’aime, est une sorte de auto-harcèlement. 

D’ailleurs, ce sont souvent les perfectionnistes qui font un burn – out : motivés par une soif de reconnaissance, ils confondent recherche de l’excellence et perfectionnisme, s’épuisent à essayer d’atteindre des objectifs irréalisables, font passer les besoins des autres avant les leurs : ils disent « oui » à leur hiérarchie et « non » à eux-mêmes ! Ils se mettent une pression monstrueuse et vivent dans un inconfort permanent. Vouloir plaire à tous et absolument pour séduire ou réussir nous conforte dans le faux self, nous éloigne de notre personnalité.

Combattre la culpabilité

Culpabiliser, c’est ruminer une action ou une émotion passées, réelles ou imaginaires. Nous nous positionnons à la fois en bourreau «  ce que j’ai fait est mal » et en victime «  je ne mérite pas d’être aimé ». Le perfectionnisme nous incite à ressentir nos échecs comme des fautes morales, à croire que l’autre nous en veut.

Le perfectionniste contrôle et organise tout, ne laisse rien au hasard. Un exemple : Marie se repose deux minutes entre deux contraintes ménagères et, au lieu de savourer le moment présent, elle pense à tout ce qu’elle « doit » faire et angoisse. La détente est un interdit qu’elle est en train de transgresser. La culpabilité s’installe alors.

C’est votre cas ? Déjà, vous pouvez analyser cet interdit. Comment s’est-il installé ? Peut-être vos parents vous reprochaient-ils votre « paresse » quand vous étiez petit ? Peut-être ont-ils montré « l’exemple à suivre » en s’activant toute la journée ? Ensuite, vous pouvez remplacer ces interdits par des choix de vie. Que désirez-vous vraiment pour vous ? Une idée : faire la liste des comportements que vous critiquez chez les autres car souvent, nous critiquons les comportements que nous nous interdisons justement à nous-même !

Autre cas : Jean, hyper empathique et hyper-sensible, ressent de la culpabilité vis-à-vis de son meilleur ami parce qu’il ne porte pas tout le temps ses problèmes. Son sentiment de culpabilité provient d’un transfert de responsabilité. Là, l’idée est de discriminer ce qui lui appartient de ce qui ne lui appartient pas, faire la différence entre autonomie et égoïsme. Il s’apercevra peut-être qu’il  n’a pas à prendre en charge les besoins et les émotions d’autrui.

et la  procrastination …

Le perfectionniste procrastine. Alix, hyper-cogitatrice,  a deux propositions d’embauche, pèse le pour et le contre, n’arrive pas à se décider car choisir une voie, c’est toujours renoncer à une autre. Ses pensées moulinent comme un hamster dans sa cage. La solution : lâcher-prise, accepter de ne pas tout gérer. En déconnectant son mental, en se focalisant sur ses sensations dans son corps, elle accueillera ses émotions et ce sera plus apte à décider. Elle peut d’ailleurs aussi s’autoriser à se tromper. L’erreur est humaine et ne remet pas en questions ses compétences et ses valeurs !

Le perfectionniste/procrastinateur choisit rarement le chemin le plus facile. Clémence doit rendre sa thèse. Non seulement elle a pris un sujet « casse-gueule » mais elle fignole les détails, fait un pas en arrière, tergiverse et finalement, n’est pas complètement satisfaite du résultat. Pourquoi justement ne pas valoriser ce chemin ? Prendre du plaisir en chemin sans s’y perdre est la meilleure façon d’avancer dans la bonne direction !

Des pistes ?

  • Quand vous vous sentez stressé ou angoissé, demandez-vous de quoi vous avez vraiment besoin et  écoutez-vous
  • Acceptez l’idée que, si quelqu’un vous critique, il n’est pas en train de vous dire qu’il ne vous aime pas, il ne critique pas ce que vous ÊTES, mais bien ce que vous venez de FAIRE. Même si vous étiez parfait, il y aurait toujours quelqu’un pour vous critiquer, pour projeter sur vous sa propre ombre.
  • Acceptez l’erreur et utilisez-la pour rebondir
  • Lâchez-prise, ne vous focalisez pas sur des objectifs trop ambitieux mais sur le chemin pour y parvenir et prenez du plaisir à avancer.
  • Vivez l’instant présent au lieu de vous concentrer sur vos peurs projectives. L’avenir est incertain par définition.

 

 

Rédéfinir son projet de vie

téléchargementEn janvier, je vous ai parlé de l’Ikigai. Ce drôle de concept, inventé au XIVe siècle, nous vient tout droit de  la région d’Okinawa, au Japon. Il désigne la « raison d’être » de chaque vie. Chercher son Ikigai, c’est fouiller au plus profond de soi et regarder ce qui est réellement signifiant. L’ikigai – « Iki », la vie, et « Kai » « la réalisation de ce que l’on attend et espère » – conjugue idéalement nos passions, vocations et missions.

Aujourd’hui, je vous propose de définir ou redéfinir votre projet professionnel en trois étapes.

1)DEFINISSEZ VOS QUALITES,VOS TALENTS

Notez ce que vous aimez faire avec aisance, ce qui a du sens pour vous. Ce sont les qualités et compétences que votre entourage vous reconnaît  ou que vous vous attribuez vous-mêmes. Souvenez-vous pour cela des remarques positives de votre famille, vos amis, vos profs, vos collègues. Vous pouvez aussi les interroger en leur envoyant ce questionnaire :

  • Quelles sont mes principales qualités ?
  • Mes principaux défauts ?
  • As-tu souvenir d’une ou plusieurs situations où j’ai pu te marquer positivement ?
  • Peux-tu me raconter brièvement la/les situations et préciser pour chacune d’elles, en quelques mots, les talents et qualités qui s’y révélaient ?
  • Quels talents particuliers me prêtes-tu ?
  • Qu’est-ce qui me distingue des autres ?
  • Si j’étais un animal, lequel serais-je ? Pourquoi ?
  • Dans quels cas me recommanderais-tu à quelqu’un ?
  • Si tu devais choisir mon futur métier, lequel serait-ce ?
  • Si je participais à un projet d’équipe, dans quel rôle je réussirais le mieux ? Chef de projet, acteur, apporteur d’idées ? Autre ?

2) RETROUVEZ VOS REVES D’ENFANT

Ce sont souvent eux, nés d’un désir véritable, qui parlent le mieux de vous. Repensez et revivez ce qui vous passionnait, vous motivait quand vous étiez enfant et ado. Lire, écrire, dessiner, bricoler, rêver, apprendre, s’occuper des autres, faire du théâtre, de la musique, du sport ? Peut-être que votre famille jugeait cela utopique et vous en a détourné ?

Demandez-vous ce que ces rêves provoquent encore en vous (motivation, regrets, indifférence…). Pourriez-vous leur redonner une place dans votre vie ?

3)   ECOUTEZ VOTRE JALOUSIE

Vous le savez, ce que vous reprochez ou enviez à quelqu’un parle systématiquement de votre désir. L’autre est notre miroir et donc le meilleur outil de connaissance de soi.

  • Notez trois motifs de jalousie. C’est difficile, hein, de noter ses parts d’ombre ? Même si vous avez honte, ne vous censurez pas ! Pensez à des personnes qui, elles, possèdent ce « quelque chose » qui vous rend jaloux…
  • Ecrivez le désir qui se cache derrière chaque sentiment de jalousie
  • Inscrivez  les actes que vous pourriez poser pour vous rapprocher de ce désir.

A partir de ces trois exercices, vous avez déjà une « petite idée » de comment vous réorienter, n’est-ce pas ?

Voir aussi : https://cabinet-therapies.paris/2019-cerne-ikigai

Les bonnes résolutions: mes mantras

49732808_10157394139074893_3295322617157779456_nJ’arrête de fumer, je me mets au régime, je m’inscris à la gym, je mange bio, je m’engage dans une action humanitaire, je change de job…Les bonnes résolutions fonctionneraient un peu comme des mantras, des formules puissantes et sacrées.

Une année qui débute, c’est comme un anniversaire ou la rentrée des classes. Un marqueur dans notre existence.

Face aux difficultés du quotidien, aux turbulences sociétales,  nous avons  besoin d’être confortés dans l’idée que nous pourrons maîtriser l’avenir. Les bonnes résolutions relèveraient presque de la pensée magique, en tous cas de la visualisation positive ou de la loi d’attraction : si on y pense très fort, elles peuvent se réaliser.

Ce passage (pas sage) d’une année à l’autre serait une balise dans le temps, une manière peut-être de le contrôler, de le ralentir. O temps, suspends ton vol ! Prendre de bonnes résolutions aurait pour corollaire  le dépassement de soi et  correspondrait au fantasme de l’éternelle jeunesse.

C’est vrai, elles permettraient d’effacer les moments difficiles, de rompre avec le passé et de s’ouvrir au changement. C’est le sens de la fête qui y est associée.

Elles ont quelque chose à voir avec l’espoir d’un  monde meilleur, d’un être meilleur. Un peu comme l’enfant qui promet que, cette année, il va bien travailler à l’école pour être aimé de ses parents. Alors, régressives les bonnes résolutions ?

Elles représenteraient le rempart contre notre sentiment d’impuissance. Le risque : être vite rattrapé par le principe de réalité. Car beaucoup de  bonnes résolutions sont abandonnées et laissent  place aux éternelles frustrations. Le présent fait alors pâle figure au regard de notre idéal de perfection.

Quelques idées pour que les bonnes résolutions 2019 se concrétisent durablement :

Faites le point sur vos résolutions de l’année passée

Dressez la  liste de celles  que vous avez occultées et de celles  que vous avez remplies. Etaient-elles atteignables ? Pourquoi ne les avez-vous pas atteintes ? Comment auriez-vous pu faire ? Quelles sensations éprouvez-vous en pensant à celles qui ont été réalisées ?

Demandez-vous : qu’est-ce que je veux vraiment changer cette  année ?

Posez-vous pour réfléchir et trier vos idées. Plus elles se rapprochent de vos valeurs, de vos aspirations, plus elles sont justes. Sans véritable désir, pas de motivation.

Challengez-vous !

Listez vos ressources et identifiez les obstacles éventuels, établissez des priorités et  écrivez un  plan d’action stimulant. Halte à  la procrastination ! Faites de petits pas tous les jours pour que vos bonnes résolutions ne se transforment pas en vœux pieux ! N’allez pas chercher midi à 14 heures. Fixez-vous des objectifs SMART : Simples, Mesurables, Ambitieux, Réalisables et Temporels.

Visualisez le résultat

Fermez les yeux, imaginez que chaque bonne résolution se concrétise.   Prenez le temps de ressentir dans votre corps le bien-être que ce changement vous procure. Et n’hésitez pas à retrouver ce ressenti lorsque le découragement se pointe.

Soyez bienveillant avec vous-même !

Apprenez à vous remercier, à reconnaître vos efforts, vos succès. Peut-être les noter dans un carnet ? Osez affirmer vos bonnes résolutions, confiez-les à vos proches  ou partagez-les sur les réseaux sociaux : formaliser aide à s’engager. N’hésitez pas à vous nourrir de l’expérience de personnes inspirantes.

A lire :

Mes bonnes résolutions en action de Michelle Jean Baptiste  Fortuna)

 

 

 

 

 

En 2019, je cerne mon Ikigai !

MethodeIkigai.001Si vous êtes d’humeur japonisante, vous pouvez cerner votre Ikigai. Savez-vous que nous avons tous notre Ikigai ?   Ce drôle de concept, inventé au XIVe siècle, nous vient tout droit de  la région d’Okinawa, au Japon. Il désigne la « raison d’être » de chaque vie. Chercher son Ikigai, c’est fouiller au plus profond de soi et regarder ce qui est réellement signifiant. L’ikigai – « Iki », la vie, et « Kai » « la réalisation de ce que l’on attend et espère » – conjugue idéalement nos passions, vocations et missions.

Une étude a démontré que l’ikigaï est facteur de bonne santé et de longévité. D’ailleurs, la région d’Okinawa  compte en effet un grand nombre de centenaires !

Un des volets de l’ikigaï concerne la relation au travail, source de plaisir et de développement personnel. L’ikigaï serait la jonction et l’équilibre entre quatre composantes :

  •  ce que j’aime faire
  • ce dans quoi je suis doué
  • ce dont le monde a besoin
  • ce pour quoi je peux être payé

l’ikigaï est une question d’équilibre. Si une composante est privilégiée par rapport aux autres, alors il n’y a pas équilibre, et donc il n’y a pas ikigaï.

L’ikigaï est donc utile  pour celui qui recherche un meilleur équilibre vie professionnelle/vie personnelle, et davantage de sens dans son travail.

ikigai (1)

  • Qu’ est-ce que vous aimez? Quels aspects de votre vie vous font vraiment sentir vivant?
  • Quel est votre talent?  Qu’est-ce que vous réussissez naturellement, sans grand effort?
  • Quelle cause voulez-vous fendre ?   Quel changement et valeurs voudriez-vous apporter dans le monde ?
  • De quoi les autres ont besoin, envie ?

Prenez le temps d’écrire les mots clés, les   idées qui vous viennent spontanément  à l’esprit pour chaque cercle, puis regardez comment les cercles peuvent se relier les uns aux autres.

Votre Ikigai se situe en plein centre de votre vie, au croisement de tous vos centres d’intérêts…il n’est pas simple à trouver !

Dans les prochains jours, et régulièrement en 2019,  veillez à concrétiser votre Ikigai !

Comment transformer son hypersensibilité en atout ?

people-2591874_640Reconnaître son hypersensibilité, l’accepter et s’autoriser ensuite à l’exprimer est essentiel. En s’appuyant sur leurs ressources, en se connectant aux souffrances passées pour mieux s’en libérer, les personnes hypersensibles (et autres zèbres, atypiques )  apprennent à se valoriser, se re-narcissiser  et à renouer avec la confiance en eux. Et cela passe beaucoup par la créativité et le ressenti corporel, sous le regard véritablement bienveillant  et aimant du thérapeute.

Prendre de la distance

Les hypersensibles, soit, refoulent leurs émotions, soit, au contraire, les expriment à fond. Souvent, mes  patients me confient à quel  point ils sont touchés par les  autres : « quand je croise un SDF  dans la rue, j’ai les larmes aux yeux et je suis prête à donner ma chemise ». Ainsi, sans vraiment  de filtres, leur empathie rend inacceptable l’idée d’injustice.

Accepter son hypersensibilité

La société nous demande de « contrôler » notre hypersensibilité parce qu’elle renverrait sans doute à  un état sauvage, à notre surmoi, notre part d’ombre au sens de Jung,  un peu comme les hystériques au XIXème siècle. Bref, ce serait une faiblesse, à la rigueur réservée aux femmes et aux artistes. Le premier pas, à mon sens, est de l’accepter.

Dans son magnifique ouvrage « L’éloge de l’hypersensibilité », Evelyne Grossman cite Gilles Deleuze pour qui la tristesse n’est pas un sentiment mais une force qui nous tire vers les précipices. Et inversement, la joie augmente la puissance d’agir, la force d’exister. Nous ne sommes pas loin de Spinoza. L’hypersensibilité serait cette passerelle entre pouvoir et sentir, entre puissance et affect. Elle est alors la faculté de capter des forces, de s’en nourrir et d’accroître notre puissance d’agir.

Leur comportement inadapté 

A fleur de peau, les hypersensibles  ont un immense besoin de relations et  le regard des autres a beaucoup d’importance. Leur comportement  peut  sembler inadapté ou  insolite par leur entourage.  Ils craignent aussi souvent de gêner,  de  faire du mal et redoutent les conflits. Mais attention, ce ne sont pas non plus des agneaux ! Ils sont capables également de rendre la vie dure à leur entourage. Comme ils doutent, ils sur-réagissent, leurs émotions débordent, ils se mettent en colère ou, au contraire,  s’isolent quand ils se croient jugés. Et cogitent ! «  Pourquoi cette remarque ? » « Pourquoi  m’agresse-t-on ? » et  se culpabilisent de ne pas « être à la hauteur »…

Connaître son fonctionnement

Car l’hypersensible est susceptible. Il confond souvent son propre ressenti avec l’intention de celui qui l’a (parfois involontairement) blessé et va se sentir humilié ou agressé.  C’est pour cela qu’il doit bien connaître son fonctionnement et les déclencheurs de ses émotions exacerbées. Qu’est-ce qui se rejoue dans cette situation ? Nous la « décortiquons » ensemble pour désamorcer les réactions trop excessives ou hâtives.

Il est intéressant  de travailler sur la bonne distance : comment ne pas prendre de plein fouet les remarques de son conjoint, de ses amis ou de  ses collègues sans pour autant s’exclure ? Comment être en lien tout en trouvant un temps nécessaire pour soi ? Comment s’exprimer, ressentir, sans trop souffrir ?   Comment ne pas faire l’amalgame entre empathie et don de soi ?

Diriger son hypersensibilité vers une activité qui a du sens

Je leur apprends à diriger leur hypersensibilité non pas contre eux –« les autres ne me comprennent pas » – mais vers une activité ou un métier en adéquation avec leurs valeurs et leur besoin de sens, d’authenticité, de créativité. A oser. Je les incite à développer leur imagination, leurs talents, leurs ressources. Ils repèrent leurs qualités, les signes de reconnaissance positifs de leur entourage, leurs réussites. Comment s’appuyer dessus pour traverser  les vicissitudes du présent ? Comment faire de son empathie et son intuition de formidables atouts ? Pour autant, et c’est la particularité de la psychologie intégrative, nous n’occultons pas les souffrances du passé, les traumatismes enkystés dans le corps : soutenu par le regard bienveillant et aimant de son thérapeute, le patient les accueille et les revit en se reconnectant à ses sensations pour mieux s’en libérer.

Lorsqu’ils se révèlent, trouvent leur juste place, les hypersensibles  deviennent des personnes inspirantes, dynamisantes, des leaders charismatiques. Ils montrent le chemin d’un   monde plus juste, fait de co-création et de partage,  s’engagent dans la défense des minorités ou pour sauver la planète. Et si leur hypersensibilité était une hyper conscience, une hyper clairvoyance, une qualité précieuse, signe d’une grande humanité ?

 

Pour en savoir plus : 

https://cabinet-therapies.paris/specialites/hypersensible-atypique-zebre-surdoue/

https://cabinet-therapies.paris/zebres/

https://therapeutes-parisiens.fr/accompagner-hyper-sensibles-autres-zebres/

https://www.om-therapeutes.com/blog/les-hyper-sensibles-cogitateurs-au-boulot/59